Donna Kennedy-Glans : Trudeau et Biden doivent parler de pétrole

Lorsque les prix de l’essence atteindront 3 $ le litre, les dirigeants politiques ne pourront ignorer la réaction du public

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Une crise n’est pas un moment propice à l’hésitation et à la retenue. Personne ne sait jusqu’où iront les prix de l’énergie si l’agression de la Russie en Ukraine ne peut être contenue. Et que se passe-t-il lorsque l’approvisionnement en pétrole ne répond tout simplement pas à la demande ? Le rationnement de l’essence n’est pas une politique publique amusante. C’est bien beau de puiser dans une réserve stratégique, comme le font les Américains, mais si vous voulez parler de vraies réserves, celles du Canada sont de classe mondiale. Alors pourquoi Joe Biden et Justin Trudeau ne parlent-ils pas de pétrole ?

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Une certaine réticence initiale est compréhensible.

Justin Trudeau se tortille chaque fois la question de l’augmentation de la production domestique d’hydrocarbures se pose. Cela risque de saper le programme phare de son gouvernement en matière de changement climatique. Lorsque des journalistes de l’UE lui ont demandé si le Canada déploierait son secteur pétrolier pour aider l’Europe à réduire sa dépendance au pétrole russe, il a répondu avec insistance en parlant de la nécessité de décarboner. Et dans le premier plan de réduction des émissions du gouvernement fédéral, publié la semaine dernière (pas au Parlement mais au Forum GLOBE à Vancouver), Trudeau a averti le secteur pétrolier et gazier : les émissions seront réduites à 40 % de moins que les niveaux de 2005 d’ici 2030, dans le but d’atteindre le net zéro d’ici 2050. Guerre ou pas guerre, nouvelle confrontation stratégique avec la Russie ou pas, CanadaLe vrai combat est le changement climatique, point final.

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Dans le meilleur des cas, bien sûr, le désaccord public entre les politiciens américains et les producteurs et expéditeurs d’hydrocarbures canadiens est inconfortable. La décision de Biden d’annuler l’expansion du pipeline Keystone XL de TC Energy dès son premier jour de mandat en est l’exemple le plus clair. Et puis il y a toutes ces preuves sur le financement américain des campagnes anti-sables bitumineux, déterrées par le juricomptable Steve Allan dans son rapport au gouvernement de l’Alberta. Bien que nous n’ayons pas beaucoup entendu parler dernièrement de la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, sa campagne pour fermer la canalisation 5, un pipeline d’Enbridge sous le détroit de Mackinac, est devenue très décousue. Peut-être vaut-il mieux que les bons voisins balaient ces différends sous la table.

Mais ce serait une erreur. Le minou a peut-être fonctionné dans le passé, mais si l’approvisionnement en pétrole reste bancal et que le prix de l’essence à la pompe continue de monter en flèche, les politiciens américains et canadiens n’auront d’autre choix que d’être très explicites sur la logistique du redémarrage. La capacité du Canada à soutenir l’approvisionnement énergétique nord-américain et même mondial. Ottawa n’a peut-être pas bien compris ce qu’était le convoi de camionneurs, mais lorsque le prix de l’essence atteindra 3 $ le litre, les dirigeants politiques ne pourront ignorer la réaction du public. Ce ne sera plus une crise qui se passe « là-bas ». Cela se passera ici, à la maison.

Donna Kennedy-Glans était albertaines ministre adjoint de l’électricité et des énergies renouvelables, 2013-14. Son nouveau livre est Apprendre au dinosaure à danser : aller au-delà du statu quo.

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