This is not a film about the housing crisis. Well yes, but not only. Evictionwhich hits theaters this Friday, mainly tells the story of the loss of a mythical place for a very specific community: the queer community.
“Parthenais”, as his half-dozen happy tenants affectionately called him – and all their friends, allies, visitors and other guests – was a real “anchor point” in Centre-Sud, a landmark or a pole, if you want, for more than 10 years. Until the building was bought and its tenants evicted. And Mathilde Capone (The factory of consent: lesbo-queer perspectives), to whom we owe the realization, knows something about it, since he* gravitated here for a time. And attended his last party (which we obviously see in the film).
Lauréat du prix du public aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal ainsi que du Prix Pierre-et-Yolande-Perrault aux RVQC, Éviction se regarde comme un polaroïd d’une époque révolue, sur fond de crise du logement. Pensez : vaste appartement à moulures typiquement montréalais, plus ou moins en ruine, habité par un collectif de jeunes. Lieu de fête (on dit qu’il y avait parfois jusqu’à 200 personnes certaines nuits ici, les voisins devaient adorer !), mais aussi lieu de vie, on voit sa poignée de locataires tantôt rire, tantôt jaser, ou planifier un repas (collectif, il va sans dire), dans une série de petits et grands moments d’un quotidien pas tout à fait ordinaire.
Le tout est entrecoupé de réflexions sur l’embourgeoisement, et la difficulté de trouver un lieu suffisamment grand pour reloger tout ce beau monde, mais aussi sur le sens dudit lieu, si unique et symbolique à la fois. À preuve : un des protagonistes raconte avoir connu une « renaissance » ici (rebirth), un autre confie avoir « découvert mille choses », notamment une sorte de « famille nombreuse » de « queer elders ».
« C’est l’histoire de la perte d’un espace. Or, dans le spectre de la gauche radicale, les lieux pour se rencontrer sont centraux, et particulièrement pour les communautés queer et LGBTQ+ », explique mathilde capone en entrevue. Pourquoi si fondamentaux ?
Parce que quand on est queer, il arrive qu’on soit en rupture avec sa famille de sang, pas toujours, mais cela arrive.
mathilde capone, cinéaste
« Alors ces espaces-là sont des lieux d’accueil en dehors du capitalisme et des espaces marchands, et en dehors des espaces communautaires, qui sont aussi essentiels. Cela devient des espaces de transmission de sous-culture entre les générations. » Concrètement : un lieu où l’on apprend les codes de sa communauté, comment on date, où on sort, etc. Un lieu de partage et de solidarité, quoi. « Et pour les communautés queers, c’est super important. »
Un repère
À cet effet, mathilde capone se souvient d’un « lieu où tu pouvais débarquer et où il y avait toujours quelqu’un, un voisin pas loin, un ami qui venait souper. Pour moi, c’était un point de repère, et c’est tellement rassurant ! »
Chacha Enriquez, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal (qui vient de publier Sexualités et dissidences queers aux éditions du Remue-Ménage), a été locataire des lieux, pendant six ans. Dans le film, iel* se présente à la blague comme le « cheval de Troie » de l’espace, où logeait à la base un groupe d’« anars ». « On en a fait un espace vraiment le fun. »
« Tu sais que ça existe, ça te dépasse, c’est historique », dira un autre locataire de passage. « Perdre le lieu, c’est perdre toute cette histoire, en fait. »
Quand mathilde capone a eu vent de l’éviction annoncée, iel a voulu immédiatement en faire un documentaire.
Il faut laisser une trace, pour que la prochaine génération voie notre époque : qu’est-ce que c’était qu’être queer entre 2010 et 2020 !
mathilde capone
Car c’est sans doute la fin d’une époque, sait mathilde capone. Avec la crise du logement et la disparition de ces grands espaces abordables, « il y a quelque chose de l’âme de Montréal qui se perd. Montréal avait quelque chose de spécifique dans le contexte nord-américain où il était possible de vivre en communauté et s’organiser, où d’autres manières d’être au monde étaient possibles, grâce, entre autres, à la question de l’habitation ».
À noter que les locataires en question ne se sont pas retrouvés à la rue, mais se sont néanmoins dispersés, et relogés ici ou là. Mais « l’esprit » de « Parthenais », lui, en tant que « point de repère d’une communauté », n’est plus. « On ne déménage pas l’esprit de Parthenais avec les meubles de Parthenais. […] It’s a huge loss. »
*He is the pronoun that Mathilde Capone identifies with and used by Chacha Enriquez
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