Barbara Zangerl, grimpeuse autrichienne, a réalisé un exploit historique en gravissant la voie «Freerider» sur El Capitan en novembre, sans chute lors de sa première tentative. Après avoir dû mettre un terme à sa carrière en bloc à cause d’une hernie discale, elle a trouvé sa passion dans l’escalade avec corde. Avec son partenaire Jacopo Larcher, ils ont récemment réalisé plusieurs ascensions remarquables et ont reçu des conseils d’Alex Honnold pour leur tentative sur cette voie emblématique.
Pour Barbara «Babsi» Zangerl, une peur bien particulière portait un nom : Monster-Offwidth, une fissure impressionnante de 60 mètres de long. Pendant plusieurs années, cette athlète autrichienne a évité la célèbre voie «Freerider» sur El Capitan, un majestueux monolithe de granit de 1000 mètres situé dans la vallée de Yosemite, Californie.
Un exploit sans précédent
Ce mois de novembre, Babsi a réalisé un exploit incroyable en gravissant cette voie lors de sa première tentative, sans aucune chute. Ce moment restera gravé dans l’histoire de l’escalade, car aucun grimpeur, homme ou femme, n’avait jamais réussi une voie flash sur El Capitan auparavant.
Née en 1988 dans le Tyrol, Babsi Zangerl a trouvé les racines de son succès dans son enfance. À 14 ans, son frère l’a initiée à l’escalade en bloc dans un village voisin, une discipline où l’on grimpe à des hauteurs sécurisées par un matelas. À Flirsch, un cercle d’amateurs d’escalade s’est formé autour de Bernd Zangerl, une figure emblématique de l’escalade en bloc. Au sein de cet environnement stimulant, Babsi est rapidement devenue une grimpeuse de renom, réalisant le tout premier bloc de difficulté 8B par une femme, un exploit remarquable.
Une nouvelle voie après l’adversité
Malheureusement, un an après son succès, la jeune grimpeuse de 19 ans a dû mettre un frein à sa carrière en escalade en bloc suite à un diagnostic de hernie discale. Les chutes de plusieurs mètres sur un matelas n’étaient plus envisageables. Toutefois, elle a trouvé une nouvelle passion dans l’escalade avec corde, découvrant rapidement les nombreuses possibilités que cette discipline offrait.
Actuellement résidente en Vorarlberg, Babsi continue de travailler comme assistante en radiologie. Dans son appartement, les signes de sa passion pour l’escalade sont omniprésents : des chaussures de sport à l’entrée et des chaussons d’escalade dans le vestiaire, témoignant de son engagement. Partenaire de vie et d’escalade, Jacopo Larcher, un Italien, a même apporté une machine à café, créant une ambiance chaleureuse chez eux.
Ce couple dynamique a fait sensation sur la scène de l’escalade ces dernières années, s’illustrant tout particulièrement dans les grandes parois. En 2020, ils ont gravi la voie «Odyssee» dans la face nord de l’Eiger en une seule journée. Puis, en 2022, ils ont réalisé la troisième ascension libre de la célèbre «Eternal Flame» sur la tour Trango au Pakistan, culminant à 6240 mètres.
Au cours de l’été, Babsi a également gravi la célèbre «Magic Line» dans la vallée de Yosemite, devenant ainsi la deuxième femme à réaliser cet exploit, seulement cinq fois depuis sa première ascension. Quelques jours plus tard, Jacopo a également relevé le défi, et cette ascension a servi de préparation pour leur tentative de flash sur la «Freerider».
Considérée comme la voie d’escalade la plus emblématique au monde, la «Freerider» a été ouverte par Alexander Huber en 1995. Sa renommée a été propulsée par Alex Honnold, qui a réalisé un exploit mémorable en solo intégral en 2017, sans cordes ni protections, accompagné d’une équipe de caméramans.
Avant son ascension historique, Honnold avait gravi la voie entre 15 et 20 fois, tandis que Babsi et Jacopo n’avaient pas cette opportunité lors de leur tentative de flash. Bien que cela puisse sembler désavantageux, l’absence d’expérience directe offrait également une chance unique pour un succès immédiat.
Pour réussir, chaque mouvement devait être parfaitement exécuté, chaque prise maîtrisée. Babsi a décrit ce défi en évoquant la nécessité de courage et d’espoir pour que chaque pas soit solide. Bien qu’ils n’aient pas eu d’expérience directe des difficultés, ils avaient bénéficié des conseils d’Alex Honnold sur la meilleure façon de se reposer en cas de fatigue, ainsi que d’Emily Harrington, qui leur a recommandé d’utiliser une seconde chaussure d’escalade pour une meilleure prise.
Leur projet restait discret, mais trois caméramans les suivaient pour immortaliser cet exploit, tandis qu’un autre capturait leur ascension avec un objectif professionnel depuis en bas, ajoutant une dimension cinématographique à leur aventure.