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Les Canadiens épris de taux d’intérêt bas ont accumulé 193 milliards de dollars de nouvelles dettes hypothécaires pendant la pandémie, portant la dette totale des ménages à un record de 2 500 milliards de dollars.
Mais la fête est sur le point de se terminer alors que les banques centrales cherchent à retirer le bol de punch : la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont toutes deux signalé un retour plus rapide au resserrement monétaire l’année prochaine alors qu’elles tirent sur les leviers des taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation.
Les ménages canadiens peuvent-ils gérer des versements hypothécaires plus élevés?
« Notre analyse suggère que les ménages sont bien placés pour la hausse progressive des taux d’intérêt que nous anticipons dans les années à venir. Cependant, si les taux devaient augmenter plus tôt et plus rapidement, des coûts plus élevés du service de la dette pourraient considérablement restreindre la consommation, provoquant un ralentissement plus général de l’économie », ont écrit Tony Stillo et Michael Davenport, économistes chez Oxford Economics, dans une note lundi.
La dette hypothécaire représente maintenant 68,7 % de la dette totale des ménages canadiens, comparativement à 65,9 % à la fin de 2019.
Si la Banque du Canada relève son taux directeur de 0,25 % au quatrième trimestre de 2022 à son niveau « neutre » de 2 % d’ici le milieu de 2026, les paiements d’intérêts des ménages devraient augmenter en proportion du revenu disponible à partir d’un record faible de 6,3 % au troisième trimestre 2021 à 8,2 % au quatrième trimestre 2023, selon les analystes d’Oxford Economics.
« Nous estimons que cela ajouterait 86 $ au paiement hypothécaire mensuel moyen d’ici le quatrième trimestre 2023 et 236 $ d’ici le quatrième trimestre 2026. »
Cependant, une hausse des taux plus agressive pourrait faire grimper les paiements hypothécaires à 166 $ d’ici la fin de 2023 et « mettre à rude épreuve les finances des ménages », ont noté Stillo et Davenport.
Autre signal d’alarme : les crédits immobiliers « de mauvaise qualité » représentent désormais un quart de l’ensemble des crédits immobiliers, contre 14% en 2019, soulignant la vulnérabilité de certains ménages à des taux plus élevés.
« L’endettement élevé des ménages rend également l’économie plus vulnérable à la baisse des revenus ou des prix des logements. Nous pensons que la dette des ménages est une préoccupation majeure pour la Banque du Canada et une des principales raisons pour lesquelles elle restera patiente alors qu’elle cherche à augmenter les taux d’intérêt, malgré la hausse de l’inflation et le resserrement des marchés du travail », ont déclaré les économistes d’Oxford.
Les inquiétudes pourraient se dissiper car certains analystes pensent que la Banque du Canada va sembler assez belliciste lors de sa dernière annonce de taux d’intérêt mercredi. (Lire celui de Kevin Carmichael avant-première de l’annonce de la Banque du Canada).
« Compte tenu du contexte du marché du travail, de l’inflation et de la croissance, il est possible que la BdC signale que les hausses de taux arrivent encore plus tôt lors de cette réunion », a écrit Benjamin Reitzes, économiste à la Banque Scotia. « De notre perchoir, il est difficile d’argumenter contre le fait que les taux doivent probablement commencer à augmenter. »
D’autres problèmes sur le marché de l’habitation au Canada émergent tous, la Banque du Canada blâmant les investisseurs pour l’activité frénétique du marché immobilier et le gouvernement fédéral cherchant à faire sortir les « palmes de la maison ».
« Avec les achats spéculatifs susceptibles de stagner (ou de chuter) alors que la Banque du Canada s’embarque dans un cycle de hausse des taux au cours des prochains trimestres, le marché canadien de l’habitation pourrait être en difficulté (bien qu’une mise en garde importante ici est que la demande pourrait être soutenu par l’afflux d’immigrants attendu alors que la phase de « réouverture » se poursuit) », Le chroniqueur de FP David Rosenberg et sa collaboratrice Julia Wendling écrit la semaine dernière.
On s’attend à ce que davantage de ménages canadiens soient sensibles aux fluctuations des taux d’intérêt, car un quart des prêts hypothécaires en cours d’ici septembre 2021 étaient à taux variable, contre 18 % en février 2020.
« La part des nouvelles hypothèques avec un ratio prêt/revenu (LTI) supérieur à 450 % est passée à 22 % fin 2020, en raison d’une augmentation des prêts hypothécaires à fort effet de levier et non assurés », ont déclaré les économistes d’Oxford. « Ceci est bien au-dessus des récents pics de 2016 et 2017, et des données plus récentes de la Banque de
Le Canada suggère que cette part a encore augmenté pour atteindre plus de 25 % au début de 2021. »
Une source de réconfort est que les ménages entrent dans la nouvelle phase en position de force car ils ont considérablement réduit leurs dettes et prêts non hypothécaires pendant la pandémie.
« Les vulnérabilités à l’endettement des ménages se sont toujours aggravées pendant la pandémie, en particulier pour les détenteurs de prêts hypothécaires non assurés et fortement endettés, et continuent de représenter un risque de baisse important pour l’économie et le système financier canadiens », ont conclu Stillo et Davenport.