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Bel Ami, le beau roman de Guy de Maupassant, commence avec le héros susnommé rôdant dans un Paris chaud et nauséabond, visiblement frustré et mal à l’aise. Il barge les gens avec son épaule, il veut étrangler n’importe qui qui a plus d’argent que lui [which is pretty much everyone], il désire le contact d’une femme et un verre pour soulager sa gorge râpeuse. Maupassant révèle qu’il était autrefois dans l’armée et décrit son attitude, dans l’une des lignes les plus mémorables du livre, comme étant comme «un sous-officier lâché dans un pays conquis», et il est fait référence au fait de tirer sur des Arabes en service. On a l’impression que Duroy est peut-être dangereux, physiquement dangereux, et je dois avouer que je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi sombre, d’aussi noir.
C’est une introduction brillante et passionnante, mais elle est, je pense, légèrement trompeuse. Lorsque Duroy obtient un nouvel emploi de journaliste, il se montre nerveux, manque de confiance en lui, sans grands talents ni mérites. L’indication la plus claire en est lorsqu’il essaie d’écrire un article, mais s’aperçoit qu’il en est incapable, qu’il ne peut même pas le commencer. Loin d’être un gamin machiavélique, au charme surnaturel, il est assez stupide ; il est lent à comprendre, naïf [or green, as he describes himself, I think]. De plus, il est, pour au moins les deux tiers du livre, honnête ou au moins transparent. Par exemple, lorsque sa maîtresse, Clotilde, veut se promener, il dit d’abord qu’il préfère rester à l’intérieur, mais lorsqu’on le presse, il avoue qu’il n’a pas l’argent pour payer leur divertissement. Il ne le fait pas parce qu’il essaie de susciter la sympathie ou de la manipuler pour lui donner de l’argent [even though she does] mais parce qu’il est tout simplement incapable de garder sa peur ou son inquiétude pour lui.
Ce qui est le plus frappant dans la première partie du livre, c’est que Georges Duroy est tout à fait moyen, n’a rien d’exceptionnel en tout point, sauf peut-être son apparence ; même ses motivations et ses ambitions sont, à défaut d’un meilleur mot, standard, sont celles de presque tout le monde. Il veut de l’argent dans sa poche et une femme… eh bien, n’est-ce pas nous tous ? Oui, il veut aussi aller de l’avant, s’élever, mais il n’a en réalité pas le mental pour le faire tout seul. En effet, chaque fois que Duroy monte dans le monde, ou obtient une pause, son succès est la courtoisie de quelqu’un d’autre, ou du moins quelque chose en dehors de lui-même; ses victoires sont plus ou moins du pur hasard. Par exemple, son travail de journaliste passe par un vieil ami militaire qui travaille pour un journal, son premier article est écrit par la femme de son ami, sa position dans le journal augmente lorsqu’il survit à un duel, etc. Pour la plupart, les choses arrivent à Duroy, il ne les fait pas arriver.
Peut-être en reconnaissance de ses propres limites, le personnage de Duroy est, jusqu’à la fin du roman, principalement un personnage docile. C’est Madeleine Forestier qui lui conseille d’aller voir la femme dont il fait son amante ; quand Madeleine lui demande de garder leur mariage imminent silencieux, il acquiesce ; et quand elle lui dit de rompre avec Clothilde, il fait à nouveau ce qu’on lui dit. Cela peut sembler extrêmement ennuyeux, et j’admets qu’il n’a pas la force et la force de la plupart des autres romans français du 19e siècle, mais il semblait frais ; et la nouveauté le rend attachant. En fait, l’un des aspects les plus satisfaisants du roman est à quel point les relations sont adultes, contemporaines [again, in the first part]. Par exemple, quand Duroy songe à faire l’amour avec Madeleine, on lui dit sans ambages qu’elle trouve tout cela absurde et qu’elle ne le tolérera pas. De plus, lorsque le couple parle de mariage, elle précise qu’il ne sera accepté que s’il lui accorde la liberté à laquelle elle est habituée et la traite comme si elle était une partenaire, une alliée, pas sa possession.
Il devrait être clair alors que Bel Ami est quelque peu éloigné du grand romantisme et de l’exaltation émotionnelle que l’on trouve dans Balzac et al. Si je devais faire une comparaison, je dirais que le roman de Maupassant a plus de points communs avec l’œuvre de Georges Simenon ou encore de Charles Bukowski, que son protagoniste rappelle le recroquevillé et sombre Ferdinand Bardemu, le narrateur des romans de Céline. Ce n’est qu’après deux cents pages du livre [out of two hundred and ninety] que Duroy commence à montrer le genre de traits et de comportement que l’on attendrait d’un scélérat immoral dans un roman français classique. Je dois admettre que mon intérêt s’est un peu affaibli à partir de ce moment-là ; le facteur stupide-fun est plus grand, mais l’histoire devient familière et prévisible. De plus, je n’ai pas eu l’impression que le changement de personnage de Duroy était bien géré – il est trop brusque, trop extrême – et, finalement, j’ai eu l’impression que l’auteur lui-même n’était pas vraiment sûr de ce qu’il y avait derrière.
