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« Vertu » est l’un des poèmes d’un recueil de vers intitulé Le temple (1633), que George Herbert a écrit au cours des trois dernières années de sa vie. À cette époque, il avait été ordonné dans l’Église anglicane et était devenu recteur à Bemerton, en Angleterre, près de Salisbury. Les poèmes d’Herbert sont lyriques et harmonieux, reflétant la voix douce d’un curé de campagne qui répand le message chrétien. Il apprécie la beauté de la création non seulement pour elle-même, mais aussi parce qu’il la voit comme un miroir de la bonté du Créateur. Pourtant, malgré le sentiment d’Herbert pour la beauté du monde, ses poèmes reflètent souvent le caractère éphémère de cette beauté et la folie de lui conférer une valeur réelle. Dans « Vertu », il présente une vision d’un monde éternel au-delà de celui accessible à la perception sensorielle.
Dans « Vertu », on trouve implicitement exprimé un conflit entre la rébellion et l’obéissance. Ce conflit discret se situe entre le désir de vivre des plaisirs mondains et le désir – ou, comme Herbert insisterait, le besoin – de s’abandonner à la volonté de Dieu. La bataille menée entre la rébellion et l’obéissance peut être vue plus clairement dans l’un des poèmes les plus connus de Le temple« Le collier ». Le poète « s’indigne » contre le joug de soumission qu’il doit porter jusqu’à ce qu’il entende la voix de Dieu l’appeler « enfant » ; puis, il cède avec soumission, le poème se terminant par l’invocation « Mon Seigneur ! » Cette conclusion indique que ce que le narrateur ressent face à l’expérience du monde naturel est moins authentique qu’une voix intérieure d’autorité qui le dirige vers Dieu.
La poésie d’Herbert est le résultat d’une conjonction entre l’intellect et l’émotion. Des structures soigneusement élaborées, comme les trois premiers quatrains, ou strophes de quatre lignes, de « Vertu », qui sont toutes formées de manière similaire, contiennent un contenu perçu de manière sensuelle, comme des représentations du jour, de la tombée de la nuit, d’une rose et du printemps. Une telle combinaison d’intellect et d’émotion, dans laquelle les deux forces, exprimées par des métaphores audacieuses et un langage familier, luttent et s’éclairent mutuellement, est particulièrement apparente dans la poésie d’un des contemporains d’Herbert, John Donne, et est appelée poésie métaphysique. Dans « Vertu », un exemple de cette combinaison de l’intellectuel et du sensuel peut être vu dans la deuxième ligne du troisième quatrain, lorsque le printemps est comparé à une boîte de bonbons compressés.
Dans « Vertu », qui comprend quatre quatrains au total, Herbert réfléchit à la beauté du monde vivant, mais aussi à la réalité de la mort. En créant une dynamique en passant de la gloire d’un jour à la beauté d’une rose, puis à la richesse du printemps, tout en répétant à la fin de chaque quatrain que tout « doit mourir », Herbert conduit le lecteur au dernier quatrain, légèrement différent. Là, la chose chérie n’est pas une manifestation tangible de la nature, mais la substance intangible d’une « âme douce et vertueuse ». Lorsque tout le reste succombe à la mort, l’âme « vit alors principalement ». Non pas par l’argumentation mais par une accumulation d’images, Herbert contraste les gloires passagères du monde mortel avec la gloire éternelle de l’âme immortelle et fait ainsi la distinction entre la valeur momentanée et la valeur éternelle.
« Vertu » et bien d’autres poèmes de Le temple peuvent être trouvés dans Prose et poésie du XVIIe siècleédité par Alexander M. Witherspoon et Frank J. Warnke et publié par Harcourt, Brace & World, en 1963.
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