Le modèle de collaboration entre communes de montagne et entreprises d’électricité est remis en question alors que les contrats de concession de centrales hydroélectriques arrivent à échéance. Les cantons, désireux de récupérer les revenus, envisagent de reprendre le contrôle, ce qui pourrait nuire à la Zurich Electricity Company (EWZ). Des discussions sont en cours pour trouver un nouvel équilibre qui bénéficierait à la fois aux communes et à l’EWZ, tout en tenant compte des enjeux économiques locaux.
Une Collaboration Énergétique Remise en Question
Le modèle de partage de travail entre les communes de montagne et les cantons a prospéré pendant des années. Les montagnes fournissent la matière première, notamment l’eau et le dénivelé, en échange d’une rémunération fixe. De leur côté, les entreprises d’électricité basées dans les plaines apportent leur expertise pour produire de l’électricité de manière efficace.
Cependant, ce schéma traditionnel est aujourd’hui mis à l’épreuve. Dans les deux prochaines décennies, les contrats de concession de nombreuses centrales hydroélectriques arriveront à leur terme. Les cantons de montagne manifestent un désir croissant de récupérer les revenus générés par le secteur énergétique, ne souhaitant plus voir ces bénéfices s’échapper vers les plaines. Cela les pousse à envisager de reprendre le contrôle de ces centrales.
Impact sur l’Énergie à Zurich
Cette évolution a des répercussions significatives sur l’entreprise d’électricité de Zurich (EWZ), qui gère plusieurs centrales hydroélectriques dans le canton des Grisons, dont le célèbre réservoir de Marmorera. Si les communes grisonnes et le canton parviennent à récupérer ces installations, l’EWZ pourrait perdre un atout majeur dans son portefeuille énergétique.
Malgré ces incertitudes, Benedikt Loepfe, le directeur de l’EWZ, et le conseiller municipal Michael Baumer sont déterminés à trouver une solution qui permette une gestion locale de l’hydroélectricité. Ils souhaitent établir un dialogue constructif avec les autorités grisonnes pour préserver cette ressource précieuse.
En 1948, la commune de Marmorera avait vendu à Zurich la concession pour la construction d’un réservoir, entraînant la submersion de leur village. Aujourd’hui, Baumer souligne que, bien que l’histoire soit douloureuse, elle n’est pas au cœur des discussions actuelles. Les préoccupations se concentrent sur la nécessité d’éviter le sacrifice de maisons lors d’éventuelles extensions de barrages.
Les débats autour des concessions actuelles interrogent également la valeur ajoutée de l’hydroélectricité pour les habitants de la région. Baumer note que, grâce à cette ressource, Marmorera a pu rester l’une des communes les moins imposées du canton, tandis que d’autres, comme Bivio, ont souffert de la pauvreté sans accès à de telles concessions.
La volonté des Grisons de récupérer la valeur générée par l’hydroélectricité est compréhensible. Baumer admet que cela pourrait renforcer l’économie locale, mais il rappelle que l’EWZ possède également une forte présence dans la région, offrant de nombreux emplois bien rémunérés à des employés qualifiés.
Alors que les discussions sur l’avenir de la gestion des centrales se poursuivent, les dirigeants de l’EWZ proposent un nouveau modèle qui permettrait aux communes et au canton de bénéficier des succès générés par les installations hydroélectriques. Cela impliquerait de repenser le système de rémunération actuel, qui date d’une époque révolue.
Si les communes avaient été propriétaires des centrales durant la récente crise énergétique, elles auraient pu profiter des prix élevés qui en ont découlé. Cependant, Loepfe rappelle que l’EWZ a traversé des périodes difficiles où les prix de marché étaient inférieurs aux coûts de production, ce que la plupart des communes n’auraient pas pu supporter.
En somme, la question de l’hydroélectricité dans les Grisons est à un tournant, nécessitant un équilibre entre les intérêts locaux et les réalités économiques. Les discussions en cours pourraient redéfinir les relations entre les cantons et les entreprises d’électricité pour les années à venir.