Les syndicats américains ont récemment obtenu des augmentations salariales impressionnantes, avec des hausses allant jusqu’à 60 % dans certains secteurs. Cependant, une comparaison avec l’Allemagne révèle des distinctions importantes : les augmentations américaines, bien que spectaculaires, concernent souvent des périodes prolongées et ne représentent pas la tendance générale des salaires. En revanche, les salaires moyens allemands ont enregistré une augmentation stable, et le niveau de vie y est parfois plus accessible malgré un salaire annuel moyen inférieur.
Les syndicats américains ont récemment obtenu des augmentations salariales impressionnantes pour leurs membres. Cependant, en examinant ces hausses de salaires de 30 %, 50 % ou même plus de 60 %, et en les comparant à la situation en Allemagne, une image plus complexe émerge.
Les chiffres sont frappants pour de nombreux travailleurs allemands : les dockers de la côte est des États-Unis verront leur salaire grimper de plus de 60 % grâce à un nouvel accord collectif. De leur côté, les employés de Boeing ont récemment refusé une proposition d’augmentation de 25 % et réclament maintenant 40 %. L’année précédente, les syndicats ont réussi à obtenir des hausses salariales allant jusqu’à 33 % auprès des principaux constructeurs automobiles américains. Un accord récent avec le service de livraison UPS a également captivé l’attention, car le salaire annuel des chauffeurs a atteint 170 000 dollars (environ 156 000 euros).
Il convient de noter que les chiffres des salaires bruts aux États-Unis incluent parfois des éléments qui, en Allemagne, sont classés parmi les charges salariales couvertes par l’employeur. De plus, le coût de la vie demeure beaucoup plus élevé dans de nombreuses régions des États-Unis. Néanmoins, ces salaires atteignent des montants quasiment inaccessibles pour les employés allemands. Par exemple, un livreur d’un grand service de colis en Allemagne gagne en moyenne environ 35 000 euros par an, selon le site de recherche d’emploi Stepstone. En comparaison, même des hausses de salaires pour les dockers ou les travailleurs de l’automobile américaines semblent irréelles en Allemagne, où le syndicat IG Metall réclame une augmentation de 7 % et Verdi vise 8 % pour le secteur public. Quelles en sont les raisons ?
Tout d’abord, il est important de comprendre que les pourcentages évoqués lors des négociations sont souvent difficiles à comparer, car ils se rapportent à des périodes différentes. Par exemple, l’augmentation de plus de 60 % pour les dockers américains doit être répartie sur six ans, ce qui correspond à une augmentation légèrement supérieure à 8 % par an. L’accord entre le syndicat UAW et Ford, qui prévoit une augmentation de 30 % sur quatre ans et demi, illustre également cette nuance.
Comparaison des niveaux salariaux
Il est aussi essentiel de noter que de telles augmentations ne représentent pas fidèlement la tendance générale des salaires aux États-Unis. Les syndicats ont souvent utilisé comme justification des années de stagnation ou de baisse des salaires, comme c’est le cas chez Boeing. Bien que de nombreux travailleurs américains aient connu une baisse de leur pouvoir d’achat récemment, peu d’entre eux ont bénéficié d’augmentations significatives. Selon les dernières données gouvernementales, les salaires ont augmenté en moyenne de 4 % au cours de l’année écoulée. Après ajustement pour un taux d’inflation de 2,5 %, l’augmentation réelle s’établit donc à seulement 1,5 %.
En comparaison, les travailleurs allemands se situent dans une position légèrement plus favorable. D’après Destatis, les salaires ont enregistré une hausse de 5,4 % au deuxième trimestre 2024 par rapport à l’année précédente, avec une inflation de 2,3 %. Cela signifie qu’en termes réels, les employés allemands ont vu leur pouvoir d’achat augmenter de 3,1 % par rapport à l’année précédente, surpassant ainsi les hausses observées aux États-Unis.
Cependant, il est important de mentionner que les salaires totaux sont généralement plus élevés aux États-Unis. En 2023, selon les données de l’OCDE, le salaire annuel moyen s’élevait à 80 000 dollars (environ 73 000 euros) en Allemagne, contre environ 52 000 dollars (environ 48 000 euros) aux États-Unis. Toutefois, ces chiffres ne prennent pas en compte le fait que les Américains travaillent souvent davantage d’heures par semaine et profitent de moins de congés que leurs homologues allemands. De plus, le coût de la vie est considérablement plus élevé dans de nombreuses régions américaines.