Local officials express significant frustration as the Congress of Mayors approaches, highlighted by protests and calls for resignation. Surveys reveal a growing dissatisfaction with mayors’ compensation, with nearly half finding their remuneration inadequate. Proposed measures aim to align mayoral pay with higher public sector salaries. Despite recent increases in compensation, many argue it’s insufficient amid rising inflation and a decline in civic engagement. Public perception remains mixed, as many citizens view pay raises for mayors as potential privileges.
La colère des élus locaux avant le Congrès des Maires
La vente d’une préfecture sur Leboncoin en Haute-Marne, des banderoles accrochées à la mairie de Bordeaux, un appel à la ‘démission générale’ à Verdun (Meuse)… L’indignation des maires est palpable alors que le Congrès des Maires se profile, prévu à Paris mardi, mercredi et jeudi. Des enquêtes menées auprès des maires en 2019, 2020, 2022 et 2023 par l’Observatoire de la Démocratie de Proximité, établi par CEVIPOF, le centre de recherche politique de Sciences Po, aident à mieux saisir les raisons de ce mécontentement et les défis auxquels ils font face.
Un mécontentement croissant concernant les indemnités
D’après ces sondages, réalisés en collaboration avec l’Association des Maires de France (AMF), le pourcentage de maires insatisfaits de leur rémunération n’a cessé d’augmenter depuis 2020. Près d’un maire sur deux (48%) juge le montant de cette indemnité insuffisant, contre 25% en 2020. À l’inverse, 33% des maires estiment que cette rémunération est satisfaisante, en baisse par rapport à 56% en 2020.
La demande d’amélioration des conditions financières pour le rôle de maire n’est pas nouvelle. En novembre 2023, l’AMF a proposé plusieurs mesures en prévision des élections municipales de 2026, notamment ‘l’augmentation du montant des indemnités de fonction pour tous les élus et, pour les maires, leur alignement sur le salaire d’un cadre ou d’un directeur général des services (DGS)’.
Le 16 novembre 2023, le Sénat a également suggéré d’augmenter les indemnités des élus municipaux afin de contrer la crise des vocations et la démission massive d’élus depuis 2020. Dans un ‘rapport flash’ publié peu avant le congrès des maires, les sénateurs Françoise Gatel (UDI), François Bonhomme (LR) et Eric Kerrouche (PS) ont souligné ‘l’urgence d’agir’, rappelant que ‘une compensation juste’ pour les élus est une ‘question démocratique majeure’.
Parallèlement, devant un millier d’élus rassemblés à l’Élysée, Emmanuel Macron a annoncé qu’un projet de loi traitant des questions de rémunération, de formation et de reconversion des élus locaux serait ‘finalisé’ en 2024 pour ‘répondre à une partie du problème’. Ce texte n’a pas encore été publié, mais le ministère chargé des Collectivités Territoriales et de la Ruralité a rappelé cet été à la Gazette des Communes que les indemnités des maires ‘ont été considérablement augmentées ces dernières années’.
Les augmentations varient de 20 à 50% pour certains maires. D’une part, les montants plafonds des indemnités de fonction des élus dans les communes de moins de 3 500 habitants ont mécaniquement profité, comme d’autres élus locaux, de la revalorisation de l’indice de rémunération de la fonction publique. En outre, les élus de ces communes ont bénéficié d’un traitement spécifique en vertu de la loi du 27 décembre 2019, relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique. Comme le précise le ministère, les indemnités pour les élus dans les communes de moins de 500 habitants ont été augmentées de 50%, celles pour les élus de communes de 500 à 999 habitants de 30%, et celles pour les élus de communes de 1 000 à 3 499 habitants de 20%. Les élus des communes de 3 500 habitants et plus n’ont pas bénéficié de ces augmentations.
Cependant, ces hausses ne sont pas jugées suffisantes et commencent à devenir obsolètes, selon les sénateurs Françoise Gatel, François Bonhomme et Eric Kerrouche. L’inflation et la crise des vocations ont ‘changé la donne’, avertissent ces élus dans leur ‘rapport flash’, estimant que le mandat local pénalise trop souvent financièrement ceux qui le détiennent, favorisant ainsi les retraités au détriment de profils plus diversifiés.
Bien que les associations d’élus appellent à une revalorisation des indemnités, l’opinion publique n’est pas nécessairement prête à l’accepter. Selon Martial Foucault, professeur à Sciences Po, il existe ‘un réel risque que les citoyens perçoivent une revalorisation comme un privilège accordé à des élus qu’ils qualifieraient bientôt de professionnels de la politique locale.’ ‘Cependant, c’est précisément parce que les maires sont moins perçus comme des professionnels de la politique et sont facilement accessibles qu’ils jouissent d’un niveau de confiance élevé’, rappelle ce chercheur de CEVIPOF. D’après le baromètre annuel de la confiance politique élaboré par CEVIPOF, révélé en février 2024, 60% des Français affirment faire confiance aux maires, les rendant ainsi les seuls élus dans le paysage politique à dépasser la barre des 50%.