The Galerie de l’UQAM presents Beings / Places, a selection of works by Enrique Ramirez, a Chilean artist established in France since 2012 and who is interested in the issue of migrants, uprooting and human rights. With a concern for memory that he combines with his passion for the sea …
Given the importance of the Chilean community in Montreal and the friendly relations between Chile and Canada which were strengthened during the dictatorship of Augusto Pinochet, between 1973 and 1990, the UQAM gallery found it appropriate to present the work of Enrique Ramirez, which describes this dark period in his native country.
A residency at the Fresnoy art center, in the north of France, in 2007, after studying cinema in Chile, propelled the artist’s career. Since then, he has participated in the Venice Biennale in 2017, and continues to take the steps of notoriety. Represented by the Michel Rein gallery, in Paris, and the Dieecke gallery, in Santiago, he is appreciated by great collectors such as François Pinault. The French billionaire thus enabled him to obtain a Pinault Collection residency for a year.
“His work has been well observed and he was a finalist last year for the Marcel-Duchamp Prize, awarded in Paris,” says Louise Déry, director of the Galerie de l’UQAM.
Enrique Ramirez was part, in 2018, of the exhibition Uprisings, on popular protests, presented to UQAM and the Cinémathèque québécoise, by French curator Georges Didi-Huberman. The artist exhibited there Cruzar un muro, a video on migrants leaving their country for a better existence. A theme that has always interested the 42-year-old artist who has also migrated to Europe.
In collaboration with the National School of Photography in Arles, Louise Déry has selected works devoted to the movements of peoples that we know today on the planet. With works that speak of mourning, but also of the former Chilean dictatorship. Very often with the sea as a common thread.
Enrique Ramirez lived through the Pinochet dictatorship and it marked him. He considers that the violence of the military junta was stronger in Argentina than in Chile, and that the effort of reconciliation, justice and reflection was more important in Argentina. “In Chile, a lot of people thought we had to move on but the wound has not closed,” he said in an interview. We are just starting to change our attitude. Thanks to young people and students. ”
Los Durmientes
Knowing how to appeal to poetry to evoke the horror of dictatorship. Enrique Ramirez is of this water. Because to speak of the dozens of people thrown into the sea by the aviation of the Pinochet regime is not easy. In Los Durmientes, played by the Chilean playwright Alejandro Sieveking (who died last year) and the actor Jorge Becker, the artist has in fact chosen the poetry and the celebration of the Pacific Ocean and its resources which have “prolonged”, in sort of, the life of those condemned to death.
« Toutes ces âmes disparues sont devenues des poissons, m’a dit un jour un pêcheur, raconte l’artiste. On mange ces poissons, donc on mange l’âme des êtres sacrifiés. C’est à la fois beau et violent. Quand j’étais jeune et que j’ai appris ces horreurs, j’ai eu l’impression que la mer, que je trouvais merveilleuse, m’avait trompé. C’est autour de cette contradiction que j’ai commencé à travailler. La mer est donc souvent dans mes œuvres. »
Les voiles aussi sont très présentes dans le travail de Ramirez. Notamment parce que son père en fabrique. La Montaña est une œuvre formée d’une voile qui évoque l’expédition symbolique faite cette année – une traversée de l’Atlantique vers l’Espagne – par des Mexicains, notamment autochtones, pour marquer le 500e anniversaire de la traversée inverse qui avait mené à la conquête du Mexique. La capitale aztèque Tenochtitlan était tombée aux mains des conquistadors en 1521.
La mer est aussi, indirectement, dans ses photos prises en 2008 à Calais, où des centaines de migrants s’amassent depuis des années dans l’espoir d’aller vivre au Royaume-Uni. Dans ces photos, aucun migrant, aucun corps. Juste des abris de fortune. Déracinés, les réfugiés sont invisibles. Pourtant, ils sont toujours présents à Calais, 13 ans plus tard. « Rien n’a changé », dit l’artiste. Mercredi dernier, une trentaine de migrants sont morts noyés dans la Manche, au large de Calais, en tentant de rejoindre les côtes britanniques dans une embarcation surchargée.
Jardins migratoires
Dans Jardins migratoires, une vidéo créée avec des étudiants de l’école d’Arles, quatre personnages interagissent avec un arbre, notamment dans l’eau. Une autre évocation du déracinement et de la volonté de survie. Un film très poétique, mais pas autant qu’INcoming, l’œuvre phare de cette expo. Une vidéo qui découle du geste controversé d’une ministre norvégienne qui s’était jetée à l’eau, en Syrie, avec un gros gilet de sauvetage, pour essayer de mimer l’expérience vécue par les migrants en Méditerranée.
Enrique Ramirez avait trouvé ça ridicule. Il a alors fait appel à un immigrant syrien et l’a fait sauter dans la mer. La chute au ralenti est impressionnante. Avec les effets de l’eau qui le recouvre, petit à petit, l’enrobe, l’enserre puis l’engloutit, avant de le voir resurgir, comme apaisé, embaumé, tout ça en 17 minutes, donc dans une extrême lenteur qui s’achève, à la fin, avec la musique suave d’un oud.
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INcoming ne peut pas nous empêcher de penser, là encore, aux opposants politiques jetés en mer dans les années 1970. L’œuvre suscite ainsi des émotions fortes sur la disparition et le deuil.
“But there is always hope in her work,” says Louise Déry. As in the work Sailors where characters float, but their veil suggests that they are getting out of it. Enrique Ramirez adds, however, that with the thousands of African and Middle Eastern migrants trying to enter Europe, “the Mediterranean has become the biggest cemetery in the world.”