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« Assis sur ce banc qui, en l’espace de deux jours seulement, est devenu un petit coin familier, un morceau de bois flottant auquel il pourrait s’accrocher au milieu d’un étrange, large et tourbillonnant torrent. Et blotti contre lui, il serre le dernier rameau de la branche, dormant de son sommeil sans peur pour le moment, sans mélancolie ni tristesse ; ce sommeil d’un nourrisson satisfait, heureux d’avoir retrouvé la chaleur de la peau qu’il aime, sa douceur agréable et
« Assis sur ce banc qui, en l’espace de deux jours seulement, est devenu un petit coin familier, un morceau de bois flottant auquel il pourrait s’accrocher au milieu d’un étrange, large et tourbillonnant torrent. Et, blotti contre lui, il serre le dernier rameau de la branche, dormant son sommeil sans peur pour le moment, sans mélancolie ni tristesse ; ce sommeil d’un nourrisson satisfait, heureux d’avoir retrouvé la chaleur de la peau qu’il aime, sa douceur agréable et la caresse d’une voix aimante.
Monsieur Linh a presque tout perdu : sa femme, son fils, et même sa ville, la guerre l’ayant déplacé et fait de lui un réfugié dans une ville française. À sa grande joie, il lui reste un lien avec le passé et un espoir pour l’avenir : sa petite-fille en bas âge. Emmenée avec lui lors du voyage difficile vers la France, sa seule préoccupation est sa sécurité et son bien-être. Dans le centre de réfugiés surpeuplé, il lave tranquillement ses vêtements de bébé, la tient pendant qu’elle dort et, dans son costume traditionnel, devient un spectacle excentrique pour les autres visiteurs. Pendant la journée, il l’emmène se promener pour prendre l’air.
« Je suis ton grand-père, lui dit M. Linh, et nous sommes ensemble, nous sommes deux, les deux seuls, les deux derniers. Mais n’aie pas peur, je suis là, rien ne peut t’arriver. Je suis vieux, mais j’aurai encore assez de force, tant qu’il le faudra, tant que tu es une petite mangue verte qui a besoin d’un vieux manguier.
C’est au cours de ces promenades qu’il trouve le banc de parc en bois décrit ci-dessus, où il regarde passer la ville et essaie de donner un sens à sa langue étrangère. Bientôt, il rencontre M. Bark, un autre homme en proie à des pertes, et tous deux trouvent que le banc est leur endroit pour affronter leur passé et leur avenir incertain. Ils deviennent pratiquement inséparables, malgré le fait qu’aucun d’eux ne puisse parler la langue de l’autre. La leur devient une amitié faite du langage des hochements de tête, des soupirs partagés et de la camaraderie. Et lorsque des changements difficiles se produisent, ce lien unique devient incassable.
C’est un roman incroyablement élégant, qui vous rend un peu nostalgique de la beauté des mots et de leur sens. Il est tout à fait approprié que ce soit un exemple de littérature traduite, car la traduction des sentiments, des gestes et des humeurs en est le cœur, bien au-delà de la traduction de simples mots. En fait (c’est super ringard) je l’ai posé et j’ai soupiré plusieurs fois… c’est magnifique.
L’auteur, Philippe Claudel, a concocté quelque chose qui parvient à allier mélancolie et sentimentalité sans devenir mièvre. L’écriture est maigre et puissante et chaque personnage conserve un mystère. Le mystère est ce qui vous pousse à comprendre comment chaque homme survivra à sa perte et à quel point la nature de l’amitié peut être mystérieuse. Le roman demande au lecteur d’examiner ce qui fait que deux personnes se sentent connectées. La perte laisse-t-elle une marque que seul un autre esprit apparenté peut discerner ? Les mots que nous prononçons signifient-ils moins que ce que nous sommes ? Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que l’histoire serait totalement différente si les deux hommes partageaient une langue, et que Claudel pourrait commenter comment, très souvent, les mots peuvent gêner.
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