Vernon God Little par DBC Pierre


Je vais essayer de faire cette critique assez longue, afin que vous lisiez un compte rendu réaliste de la qualité de ce livre avant de lire les licenciements grossiers et irréfléchis qui abondent ci-dessous.

Le fil conducteur de ces licenciements est la dénonciation de « Vernon God Little » comme une représentation irréaliste de la tragédie d’une fusillade dans une école, similaire à l’incident de Columbine High dans le Colorado il y a quelques années. Le fil conducteur rare mais extrêmement intelligent et de bon goût de *mon* argument à ce sujet est que «Vernon God Little» ne concerne qu’à peine une fusillade dans une école. Quelqu’un cite « Elephant » de Gus Van Sant comme une étude bien supérieure d’une tragédie. Eh bien, oui, c’est exact. Parce que ‘Vernon’ n’est pas du tout une étude sur une tragédie. C’est, cependant, une meilleure œuvre d’art globale que « Elephant » parce que ce film était complètement ennuyeux et ne contenait aucun éléphant réel. Ou des fusillades, si je me souviens bien.

Comme il me semble avoir commencé cette critique par une digression, permettez-moi de vous interrompre pour partager avec vous la citation, à la page 6, qui m’a accroché :

« L’adjoint Gurie arrache une bande de viande d’un os ; elle bat entre ses lèvres comme une merde prise à l’envers. »

C’est ce qu’on appelle un bijou. Et il y en a un sur chaque page de ‘Vernon.’

Les gens semblent penser que « Vernon » était censé être le massacre de Columbine comme « Extrêmement fort et incroyablement proche » l’était au 11 septembre, ou comme le documentaire « Terminator 2 » l’était à la prochaine rébellion des robots. Mais ce n’est pas.

La fusillade dans l’école n’est qu’un exemple du malaise et de l’absurdité plus vastes que DBC Pierre pointe du doigt avec « Vernon ». Même lire la première phrase du synopsis sur le rabat intérieur montrera que Pierre vise un peu plus haut qu’une reconstitution de la tragédie. Le nom de l’ami mexicain de Vernon qui a tiré sur 16 enfants et eux-mêmes est Jésus. Jésus a tué un tas d’enfants. Jésus tue VOS enfants. Et puis se suicider. Et Vernon ‘God’ Little est en fuite des flics.

Ce livre a la qualité très rare d’être à la fois follement drôle et étonnamment significatif. Pour cette raison, un texte de présentation au dos le compare à « A Confederacy of Dunces », et je suis d’accord. Bien qu’il y ait beaucoup plus de jurons et de sexe dans ‘Vernon’, ce qui le rend automatiquement meilleur.

Pierre crée également le personnage le plus sympathique que j’ai lu depuis, disons, le protagoniste de « The Floating Opera » de John Barth ou son visage dans « The Sun Also Rises ». Le genre de personnage principal qu’on ne peut s’empêcher de vouloir voir réussir. Ou encore William Stoner de ‘Stoner’ ou Bjartur de Summerhouses de ‘Independent People’. Des personnages qui ne peuvent tout simplement pas faire de pause, même s’ils en méritent probablement une.

De plus, toute la narration est dans le dialecte « putain » de Vernon, qui pourrait devenir vieux si ce n’était pas si drôle et que Pierre était moins de bon goût et moins habile avec ça. Mais il l’est, donc cela ne sert qu’à soutenir les sentiments chaleureux du lecteur envers «Vernon».

La métaphore dans ‘Vernon’ est terriblement puissante. Je ne trouve pas la page, mais quelque chose comme « Le ciel était comme un tas de boules de charpie sur un biscuit Graham détrempé. » Mmm. Peluche.

Qu’il suffise de dire que vous devriez lire ce livre, et vous devriez ignorer l’idée qu’il est censé être un hymne pour les vies perdues à Columbine High, car ce n’est pas le cas. Si vous pouvez vous départir de cette pensée, vous vous amuserez *au moins* à la lire, que vous soyez d’accord ou non avec l’appréciation de Pierre sur la culture pop américaine, car c’est une magistrale farce.

« Tu ne sais pas à quel point je veux être Jean-Claude Van Damme. Enfoncer son putain de pistolet dans son cul et m’enfuir avec un modèle de culotte. Mais regarde-moi : une touffe de cheveux bruns sans foi ni loi, les cils d’un chameau. De gros traits de chien chiot comme Dieu m’a fait passer à travers une putain de loupe. Vous savez tout de suite que mon film est celui où je vomis sur mes jambes, et ils envoient une infirmière pour m’interviewer à la place. « 



Source link