Lettre du lecteur – Windsor Star,
17 déc. 2021
Par Irving Gold
Au cours des dernières années, il y a eu une reconnaissance croissante que l’épuisement professionnel augmente de façon exponentielle parmi les travailleurs de la santé – et il y a eu un changement positif dans la compréhension du public de l’épuisement professionnel et d’autres problèmes de santé mentale en général.
Malheureusement, la réponse politique des gouvernements, des établissements de santé et des décideurs politiques a été terriblement inadéquate.
Au lieu de s’attaquer aux causes profondes de l’épuisement professionnel et de la détresse mentale chez nos travailleurs de la santé, à la fois avant et à la suite de COVID-19, quelle a été leur réponse ? Une prolifération de boîtes à outils et de ressources de bricolage développées et destinées aux travailleurs de la santé qui visent à les aider à développer leur propre résilience personnelle.
En apparence, fournir des ressources aux travailleurs de la santé pour maintenir ou améliorer leur santé mentale semble être un objectif louable. Qui pourrait s’opposer à la fourniture de ces ressources à un groupe qui souffre ?
Mais c’est la mauvaise approche au mauvais moment et cela entraîne des conséquences négatives.
Présenter le problème de l’épuisement professionnel comme un manque de résilience est un exemple classique de blâme de la victime. Il place les causes, les effets et les solutions du problème entre les mains de ceux qui en souffrent.
Laisse moi être clair; il n’y a absolument rien de mal à fournir une formation sur la résilience ou des ressources qui se concentrent sur des choses comme la pleine conscience, le yoga, la méditation, les exercices de respiration, la visualisation et la pléthore d’autres solutions proposées. Ils peuvent tous être des outils utiles pour faire face à la crise, et j’en suis sûr, de nombreux agents de santé les utilisent et les apprécient.
Mais ce ne sont que des solutions de fortune.
Les trousses d’outils sur la résilience et les ressources en ligne ne font rien pour s’attaquer aux causes réelles de l’épuisement professionnel et de la détresse mentale des travailleurs de la santé. Les causes profondes sont politiques à l’échelle du système et ne sont pas liées aux lacunes des agents de santé eux-mêmes.
Parmi ceux que je représente, les technologues en radiation médicale du Canada qui administrent la radiothérapie aux patients atteints de cancer, font les rayons X, la médecine nucléaire, les IRM et les tomodensitogrammes qui permettent aux médecins de diagnostiquer et de fournir un traitement médical, l’épuisement est endémique.
La promotion de la résilience personnelle n’est pas une solution en cas de dotation en personnel inadéquate, d’attentes déraisonnables en matière de charge de travail ou de congés insuffisants. Ce sont les problèmes qui doivent être traités. Seuls les gouvernements, les employeurs et les dirigeants du secteur de la santé peuvent le faire.
Les décideurs en soins de santé aux niveaux fédéral, provincial et institutionnel doivent s’attaquer sérieusement à cette question. Ceux qui ont le pouvoir et l’accès aux leviers du changement doivent cesser de se cacher derrière des problèmes de juridiction et leur focalisation singulière sur les coûts comme justifications de l’inaction.
La pandémie nous a montré que lorsque les gouvernements sont confrontés à une crise nationale, ils peuvent collaborer et surmonter d’énormes défis. Le Canada sort blessé de la pandémie, mais par rapport à d’autres pays, nous nous en sortons assez bien. Cela est dû, en grande partie, aux personnes qui constituent l’essence de nos systèmes de santé.
Si nous continuons à monter l’autoradio pour étouffer le bruit d’un moteur défectueux, nous finirons par en payer le prix. Si nous ne traitons pas nos travailleurs de la santé comme un bien précieux que nous devons protéger vigoureusement, nous aurons des ennuis.
Nous avons relativement bien résisté à cette pandémie. Si nous continuons sur la voie que nous suivons, nous pourrions ne pas nous en sortir aussi bien face à la prochaine urgence sanitaire. Et nous n’aurons personne à blâmer à part nous-mêmes.
La situation dans laquelle nous nous trouvons est curable ; elle ne nécessite pas d’approche palliative. Nous n’avons pas épuisé toutes nos options. Bien au contraire, nous avons à peine commencé le processus de diagnostic.
Les travailleurs de la santé ont besoin et méritent bien plus que nous. Nous leur devons un véritable engagement pour protéger leur santé et leur bien-être, tout comme ils se sont engagés envers les nôtres.
Nous avons l’obligation de nous attaquer aux problèmes systémiques qui érodent le moral, la santé physique et mentale et l’esprit de notre main-d’œuvre de la santé.
Notre objectif doit aller au-delà d’aider les travailleurs de la santé à survivre. Ils méritent de s’épanouir.
Irving Gold est le chef de la direction de l’Association canadienne des technologues en radiation médicale