Aaron Wudrick : les libéraux sont déterminés à rejeter l’état de droit après la décision relative à la loi sur les urgences

Le gouvernement se console dans la fiction selon laquelle les règles ne s’appliquent pas à lui

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Mardi, la Cour fédérale du Canada a rendu une décision que tous les Canadiens devraient célébrer comme une victoire importante pour la primauté du droit au Canada.

Dans une requête déposée par deux associations juridiques d’intérêt public – la Fondation canadienne de la Constitution et l’Association canadienne des libertés civiles – le tribunal a examiné deux questions. Si le gouvernement Trudeau a agi en dehors de la loi en invoquant la Loi sur les mesures d’urgence en février 2022 pour mettre fin aux manifestations du Freedom Convoi à Ottawa, et si les ordres émis en vertu de la loi ont violé la Charte. Sur les deux points, le tribunal a répondu sans ambiguïté : oui, ils l’ont fait.

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La chose la plus frappante dans la décision de justice rédigée par le juge Richard Mosley est peut-être la simplicité du raisonnement. Il n’y a pas de logique torturée, pas d’argumentation obscure, pas de raisonnement abstrait ; les principes en jeu sont facilement compréhensibles par les juristes comme par les non-juristes. Le juge Mosley fait exactement ce que la plupart des Canadiens attendent probablement des tribunaux : examiner les preuves; lisez ce que dit la loi ; et tirer des conclusions qui, faute d’une meilleure expression, reflètent le bon sens.

Prenons par exemple l’insistance du gouvernement sur le fait que le Convoi de la Liberté constituait une « menace à la sécurité du Canada » — une expression qui est explicitement définie dans la Loi sur les mesures d’urgence comme ayant le même sens que dans l’article 2 du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). ) Acte. Malheureusement pour le gouvernement, la décision officielle du SCRS était que le convoi ne constituait pas une menace pour la sécurité du Canada. Ceci étant un obstacle très gênant pour un gouvernement qui voulait invoquer la loi, le Cabinet a simplement proposé une nouvelle stratégie : ignorer l’exigence légale selon laquelle la définition de l’article 2 de la Loi sur le SCRS doit être respectée, proposer une définition alternative qui correspond mieux à son argument. , et faites le constat inverse ! CQFD.

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Naturellement, le juge Mosley n’avait rien de tout cela. La loi dit ce qu’elle dit. Comme cela a été soutenu ailleurs, l’utilisation de la définition de « menace à la sécurité du Canada » donnée dans la Loi sur le SCRS ne convient peut-être pas à la Loi sur les mesures d’urgence. Si tel est le cas, le Parlement a tout à fait le droit de le modifier. Mais ce n’est pas ce que dit la loi de février 2022, et le Cabinet ne peut pas simplement écarter ces mots parce que cela gênerait leurs plans les mieux conçus.

Question après question : l’ampleur de la menace pour la sécurité ; l’affirmation selon laquelle les outils d’application des lois existantes sont épuisés ; le caractère raisonnable des violations massives des droits à la liberté d’expression garantis par la Charte et contre les perquisitions et saisies abusives — le juge Mosley, après avoir examiné toutes les preuves, n’est pas d’accord avec les affirmations du gouvernement. Les affirmations du gouvernement n’ont tout simplement pas survécu au contact avec des preuves complètes.

La décision ne s’est pas non plus contentée de condamner les arguments fragiles du gouvernement. Il s’agissait également d’un reproche implicite au juge Paul Rouleau, président de la Commission d’urgence pour l’ordre public, qui a fait le choix inutile et peu judicieux dans son rapport final de réfléchir à la légalité de l’invocation de la loi, malgré le fait que… de son propre aveu – cela ne faisait pas partie de son mandat de le faire et il n’avait pas entrepris d’analyse formelle.

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Le plus intéressant de tous a peut-être été l’aveu franc du juge Mosley, vers la fin de sa décision, selon lequel il avait initialement « penché pour l’idée que la décision d’invoquer la (Loi sur les mesures d’urgence) était raisonnable » et a reconnu que ce n’était qu’après avoir pris le temps de « après avoir soigneusement réfléchi aux preuves et aux arguments » et aux « arguments juridiques éclairés » des requérants, il a conclu – sans ambiguïté – que le gouvernement avait agi en dehors de la loi.

Et qu’en est-il des conséquences politiques ? Il existe un monde dans lequel un gouvernement pourrait, lorsqu’il est confronté à une décision de justice selon laquelle il a invoqué et abusé illégalement de la loi la plus draconienne qui soit, simplement accepter la décision avec humilité, s’excuser sans réserve pour avoir outrepassé et démissionner par principe.

De toute évidence, nous ne vivons pas dans ce monde : impénitent comme jamais, et moins d’une heure après la publication de la décision, la vice-première ministre Chrystia Freeland a annoncé que le gouvernement ferait appel de la décision. C’est tout à fait typique d’un gouvernement qui s’est moqué à maintes reprises de la primauté du droit – par exemple ses violations de l’éthique, grandes et petites, le scandale SNC-Lavalin – préférant se consoler avec la fiction selon laquelle les règles sont pour les autres.

Les Canadiens le savent mieux. Les gouvernements sont obligés de respecter la loi, comme tout le monde – et nous devons au juge Mosley une dette de gratitude pour le rappel opportun de ce fait.

Aaron Wudrick est avocat et directeur de la politique intérieure à l’Institut Macdonald-Laurier.

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