samedi, décembre 7, 2024

Varta cible les petits investisseurs : enjeux pour les entreprises traditionnelles

Varta, fabricant de batteries, traverse une crise majeure malgré un passé prometteur. L’entreprise, trop dépendante d’Apple, a subi une chute de revenus et a engagé un plan de restructuration pour réduire sa dette. Cette restructuration, qui prévoit une réduction drastique du capital, suscite des inquiétudes chez les petits investisseurs. Varta s’engage à maintenir ses sites en Allemagne tout en ajustant ses prévisions de chiffre d’affaires, espérant une reprise dans le secteur des systèmes de stockage d’énergie.

Une Évolution Troublée pour Varta

Le fabricant de batteries Varta traverse une période tumultueuse, marquée par une accumulation de défis. L’entreprise semble s’enfoncer dans une crise, avec un plan de restructuration en cours depuis l’été. Cette situation sera examinée lors d’une audience au tribunal à Stuttgart. Voici un aperçu des difficultés rencontrées par Varta et des perspectives d’avenir pour cette entreprise emblématique :

Les Débuts Prometteurs

Avant d’atteindre cette phase délicate, Varta, situé à Ellwangen en Souabe, connaissait une ascension fulgurante. En 2017, Michael Tojner a réussi l’introduction en bourse de la société, avec un soutien majeur provenant de la demande croissante pour les batteries lithium-ion rechargeables, utilisées notamment dans les écouteurs sans fil et les montres connectées. En 2019, Varta a consolidé sa position en acquérant la division des batteries domestiques, ce qui a permis à son chiffre d’affaires de presque quadrupler en quelques années. Des investissements massifs ont été réalisés pour étendre la production, entraînant également une augmentation de la dette.

Les Signes Avant-Coureurs de la Crise

La situation a commencé à se dégrader en 2022 lorsque Varta s’est révélée trop dépendante d’Apple, l’un de ses principaux clients. Lorsque la société américaine a cherché un nouveau fournisseur pour ses écouteurs sans fil, Varta a vu ses revenus chuter. Herbert Schein, alors PDG, a dû annuler les prévisions de chiffre d’affaires et a quitté son poste peu après. La combinaison d’une récession mondiale, d’une inflation élevée, d’une baisse de la demande dans le secteur de l’électronique grand public, ainsi que d’une concurrence accrue en provenance d’Asie, a exacerbé la situation. De plus, une tentative d’entrer sur le marché des batteries pour véhicules électriques n’a pas donné les résultats escomptés.

Varta a continué de se diriger vers une crise profonde, entraînant des mises en chômage partiel et des licenciements massifs. Pour aggraver les choses, une cyberattaque a perturbé la production dans ses usines allemandes. Des erreurs de gestion ont été pointées du doigt, et Tojner a reconnu que l’entreprise avait peut-être visé trop haut avec des projets ambitieux. Pour éviter la faillite, Varta a déposé une demande de restructuration pré-insolvabilité en juillet.

Le Plan de Restructuration

À l’été, Varta a élaboré un plan de restructuration avec ses créanciers majeurs, visant à réduire la dette de près d’un demi-milliard d’euros à 230 millions. Ce plan inclut également une réduction du capital social à zéro euro, signifiant que les actionnaires perdent toute compensation, entraînant la sortie de Varta du marché boursier. De nouvelles actions seront émises, mais uniquement pour des sociétés liées à Tojner et à Porsche, avec chacun devant investir 30 millions d’euros, tandis que les créanciers apporteront 60 millions sous forme de prêt.

La restructuration suit les dispositions de la loi sur la stabilisation et la restructuration des entreprises (StaRUG), qui prévoit une date de présentation et de discussion du plan avec les groupes de créanciers, suivie d’un vote pour son adoption. Selon le PDG Michael Ostermann, le soutien au plan est quasi unanime parmi les parties concernées.

Les Enjeux Actuels

Cependant, les petits investisseurs s’opposent fermement, craignant une expropriation. Dans le cadre de la procédure StaRUG, les droits des actionnaires peuvent être négligés. La direction affirme que cette mesure est inévitable, tandis que des défenseurs des droits des actionnaires, tels que la protection des petits investisseurs (SdK), ont porté plainte devant la Cour constitutionnelle fédérale, arguant que l’exclusion des droits de souscription viole la garantie de propriété.

Ostermann espère que la procédure sera finalisée d’ici fin décembre ou début janvier, si le plan est accepté. Cela entraînera l’annulation des actions et le retrait de Varta de la bourse. Les résultats financiers pour 2023 et plusieurs trimestres de 2024 devraient également être publiés, et il reste à voir si les actionnaires réussiront à contrecarrer le plan, ce qui pourrait retarder le processus.

Les Perspectives d’Avenir

Quant à l’avenir de l’entreprise, Varta s’engage à conserver tous ses sites en Allemagne, avec un effectif d’environ 4 000 employés, bien que des réductions dans l’administration soient à prévoir. Des recrutements seront effectués dans le secteur de la production. Varta a déjà ajusté ses prévisions de chiffre d’affaires à la baisse plusieurs fois cette année, s’attendant désormais à des revenus entre 750 et 800 millions d’euros. Ostermann demeure prudent mais optimiste, affirmant que les problèmes de Varta sont davantage liés aux dettes qu’à des difficultés opérationnelles. L’entreprise conserve une position forte sur le marché des biens de consommation et le secteur des appareils auditifs, tout en anticipant une reprise dans le domaine des systèmes de stockage d’énergie pour les installations photovoltaïques.

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