Champagne: The Center of the Customs Dispute with Trump and Its Strict Regulations

Tensions are escalating between Washington and Brussels as Donald Trump threatens to impose hefty tariffs on French wines and champagnes in retaliation for EU tariffs on American whiskey. The Champagne committee expresses concern over these trade disputes, emphasizing that wines should not be pawns in commercial conflicts. Meanwhile, American producers continue to sell sparkling wines labeled as “champagne,” leading to ongoing challenges for the protection of the Champagne appellation, particularly in the U.S. and Russia.

Escalade des tensions commerciales entre Washington et Bruxelles

Les tensions commerciales entre Washington et Bruxelles prennent de l’ampleur : le 13 mars, Donald Trump a menacé la France et l’Union européenne (UE) d’imposer des droits de douane de 200 % sur divers alcools, y compris les vins et champagnes français. Cette manœuvre vise à faire plier les Européens, qui avaient déjà annoncé des droits de douane de 50 % sur le whisky importé, en réponse à d’autres surtaxes américaines. “Ce sera une excellente chose pour les entreprises du secteur du vin et du champagne aux États-Unis,” a déclaré le président américain sur son réseau social Truth.

Ces déclarations inquiètent particulièrement le comité Champagne, chargé de superviser cette appellation française, qui a exprimé sa “préoccupation” face aux menaces réciproques de sanctions des deux côtés de l’Atlantique. “Les vins et spiritueux ne devraient pas être les otages d’une escalade commerciale,” a insisté l’organisation, appelant les deux parties à trouver une solution négociée. La situation est d’autant plus tendue que des producteurs américains commercialisent des bouteilles étiquetées “champagne,” ce qui contrarie ce même organisme de régulation.

Protection de l’appellation Champagne et enjeux internationaux

Créé en 1941, ce comité interprofessionnel pour le vin de Champagne veille depuis longtemps à la protection de cette appellation convoitée. Il s’assure que l’appellation d’origine contrôlée (AOC) “champagne,” reconnue en 1936, est respectée : elle garantit une production dans une zone géographique définie, dans la région éponyme en France, et un savoir-faire traditionnel. L’objectif est d’empêcher tout producteur de vin pétillant de présenter son produit sous cette appellation sans en avoir le droit, comme l’explique le site de l’organisation.

Avec le temps, la législation a évolué dans de nombreux pays. Au Japon, par exemple, un million de bouteilles de vin pétillant local ont été produites sous le label “champagne” avant qu’un accord ne soit conclu en 1972, selon le site de l’Union des maisons de Champagne. En Espagne, les tribunaux avaient permis l’utilisation du nom “champagne espagnol” dans la publicité, une tolérance qui a été supprimée en 1983.

En général, le contrôle du comité Champagne s’est intensifié depuis le milieu des années 1980. “Désormais, toute utilisation du nom Champagne qui exploite la réputation de ce vin est interdite, même en dehors du secteur viticole,” précise le site de l’organisation, qui compte environ dix bureaux à travers le monde. Actuellement, cette appellation est reconnue et protégée dans plus de 130 pays. Cependant, deux exceptions notables subsistent.

“Aujourd’hui, il existe deux pays dans le monde qui ne respectent pas l’AOC, la Russie et les États-Unis,” a expliqué l’an dernier au Figaro le directeur du comité, Charles Goemaere. Le dossier américain représente en particulier une bataille de longue date pour l’organisation. “En Europe, seuls les vins produits dans la région de Champagne peuvent être appelés et étiquetés ‘champagne.’ (…) Mais les Américains continuent d’appeler leur vin pétillant ‘champagne,'” a déploré un représentant de l’organisation dans un rapport de 1987 archivé par l’INA.

Pour tenter de résoudre ce problème, un accord commercial a été signé entre Washington et l’UE en 2006. Cependant, certains producteurs américains continuent d’utiliser le terme “champagne” sur leurs étiquettes grâce à une manœuvre. S’ils “précisent l’origine de leur vin pétillant et peuvent prouver qu’ils l’ont commercialisé sous le nom de ‘champagne’ avant la signature du traité bilatéral,” “ils peuvent continuer à vendre leurs vins pétillants sous le nom de ‘champagne américain’ ou ‘champagne californien’,” a expliqué Charles Goemaere au Figaro.

Cela pourrait induire les consommateurs en erreur, selon lui : “Si vous allez dans un bar aux États-Unis et que vous commandez un verre de champagne, il est très probable que l’on vous serve un vin pétillant américain,” a-t-il déploré. Et ce, malgré le fait que les États-Unis représentent le plus grand marché d’exportation pour la France, avec 26,92 millions de bouteilles vendues en 2023, selon l’Union des maisons de Champagne. Dans un article publié en 2018, le magazine Forbes a recensé près de 80 millions de bouteilles de vin pétillant américain produites et étiquetées avec le mot “champagne” chaque année à travers l’Atlantique.

Quant à la Russie, qui était le quinzième marché d’exportation pour le champagne avec 1,8 million de bouteilles vendues en 2019, une violation de la protection AOC a récemment indigné les producteurs du secteur. Les autorités ont adopté une loi en 2021 exigeant que les distributeurs de marques de champagne incluent la mention “vin pétillant” sur l’étiquette arrière de la bouteille. La traduction de champagne en russe, à savoir “champanskoïe” selon la translittération française, est réservée… aux producteurs russes de vins pétillants.

Furieux, les producteurs français ont saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour résoudre le litige, mais entre-temps, Moscou a lancé une invasion de l’Ukraine en février 2022. Le dossier du “champagne” devrait être rouvert après la guerre, selon le Figaro.

Latest