*Grafted*, le premier long métrage de Sasha Rainbow, explore la quête d’acceptation à travers une lentille de body horror. Le film suit Wei, une femme en lutte avec son identité, qui s’engage dans des recherches macabres sur les greffes de peau pour honorer la mémoire de son père. À travers des thèmes de vulnérabilité et de dysmorphie, le récit soulève des questions sur la beauté et l’authenticité. Avec une atmosphère tendue et des effets gore innovants, *Grafted* offre une expérience cinématographique unique et perturbante.
Il est naturel de rechercher la visibilité et l’acceptation, même avec nos imperfections. Cette quête d’appartenance, à la fois vulnérable et potentiellement horrifique, pousse les personnages à franchir des limites dérangeantes pour échapper à l’exclusion. Les individus sont prêts à sacrifier leur véritable identité, tout cela pour être intégrés. C’est peut-être pourquoi Grafted, le premier long-métrage de la réalisatrice néo-zélandaise Sasha Rainbow, sort en parallèle avec un autre film traitant de la transformation physique pour être accepté. Grafted est à la fois un compagnon et un contrepoint de cette œuvre, chacun abordant des thèmes similaires avec des approches distinctes.
Grafted fusionne des éléments de Eyes Without A Face, Single White Female, et Re-Animator, tout en rappelant le style de Takashi Miike à travers certaines séquences marquantes. Ce film possède un noyau émotionnel constamment menacé par la cruauté et la destruction. C’est une œuvre audacieuse de Rainbow sur l’acceptation de soi, même si cela implique d’endosser la peau d’autrui.
Au cœur de l’intrigue, nous rencontrons Wei (Joyena Sun), une jeune femme en proie au doute et à l’incertitude. Sa quête de résoudre les recherches inachevées de son père sur la greffe de peau, qui a coûté la vie de ce dernier, lui offre une certaine satisfaction. Elle lutte avec son identité au point de ne plus maîtriser sa langue maternelle, se transformant en une ombre d’elle-même. En quête désespérée d’amour et d’acceptation, Wei démontre que notre essence va au-delà de notre apparence physique. Grafted souligne ce message poignant : nous sommes bien plus que notre apparence extérieure.
Au début, Wei apparaît comme un personnage authentique, embrassant ses imperfections. Cependant, son empathie se transforme en honte alors qu’elle commence à dissimuler sa vérité. Cette évolution est brillamment interprétée par Sun, offrant une performance à la fois virulente et émotive. Wei se retrouve consumée par la jalousie envers sa cousine Angie (Jess Hong), qui incarne la perfection. Ce contraste devient une métaphore inquiétante, semblable à celle de la « Patte de singe », où l’on doit faire attention à ses désirs. Les scènes évoquent le ton de Tales from the Crypt, créant une atmosphère palpable de tension chaque fois qu’une gentillesse est accordée à Wei, la plongeant dans l’incertitude quant à la sincérité des autres.
Des similitudes avec The Substance émergent tout au long de Grafted, notamment à travers des gros plans évocateurs sur la consommation et des publicités promouvant une perfection illusoire. Ce cadre de banlieue met en lumière les imperfections sous-jacentes d’une vie apparemment idyllique. Le film rappelle que même ceux qui sont physiquement « parfaits » peuvent souffrir d’une fragilité émotionnelle. Wei choisit de s’engager sur un chemin obscur et autodestructeur, alimenté par la notion trompeuse que beauté et laideur sont des fardeaux générationnels.
Les visuels évocateurs de Grafted renforcent son sujet, avec des scènes qui commencent par une innocuité trompeuse mais deviennent insidieusement sombres. L’image de femmes séduisantes masquées, juxtaposition à la science troublante de Wei, évoque une profonde émotion, car les deux cherchent à atteindre une forme de beauté. Les effets gore sont remarquables, remplis de gros plans dérangeants qui présentent le corps humain de manière crue. Certaines séquences ambitieuses, dignes d’un réalisateur chevronné, ajoutent une dimension captivante au film, qui rappelle parfois Audition, notamment à travers une conclusion mémorable.
Bien que Grafted réussisse globalement à créer une atmosphère de body horror convaincante, certains éléments peuvent sembler démesurés. Certaines relations manquent de profondeur, et des moments sont trop oniriques, floutant la frontière entre rêve et réalité. Néanmoins, même avec ces imperfections, le film reste une première œuvre audacieuse et confiante pour Rainbow, qui parvient à maintenir l’attention