C’est l’année de la pandémie de l’ombre

En 2022, nous ressentiront toujours les effets de la pandémie de Covid-19. Un grand nombre d’entre nous ont compté les chiffres directement liés au virus – combien de personnes ont été vaccinées, infectées ou hospitalisées, combien sont sous respirateur ou sont décédées. Mais nous avons eu tendance à ignorer les effets indirects du virus – et des mesures prises pour prévenir les infections – sur nos citoyens les plus vulnérables : les enfants, les adolescents et les femmes. Nous devons maintenant porter notre attention sur cette « pandémie de l’ombre » si nous voulons espérer ramener le monde à la normalité.

Alors que les femmes, les enfants et les adolescents ne sont pas plus susceptibles que les autres de tomber malades ou de mourir du coronavirus, ils ont subi des interruptions disproportionnées de nombreux services sur lesquels ils comptent, en raison des blocages et du détournement de ressources cruciales.

Selon le dernier « Rapport mondial sur la santé 50/50 », publié en 2021, moins de deux activités liées à la santé liées au Covid-19 ont pris en compte le genre de manière explicite. Mais sans reconnaître l’impact possible des crises sur les différents sexes et âges, nous pouvons faire de très mauvais choix. En effet, les décideurs, encore le plus souvent des hommes, ont tendance à oublier les personnes vulnérables.

La fermeture des écoles pendant la pandémie, par exemple, a causé un manque d’éducation pour de nombreux enfants et adolescents. Les gouvernements s’efforcent de maintenir l’éducation aussi ouverte que possible, mais beaucoup ont moins prêté attention au fait que, pour des millions d’enfants, le déjeuner scolaire était leur seul repas de la journée. De nombreux pays n’ont même pas commencé à planifier ou même à réfléchir à la manière dont ils pourraient atteindre ces enfants affamés lorsque les écoles continueront de fermer.

En 2022, nous verrons également les effets persistants d’une pandémie fantôme dans les soins de santé mondiaux non-Covid. Alors que les systèmes hospitaliers continuent de se concentrer sur la vaccination et le traitement contre le Covid-19, la vaccination de routine contre de nombreuses maladies (la plupart déjà oubliées dans le monde occidental) et l’accès nécessaire aux services de santé maternelle ont été mis de côté. En conséquence de la pandémie, par exemple, 39 % des 124 pays étudiés ont signalé une baisse de la couverture des services de planification familiale et 38 % ont signalé une baisse de la couverture des services de santé maternelle prénatale et postnatale.

Même avant la pandémie, notre monde n’était pas en voie d’atteindre plusieurs objectifs de développement durable (établis en 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies et destinés à être atteints d’ici 2030) concernant les femmes et les enfants. Les confinements et la réaffectation des ressources en 2020 et 2021 ont aggravé cette situation. Et combinés à d’autres crises affectant une grande partie du monde (conflits en cours, changement climatique, ralentissements économiques), ils feront en sorte que beaucoup plus de personnes, y compris des femmes et des enfants, souffriront de mauvaise santé, de sous-alimentation et de la faim.

Alors que les taux d’infection à Covid-19 diminuent, grâce au déploiement et à l’adoption réussis de vaccins, nous porterons en 2022 beaucoup plus notre attention sur cette pandémie fantôme et ses impacts. Il ne sera pas mal vu de pouvoir parler haut et fort des effets secondaires de certaines des mesures politiques que nous avons introduites pour lutter contre le virus. Nous verrons que nous n’avons pas d’autre choix que d’allouer des ressources locales et mondiales, telles que des aliments nutritifs et des services de soins de santé continus, à ceux qui en ont le plus besoin. Et nous devrons tous travailler pour éviter que ces groupes vulnérables ne subissent davantage de dommages et réparer les dommages causés jusqu’à présent.


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