Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi à Montréal pour dénoncer le projet de loi 96 du gouvernement Legault. Ses opposants en ont contre des dispositions qu’ils jugent discriminatoires et susceptibles de limiter l’accès aux services en plus de nuire économiquement au Québec.
Publié à 13h36
« Je suis quelqu’un qui adore le Québec, qui embrasse la francophonie », affirme Judith Robinson, une avocate rencontrée sur place. « Mais ce projet de loi est inacceptable. »
Le projet de loi 96 sur « la langue officielle et commune du Québec, le français », présenté il y a un an par le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barette, vise à « affirmer que la seule langue officielle du Québec est le français ». Il propose pour ce faire des modifications législatives dans une multitude de domaines incluant l’éducation, le monde des affaires, et la prestation de services publics.
La manifestation de samedi était organisée par le Quebec Community Groups Network (QCGN) et le Quebec English School Board Association (QESBA), et d’autres groupes de défense de la minorité anglophone de la province. Les participants se sont donné rendez-vous devant le collège Dawson vers 10 h avant de marcher jusqu’au bureau montréalais du premier ministre François Legault.
La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, était également présente pour dénoncer ce qu’elle juge comme une tentative de division de la part du premier ministre Legault. « Mais la réalité, c’est qu’un premier ministre doit être le premier ministre de tous les Québécois », argue-t-elle.
Si elle salue certaines dispositions du projet de loi, comme celles portant sur l’offre de cours de francisation, elle s’oppose à l’interdiction d’offrir des services publics autrement qu’en français – sauf exception – et aux limites d’effectifs imposées aux cégeps anglophones.
« La capacité d’entrer dans les bureaux et de prendre l’ordinateur d’une personne, de l’inspecter sans aucun mandat de perquisition nous préoccupe », dit Terry Wagner, rencontrée sur place, un sentiment partagé par de nombreux manifestants.
Le projet de loi indique notamment que des fonctionnaires pourront pénétrer dans les bureaux et « faire utiliser par toute personne présente qui y a accès tout ordinateur, tout matériel ou tout autre équipement se trouvant sur les lieux pour accéder à des données contenues dans un appareil électronique, un système informatique ou un autre support ou pour vérifier, examiner, traiter, copier ou imprimer » des données. Le ministre Jolin-Barette a déjà soutenu que cette portion du projet de loi avait été « montée en épingle » par ses détracteurs et indiqué qu’il n’était pas question que des agents de l’Office québécois de la langue française (OQLF) débarquent sans mandat pour fouiller tous les ordinateurs d’une société.
« Je suis ici pour défendre les jeunes de Kahnawake et leur position reconnaissant que le projet de loi 96 est un autre obstacle à leur réussite et à leur éducation qui leur est imposé », soutient Taiaiake Alfred, rencontré sur place. « C’est assez ironique en cette soi-disant ère de réconciliation, que partout ailleurs au Canada on essaie de trouver des moyens pour que les autochtones réussissent, et ici ils mettent un autre obstacle sur leur chemin. »
Le projet de loi 96 obligera les élèves des cégeps anglophones à suivre trois cours enseignés en français pendant leurs études collégiales. Ceux qui n’ont pas la capacité de le faire pourront plutôt suivre trois cours de français. Cela s’ajoute aux cours de français langue seconde déjà prévus dans les programmes des collèges anglophones.
« Ma principale préoccupation, oui ce sont les cours au cégep », dit M. Alfred. « Nous sommes ici sur nos propres terres, que nous choisissions de parler le kanyen’kéha [la langue Mohawk], or English or French-and our people can speak all three-we should be able to speak whatever language we want in our own territory. »
Winoa Polson-Lahache, also from Kahnawake, agrees. “I’m concerned about all the impacts of the bill actually, not just education. This will have enormous impacts on justice, on health, on society, ”she lists. “Anyone who wants to work as a professional as a doctor, a lawyer, it’s going to limit their ability to do so. It will limit the ability of our young people to dream. »
The Assembly of First Nations of Quebec and Labrador (AFNQL) has already called for exemptions from the bill, fearing “devastating” effects and “the exodus” of their students. Quebec rejected these requests.
Many other voices have already been raised to oppose the bill in its current form or to call for exceptions, particularly in the business world and SMEs, or for the provision of essential public services and health care.
The debate on its adoption was initiated and then adjourned on Thursday.