Après un début de mariage heureux, Duroy commence à en vouloir au fait que sa femme ait appartenu à quelqu’un d’autre et soupçonne qu’elle a cocu son premier mari. Comme indiqué, dans les deux cents pages précédentes, on ne peut pas dire qu’il a été un homme gentil, mais il n’a certainement pas été un bâtard irrémédiable non plus. Par conséquent, il est naturel de supposer que sa jalousie est la raison pour laquelle il commence à se comporter aussi méchamment qu’il le fait à partir de ce point. Cependant, même si je peux accepter que la jalousie puisse amener quelqu’un à penser « putain, les sentiments sont pour les idiots, je n’en aurai plus, et je traiterai donc tout le monde comme de la merde et je me ferai plaisir », je ne vois pas en quoi cela le sentiment se transforme alors en une envie irrésistible et passionnée, dirigée vers toute personne occupant une position supérieure, et un désir obsessionnel de la supplanter et de devenir le meilleur chien. Je ne pense pas non plus qu’il passerait d’une jalousie tourmentée à, enfin, une indifférence totale vis-à-vis de sa femme. Plus important encore, au cours de cette dernière section du roman, Duroy est capable de faire des choses sans transpirer ni sourciller, ce qu’il trouvait auparavant difficile ou impossible. Il ment, il complote ; il fait preuve d’intelligence, de talent, d’audace, de ruse, etc. Maupassant avait passé la plus grande partie de Bel Ami à donner au lecteur l’impression que son héros était un schmo moyen, quoique attrayant, qui a souvent de la chance, et pourtant, soudain, il est une sorte de personnage diabolique de Byronic qui a le contrôle total sur lui-même et sur tout le monde. ? Allez.
Dans cette optique, mon interprétation préférée est que le catalyseur de ses manœuvres caddish est une série de confrontations existentielles avec la mort. En premier lieu, considérons sa proposition à Madeleine Forestier, qui intervient alors que le couple veille sur le cadavre de son mari. En apparence, cela semble être une mesure scandaleuse et cynique, et pourtant, un Duroy paniqué semble véritablement frappé par sa propre mortalité et par le besoin de tirer le meilleur parti de son temps sur terre, et en tant que tel, son offre de mariage n’est guère un exemple de manipulation impitoyable. Il y a, en outre, deux autres incidents, antérieurs au décès de Forestier, où la mort est à l’ordre du jour : une sorte de soliloque prononcé par un confrère, Norbert de Varenne, et un duel. Ces deux passages sont pour moi les plus beaux moments de Bel Ami ; et les deux semblent avoir un effet profond sur Duroy.
Le duel est, bien sûr, particulièrement significatif, car il implique, non pas la mort en tant qu’abstrait, comme quelque chose qui arrive à d’autres, mais la menace bien réelle qu’elle arrive à Duroy lui-même sans trop de retard. Encore une fois, je dois créditer Maupassant d’une vision moderne, car son héros ne le prend pas dans sa foulée, il ne relève pas le défi, ni n’accueille l’opportunité de se défendre contre des critiques injustes. Non, il fait ce que la plupart d’entre nous feraient : il a peur. Il n’est pas nécessairement un lâche, mais plutôt un rationaliste ; il veut éviter de se battre parce que c’est, eh bien, dangereux ; il remet en question les absurdes diktats de l’honneur, qui l’ont mis dans une situation où il doit tirer sur un homme qu’il n’a jamais rencontré et avec qui il n’a pas vraiment de problème. Il n’est pas difficile d’imaginer que si quelqu’un a frôlé la mort, cela pourrait l’inciter à être plus impitoyable dans la poursuite de ses désirs et de ses rêves, mais à quel point cette théorie a du poids, quand on considère que le personnage de Duroy n’est pas immédiatement changer la façon dont il le fait après les chapitres sur la jalousie, je ne sais pas. En tout cas, étant quelqu’un qui a peur de mourir, je comprends moi-même à quel point cette peur peut être motivante ; en fait, je le considère comme responsable d’un grand nombre de mes actions, tant positives que négatives.
« Nous respirons, dormons, buvons, mangeons, travaillons et puis mourons ! La fin de la vie est la mort. A quoi aspirez-vous ? Amour? Quelques bisous et vous serez impuissant. De l’argent? Pourquoi? Pour assouvir vos envies. Gloire? Qu’est-ce qui vient après tout ça ? Décès! La mort seule est certaine.
J’ai passé une grande partie de cette critique à me concentrer sur les détails du personnage de Duroy, sans, pour l’instant, rien dire sur la signification plus large de l’action. À cette fin, Jean-Paul Sartre a dit de la création de Maupassant que « son ascension témoigne du déclin de toute une société ». Si je suis honnête, je ne suis pas tout à fait sûr de ce qu’il voulait dire par là. Ce que la victoire finale de Duroy me suggère, c’est que la structure de la société française, peut-être de la société occidentale dans son ensemble, était en train de changer ; mais si c’était pour le meilleur ou pour le pire, je ne saurais le dire. Duroy vient, il faut s’en souvenir, d’un petit stock ; ses parents sont propriétaires de tavernes et il les appelle fréquemment des paysans. Alors que le roman atteint son paroxysme, Georges, en un sens, s’est infiltré dans les hautes sphères de la société française et y a posé son chapeau. Maupassant semble suggérer qu’il fait partie de la nouvelle race d’hommes, les nouveaux riches, qui inaugureront la vieille aristocratie, en prenant leur argent, leurs positions et leurs titres. Il n’y a pas que Duroy non plus ; le plus grand gagnant du roman est le financier juif, M. Walter, qui, dans une sorte d’escroquerie boursière, gagne des millions. Est-ce que des hommes ordinaires sans scrupules faisant tout l’argent et ayant tout le pouvoir témoignent d’un déclin ? C’est certainement un signe des temps, plus conforme au monde dans lequel nous vivons maintenant qu’à celui des barons et seigneurs privilégiés, mais je suis loin d’être convaincu que c’est une mauvaise chose, certainement par rapport à l’alternative.
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