mercredi, avril 2, 2025

Un volcan incontournable pour tous les passionnés de climat

À 3400 mètres d’altitude sur le Mauna Loa à Hawaï, une station d’observation fournit des données cruciales sur le changement climatique depuis 67 ans. Initiées par Charles David Keeling en 1958, ses mesures de CO₂ ont révélé une augmentation alarmante de la concentration de ce gaz dans l’atmosphère. Malgré son importance, la station fait face à des menaces de fermeture en raison de réductions budgétaires. Les travaux de Keeling ont fondamentalement transformé notre compréhension des impacts humains sur le climat.

Découverte du Changement Climatique au Sommet du Mauna Loa

À une altitude d’environ 3400 mètres sur le flanc nord du plus grand volcan actif de la planète, le Mauna Loa à Hawaï abrite une station d’observation qui, depuis 67 ans, a été le témoin privilégié des changements climatiques, nous offrant des données inestimables.

En mars 1958, le scientifique américain Charles David Keeling a entrepris des mesures de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Son travail est aujourd’hui célèbre sous le nom de courbe de Keeling, un graphique illustrant l’augmentation constante de la concentration de CO2 dans l’air.

Ce graphique est devenu emblématique du changement climatique causé par l’homme. Au moment où Keeling a commencé ses mesures, la concentration de CO2 était de 313 parties par million (ppm). Actuellement, elle avoisine les 420 ppm, ce qui signifie qu’il y a 420 molécules de CO2 pour chaque million de molécules d’air. Selon les données de l’Organisation météorologique mondiale, cela représente environ 3,276 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, un niveau sans précédent depuis 800 000 ans.

Récemment, des inquiétudes ont été soulevées quant à la pérennité de cette station, face aux mesures d’austérité du nouveau gouvernement américain, ce qui pourrait mener à sa fermeture.

La station est gérée par la NOAA, qui joue un rôle essentiel dans la collecte de données climatiques à l’échelle mondiale. Avec des centaines de licenciements récents, l’agence se trouve sous une pression accrue alors qu’elle continue de superviser l’entretien des instruments de mesure.

Bien que le Mauna Loa soit le principal site de mesure du CO2, il existe d’autres installations dans le monde, notamment en Suisse, au Jungfraujoch. Cependant, comme le souligne Nicolas Gruber de l’ETH Zurich, « le Mauna Loa est le lieu où Charles Keeling a débuté ses mesures de CO2 », et ses travaux ont été cruciaux pour la compréhension des dynamiques de carbone.

Une Révélation Cruciale pour la Science Climatique

Les découvertes de Keeling ont marqué un tournant décisif dans la recherche climatique. Avant ses mesures, de nombreux climatologues pensaient à tort que la combustion des combustibles fossiles n’affectait pas le climat, croyant que l’océan absorbait la totalité du CO2 émis. Gruber rappelle comment les données de Keeling ont révélé une réalité alarmante : « Soudain, nous avons pris conscience d’un problème », a-t-il déclaré, soulignant que ces mesures ont véritablement lancé la recherche sur le climat moderne.

De plus, Charles Keeling a démontré que la biosphère « respire », entraînant des variations saisonnières du CO2 atmosphérique, comme l’indique son fils Ralph Keeling, gardien de l’héritage scientifique de son père. Ralph souligne non seulement l’augmentation du CO2, mais aussi son taux de croissance exponentiel.

Le choix du Mauna Loa comme site de mesure n’est pas anodin. L’emplacement éloigné des sources de pollution permet d’obtenir des échantillons d’air pur, essentiels pour des résultats précis. Gruber mentionne également que Keeling avait précédemment commencé ses recherches au pôle Sud, mais ces mesures n’étaient pas effectuées de manière continue, rendant les données moins significatives.

Ralph Keeling poursuit le travail de son père à la Scripps Institution of Oceanography à San Diego. En plus du dioxyde de carbone, il étudie d’autres gaz, notamment l’oxygène. Il compare les observations à long terme à conduire dans l’obscurité sans phares : « On ne peut pas voir ce qui nous entoure, ni ce qui se profile devant nous. »

Malheureusement, les études à long terme manquent souvent d’attrait pour les investisseurs, qu’ils soient publics ou privés, car elles ne produisent pas toujours des résultats immédiats ou spectaculaires.

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