Critique de livre : « Dele Weds Destiny », par Tomi Obaro

DELE WEDS DESTIN, par Tomi Obaro


Dans le premier roman plein d’amour et de vie de Tomi Obaro, nous rencontrons trois femmes, amies pour la vie – « essentiellement des sœurs, bien que Funmi s’irriterait de la douceur maladive d’un tel terme ». L’intrépide Funmi, la timide Zainab et l’humble Enitan se rencontrent à l’université de Zaria, au Nigeria, dans les années 1980, formant (on nous le dit hardiment plutôt que de le montrer) une solide unité, dans laquelle Enitan doit jouer le deuxième violon des beautés qui sont ses deux meilleures copains. Maintenant, 30 ans plus tard, leur amitié s’est effondrée mais toujours fondamentalement intacte, les trois – toutes mères, toutes dans des mariages variés et difficiles – convergent pour le mariage de la fille de Funmi à Lagos. C’est le destin du titre, une mariée distante et réticente (« Le bonheur est pour les Américains, c’est ce que dit toujours papa ») qui prête à l’intrigue le drame modeste de will-she-or-won’t-she comme son grand jour approche, tandis que Funmi avance avec des célébrations ostentatoires.

Le destin, cependant, est un personnage auxiliaire par rapport à Funmi et à ses amis, qui restent – et resteront, nous assure l’auteur dans les premières pages – « constamment dans la vie de chacun ». Dans la vie, une telle fermeté est la bienvenue ; dans la fiction, qui tend à dériver son la vie de la rupture et de la casse, moins. Tandis que j’étais emporté en douceur à travers les travaux de ces femmes, une ligne venue d’ailleurs s’est glissée sur moi. C’était la boutade attribuée à Francis Bacon, rendue célèbre par Kanye, sur le champagne pour les vrais amis, la vraie douleur pour les faux amis, bien que dans ce cas, « fictif » remplace « fictif ». En d’autres termes, je me suis surpris à avoir une pensée sadique. Là encore, la meilleure et la plus vraie façon pour un auteur d’aimer ses personnages n’est-elle pas de les plonger dans le genre de douleur – la vraie douleur – qui tend et modifie leurs liens, et avec cela, leur moi ?

Dans la section médiane du roman, qui se déroule au milieu des années 1980 de leur jeunesse, nous apprenons que les trois n’ont bien sûr pas été sans difficultés individuelles. Les événements sont relatés dans une prose simple et géniale, dénuée de clichés occasionnels. Mystifiant, certains moments dramatiques sont introduits hors scène ou patinés, comme la mort de Damolo, un activiste qui est le petit ami d’abord de Zainab, puis de Funmi. La réaction de Zainab est curieusement par cœur : « Bien qu’ils se soient séparés depuis la fin de leur relation amoureuse, elle pensait toujours à lui avec tendresse et avait été dégoûtée d’apprendre sa mort. »

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