mercredi, février 5, 2025

Vers une baisse des prix alimentaires ? Réactions à l’initiative de la TVA proposée par Scholz.

Le chancelier Olaf Scholz propose de réduire la TVA sur les aliments de 7 à 5 %, suscitant des débats parmi les économistes. Bien que certains estiment que cela aiderait les ménages à faibles revenus, d’autres critiquent le manque de ciblage et qualifient la mesure de « cadeau électoral ». Des experts soulignent que cette initiative pourrait avoir des effets limités sur les prix pour les consommateurs et engendrer des coûts administratifs élevés pour l’État.

Le chancelier Scholz fait sensation durant la campagne électorale en proposant de diminuer les impôts sur les produits alimentaires. Les économistes reconnaissent le potentiel bénéfique de cette initiative, mais critiquent également son caractère trop général.

La suggestion d’Olaf Scholz, chancelier fédéral, de ramener le taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée sur les aliments de sept à cinq pour cent, ne suscite pas un large soutien parmi les économistes. Lors d’une interview dans les tagesthemen, Scholz a affirmé que la mise en œuvre de cette réduction ne pèserait pas trop sur le budget fédéral.

Concernant la flambée des prix alimentaires en Allemagne, Scholz a déclaré : ‘Cela serait bénéfique pour de nombreuses personnes à faible revenu.’ Cependant, lorsqu’on lui a demandé si cette réduction s’appliquerait aussi à la restauration, il est resté vague. ‘Il est essentiel que nous agissions de manière claire et tangible, que chacun puisse constater dans son quotidien, notamment en ce qui concerne les courses au supermarché.’

La CDU accuse Scholz d’un ‘cadeau électoral’

La CDU rejette cette proposition qu’elle qualifie de ‘cadeau électoral’. Thorsten Frei, directeur de groupe de l’Union, a déclaré à RTL/ntv que la hausse des prix était le résultat d’une politique économique inadaptée. ‘Il est donc illogique de proposer des mesures électorales à l’approche des élections.’ Bien que les baisses d’impôts soient généralement positives, elles doivent s’inscrire dans un cadre économique et financier plus large, axé sur la croissance.

Mathias Middelberg, vice-président du groupe de l’Union, a également qualifié cette réduction d’ ‘appât électoral bon marché’. Il a plaidé pour un ‘soutien ciblé pour les ménages à faible revenu’, afin de rendre le travail plus rémunérateur par rapport aux aides sociales. Middelberg a aussi exprimé des doutes sur la transmission réelle de ces réductions aux consommateurs.

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Alerte d’un économiste

Friedrich Heinemann, fiscaliste au Centre de recherche économique européenne (ZEW), a jugé la proposition de réduire la TVA de sept à cinq pour cent comme coûteuse et mal ciblée. ‘Il est vrai que les aliments pèsent davantage dans le budget des ménages à faibles revenus’, a-t-il expliqué. ‘Cependant, des effets importants de transfert bénéficieraient également à la classe moyenne et aux plus riches.’

Heinemann a souligné que pour compenser les pertes de revenus, la communauté des contribuables devrait intervenir. ‘Si le prochain gouvernement continue d’accorder des exonérations, nous pourrions atteindre un taux de TVA de 20 ou 21 pour cent d’ici 2026,’ a-t-il averti, en évoquant les déclarations de Friedrich Merz, chef de l’opposition (CDU), sur l’application d’un taux réduit uniquement aux aliments.

Il a suggéré de réduire le nombre d’exemptions au taux normal de la TVA et, si cela devait être fait, d’abaisser ce taux. Cela constituerait également un pas vers la diminution de la bureaucratie.

Les ménages à faible revenu : un besoin accru d’aide

D’autres experts partagent des opinions divergentes : Carsten Brzeski, chef économiste chez ING, estime qu’une réduction de la TVA sur les aliments profiterait principalement aux ménages à faibles revenus. ‘Pour eux, les dépenses alimentaires représentent une part plus importante de leur budget que pour les ménages plus riches,’ a-t-il justifié. Un renforcement structurel du pouvoir d’achat est crucial. ‘Cette mesure contribuerait à réduire l’écart social, exacerbé par l’inflation des dernières années,’ a ajouté l’économiste.

La question de la TVA dans le secteur alimentaire et la restauration est un sujet récurrent en politique. En juillet 2023, Markus Söder, dirigeant de la CSU, avait proposé de suspendre la TVA sur les produits alimentaires essentiels, tout en maintenant le taux réduit pour la restauration. Kevin Kühnert, ancien secrétaire général du SPD, avait alors affirmé qu’il existait de meilleures solutions pour aider les ménages à faibles et moyens revenus.

La commission sur l’avenir de l’agriculture a même plaidé pour une hausse de la TVA sur la viande.

Impact fiscal : Une réduction partielle aux consommateurs

D’après Jens Boysen-Hogrefe, estimateur fiscal à l’institut de recherche économique de Kiel IfW, les pertes de revenus pourraient atteindre environ cinq milliards d’euros. Toutefois, il a souligné un ‘effet de retour’. La réduction de la TVA pourrait se traduire par une baisse des prix pour environ 80 pour cent, tandis que les 20 pour cent restants augmenteraient les bénéfices des fournisseurs, entraînant ainsi des recettes fiscales supplémentaires. Une TVA plus basse pourrait également contribuer à réduire le seuil de pauvreté. ‘Ces impacts se manifestent avec un certain retard, mais devraient alléger les finances publiques d’environ un milliard d’euros.’

L’association du commerce allemand (HDE) s’oppose à la proposition de Scholz, la qualifiant d’instrument inefficace pour atteindre des objectifs sociaux ou écologiques. Stefan Genth, directeur général, a indiqué que les taux de TVA réduits engendrent des coûts considérables pour l’État. ‘La législation sur la TVA est déjà complexe, et la gestion coûte cher, représentant entre un et quatre pour cent du chiffre d’affaires des entreprises. L’ajout de nouvelles réductions aux exonérations existantes ne ferait qu’accroître encore ces coûts administratifs,’ a-t-il averti.

Ce sujet a été couvert dans les tagesthemen le 10 décembre 2024 à 22h25.

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