Le secteur automobile européen connaît une crise aiguë, incitant Ursula von der Leyen à appeler à une action rapide. Un dialogue stratégique a été lancé pour aborder la décarbonisation du transport, mais les ventes de véhicules électriques stagnent, menaçant les objectifs de l’UE. Les fabricants, confrontés à des sanctions financières pour non-respect des normes d’émissions, s’inquiètent de la viabilité de leurs opérations. La tarification du CO₂ prévue pour 2027 pourrait rendre les voitures à essence plus coûteuses, exacerbant les tensions politiques.
Le secteur automobile européen est en pleine crise, et l’urgence d’agir est ressentie par de nombreux politiciens.
Lorsqu’une situation devient critique, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est souvent présente. Lors d’une déclaration faite jeudi à Bruxelles, elle a insisté sur la nécessité d’une action rapide pour résoudre les problèmes actuels. Elle a initié un « dialogue stratégique » impliquant la Commission, l’industrie automobile et les syndicats, rassemblant plusieurs commissaires européens autour de cette question cruciale.
Les groupes de travail se concentreront sur un défi majeur : la décarbonisation du transport automobile, un projet de l’UE qui, bien que bien intentionné, semble déconnecté des réalités du marché.
Risques pour l’avenir des moteurs à combustion
À partir de 2035, l’UE prévoit que seuls les véhicules utilisant des carburants neutres en CO2 pourront être mis en circulation. Actuellement, cela inclut principalement les voitures électriques, dont la technologie progresse plus rapidement que celle des autres alternatives.
Cependant, ce projet ambitieux est en péril.
Les ventes de voitures électriques stagnent. En 2024, leur part de marché n’était que de 13,6 % dans l’UE, mettant en péril les objectifs de décarbonisation.
Des sanctions financières imminentes
Pour les fabricants automobiles, la situation est financièrement préjudiciable. Beaucoup ne parviennent pas à respecter les limites d’émission de CO2 imposées par l’UE, en particulier Volkswagen, tandis que d’autres, comme BMW, s’en sortent mieux. Les entreprises qui dépassent ces seuils risquent d’encourir des amendes qui peuvent atteindre des milliards d’euros. Elles peuvent choisir d’acheter des certificats de CO2 ou de réduire leur production, mais ces solutions mettent à mal leur solidité financière, surtout dans un contexte de baisse de production.
De plus, pour développer des véhicules électriques abordables, les constructeurs ont besoin de capitaux. Les exigences de l’UE concernant les émissions de CO2 s’intensifient, compliquant encore plus leur situation.
Face à cette impasse, la Commission européenne et les gouvernements des pays producteurs, comme la France, s’inquiètent. Trois ministres français ont récemment alerté dans un quotidien économique que l’industrie automobile s’achemine vers une crise sans précédent, avec une production passée de 3,3 millions à 1 million de véhicules en deux décennies.
Ces ministres cherchent à éviter que les fabricants ne soient contraints de payer des amendes excessives, mais la Commission ne semble pas prête à accepter cette proposition, ce qui serait injuste pour les fabricants respectant les règles, comme BMW.
Il est évident que le projet de « fin des moteurs à combustion » d’ici 2035 n’est pas en phase avec les attentes des consommateurs. De nombreux acheteurs continuent de privilégier des décisions rationnelles, et les voitures électriques n’apparaissent pas toujours comme la meilleure option en raison de leur prix élevé, de leur autonomie limitée et des difficultés de recharge. Les experts affirment que la transition vers la mobilité électrique est lente, bien en deçà des objectifs fixés.
Augmenter le coût de la pollution
Un mécanisme déjà en place pour résoudre ce problème est la tarification du CO2. À partir de 2027, les distributeurs de carburant et de diesel devront également compenser les émissions de gaz à effet de serre.
Conséquemment, conduire une voiture essence ou diesel pourrait devenir plus onéreux, rendant les véhicules électriques plus compétitifs. Un fonds social pourrait aider les ménages à faible revenu à faire face à ces hausses de prix, mais son fonctionnement reste à définir.
Cette situation rend le projet vulnérable. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a récemment exprimé de vives critiques sur la tarification du CO2, soulignant que la hausse des prix risquait de créer des tensions entre la population et les gouvernements.
À Bruxelles, le débat sur la « fin des moteurs à combustion » devrait se durcir. Pour le Parti populaire européen (PPE), principal groupe au Parlement, l’« interdiction des moteurs à combustion » est perçue comme une « erreur de politique industrielle », et ils aspirent à son annulation.
Cependant, les partis allemands CDU et CSU, membres du PPE, souhaitent maintenir la tarification du CO2 pour les voitures à partir de 2027, se démarquant ainsi de Tusk, qui appartient également au PPE.