The trailer for Brandon Cronenberg’s new movie, like all trailers, reveals (too much) much about the plot ofInfinity Pool. But don’t count on the Toronto filmmaker to explain the meaning of this bloody, mysterious and quite twisted sci-fi thriller, thank you.
If it were up to the 43-year-old filmmaker, cinephiles would ideally go to the cinema devoid of any image and any information. Even if he is aware that to attract them to theaters, especially these days, you have to reveal yourself a little.
“I’m not saying it’s not important to know the artist’s point of view,” he told me in an interview. Zoom this week. But as a viewer, the intention of the artist can influence us,” he says.
Watching a movie is a subjective experience. I don’t want to prevent the public from coming to their own conclusions, disagreeing and discussing it. It is something that is at the heart of the art.
Brandon Cronenberg
Infinity Pool (Overflowin French version), which premiered at the Sundance Film Festival last weekend before hitting theaters this Friday, features a well-heeled couple who are bored on vacation in the luxurious seaside resort of a fictional dictatorship Eastern Europe, where there is extreme poverty, a revolutionary cloning process and a few infinity pools.
James (Alexander Skarsgard), a novelist lacking in inspiration, broods at the beach at the expense of his wife Em (Cleopatra Coleman), the daughter of his wealthy publisher. The enigmatic seductress Gabi (Mia Goth), an admirer of James, and her husband Alban (Jalil Lespert) will spice up this lackluster holiday. There’s nothing like sycophancy – and more if anything – to inflate a bruised ego. James will soon be plunged into a whirlwind of violence, horrors, sex and hallucinogens.
Accusé de délit de fuite ayant causé la mort d’un père de famille lors d’une escapade interdite à l’extérieur des murs barbelés d’un complexe hôtelier, James aura à faire un choix tout sauf cornélien : être exécuté par le fils aîné de sa victime ou, moyennant une généreuse somme forfaitaire, assister en direct à la mise à mort de son double…
« Réalisme magique »
Lorsqu’il a commencé à écrire, en 2014, la nouvelle qui est par la suite devenue une bande dessinée puis un scénario de film, la première idée qui a jailli dans l’esprit de Brandon Cronenberg est cette scène de mise à mort étrange.
Cette idée que quelqu’un pourrait faire exécuter son double à sa place. Un double qui a exactement les mêmes souvenirs que soi et qui s’interroge sur son identité. Je m’intéressais à la psychologie du châtiment.
Brandon Cronenberg, cinéaste
Ça vous semble sordide ? Ce l’est probablement au-delà de ce que vous pouvez imaginer, avec un soupçon de body horror à la Cronenberg père, des masques de similichair évoquant les toiles de Francis Bacon, du gore aussi frappant que celui d’Irréversible de Gaspar Noé, des flots d’hémoglobine et du sexe tantôt halluciné, tantôt graphique (avec notamment, dans sa version non censurée, une éjaculation plein écran qui m’a rappelé L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie). Le tout dans un enrobage visuel cauchemardesque à la David Lynch, où l’on ne distingue pas toujours le réel du rêvé.
« C’est presque comme un film de réalisme magique, d’une certaine manière, même si c’est de la science-fiction, explique le cinéaste. Cela n’a pas nécessairement de sens dans le monde réel. Le cadre semi-réaliste, avec ce twist absurde, permet de développer une idée de manière plus métaphorique. »
On pense aussi bien sûr à Dead Ringers, pour le double et son effet miroir, à la série White Lotus, pour les privilèges de la richesse dans un paysage idyllique (les scènes de bord de mer ont été tournées en Croatie), ainsi qu’à la célèbre chanson des Eagles Hotel California, pour les règles non écrites de cet hôtel très particulier. You can check-out anytime you like, but you can never leave…
Il y a de nombreuses années, Brandon Cronenberg s’est retrouvé dans un hôtel tout inclus qui lui a inspiré le contexte de son troisième long métrage. Le cadre surréaliste idéal pour camper des personnages sans foi ni loi, qui agissent comme s’il n’y avait pas de conséquences à leurs actes.
« On est arrivés en bus au milieu de la nuit et on nous a déposés dans une station balnéaire entourée de barbelés. Comme dans le film, on ne pouvait pas sortir. On était en quelque sorte coincés là, dans une sorte de fausse ville Disneyifiée. À la fin, on nous a ramenés à l’aéroport en après-midi et c’est seulement à ce moment-là qu’on a vu l’incroyable pauvreté autour du complexe hôtelier. Le contraste était frappant. On a réalisé qu’on n’était jamais vraiment entrés dans le pays. On était dans un pays touristique séparé, dans une autre dimension. »
Un peu de censure
Infinity Pool, qui sera aussi projeté à la Berlinale à la mi-février, prend l’affiche en Amérique du Nord dans une version censurée d’une dizaine de secondes de scènes de sexualité plus explicites, me dit-on chez son distributeur. Ce qui ne semble pas déranger Brandon Cronenberg outre mesure.
Je commence généralement par faire le film que je veux faire. Ensuite, si je dois en modifier certains aspects pour une deuxième version, je le fais. C’est une sorte de réalité pragmatique du cinéma.
Brandon Cronenberg, cinéaste
« C’est la nature de cette forme d’art. La version non censurée existe. Les deux versions ne sont pas très différentes. Je serais vraiment content que les gens aillent le voir au cinéma. C’est ce qui m’importe », ajoute-t-il.
J’ai vu Antiviral de Brandon Cronenberg, au Festival de Cannes, en 2012. J’y ai assisté à une conférence de presse de Cronenberg fils et père. Si le premier long métrage de Brandon semblait emprunter au cinéma de David, on a l’impression qu’Infinity Pool transcende les plus récents films du paternel à bien des égards. Un peu plus de dix ans plus tard, je n’ai pu m’empêcher de lui poser une question sur son célèbre père.
« C’est une question méta, parce qu’il est question de votre père, mais en avez-vous assez des comparaisons avec lui ?
– Non, ça va. On m’en a le plus parlé pour Antiviral, mais il y a toujours des questions sur lui. Je savais aussi que ce serait le cas quand je me suis lancé dans le cinéma. C’était inévitable.
– Sauf si vous aviez fait des comédies romantiques…
– On m’aurait demandé pourquoi je fais le contraire [de mon père] ! I know I can’t escape it, but I planned it. »
In theaters this Friday