Louis Margot, un aventurier de 32 ans, navigue en solitaire dans le Pacifique à bord d’un petit bateau. Après un an et demi de voyage, il a déjà parcouru 6000 kilomètres. Sa traversée de 15 000 kilomètres est marquée par des moments de solitude et de routine. Il lutte contre des douleurs physiques et la monotonie, tout en cherchant à maintenir sa santé mentale. Inspiré par des explorateurs, il explore également ses émotions et ses peurs, considérant l’océan comme sa nouvelle maison.
Sur son bateau à rames, Louis Margot a dissimulé quelques canettes de bière. Il préfère ne pas voir sa boisson favorite constamment à portée de main, la gardant comme une récompense. À 32 ans, il a déjà consommé quatre des six canettes, une après un mois, deux lors des fêtes de Noël et une autre pour le Nouvel An. Il prévoit de savourer la dernière le jour de son anniversaire, le 2 mars, espérant peut-être être déjà sur la terre ferme. Margot envisage même l’idée d’une bière en poudre : « Cela me permettrait d’en emporter davantage, mais cela n’est pas réalisable à cause du poids. »
Un Voyage Éprouvant au Cœur du Pacifique
Louis Margot navigue actuellement en plein Pacifique, à bord d’un petit bateau de moins de dix mètres. La prochaine île se trouve à plus de 1000 kilomètres. Il a entrepris, il y a un an et demi, le défi audacieux de faire le tour du monde à la force de ses bras. Après avoir pédalé de Morges au Portugal, traversé l’Atlantique en 76 jours et fait du vélo de la côte caraïbe colombienne à Lima au Pérou, il est désormais face à son plus grand défi : la traversée du Pacifique, soit 15 000 kilomètres sur l’eau, qu’il souhaite réaliser en deux étapes.
Son quotidien est parsemé de hauts et de bas. Aujourd’hui est une journée mitigée. Le soleil brille intensément et l’eau scintille. Margot fait une pause pour échapper à la chaleur. Au téléphone, il confie : « Ça va. Mais je ressens la solitude. » Cela fait 98 jours qu’il n’a croisé âme qui vive, aucun bateau à l’horizon. Il a déjà ramer presque 6000 kilomètres.
Un Combat Contre la Solitude et la Routine
Les douleurs s’installent, particulièrement au niveau des fesses, après tant de temps sur le banc de rame, et ses nuits sont agitées dans cette petite coque qui tangue sans relâche. La nourriture lyophilisée commence à lui peser. Lors de son passage au Pérou, il a fait le plein de provisions pour 250 jours, espérant qu’elles lui suffisent pour les trois à quatre semaines restantes avant d’atteindre Hiva Oa, en Polynésie française. Margot exprime : « Mon principal objectif est de maintenir ma santé mentale. »
Il compare parfois sa situation à celle d’un prisonnier, bien qu’il soit le seul maître de son destin : « J’essaie de garder mon esprit occupé et de me divertir, » explique-t-il. Il apprend l’espagnol, joue aux échecs contre l’ordinateur, lit et écoute des podcasts. Les récits des grands explorateurs, de Magellan à Amundsen, l’inspirent.
Margot a également lu « Kon-Tiki » de Thor Heyerdahl, qui a traversé le Pacifique en 1947 sur un radeau, prouvant que les autochtones péruviens avaient colonisé les îles polynésiennes bien avant le 15ème siècle. Contrairement à lui, Heyerdahl avait des compagnons à bord.
Malgré ses efforts pour se distraire, la solitude et l’immensité de l’océan pèsent parfois lourdement sur lui. « Les dimensions du Pacifique sont inimaginables, » admet-il. Assis dans son petit bateau, avançant lentement à 55 à 60 kilomètres par jour, il ressent parfois un profond désespoir et se questionne sur le sens de son aventure.
Autrefois, Margot était une personne pragmatique, un ingénieur brillant. Jeune, il a même fait partie de l’équipe nationale suisse d’aviron et a été champion du monde junior. Il a vécu des expériences marquantes, comme la célèbre course de bateaux sur la Tamise pendant ses études à Cambridge. Après avoir travaillé dans l’industrie solaire, il a gagné un bon salaire, mais craignait de voir son avenir figé pour les quarante prochaines années. « Je voulais accomplir quelque chose de grand, » confie-t-il. Au départ, il avait prévu de ramer seulement à travers l’Atlantique, mais il a compris que cela ne suffirait pas. C’est ainsi qu’est née l’idée du tour du monde, le défi ultime.
Margot a échappé à la routine d’un emploi fixe, mais ramer sur les mers est devenu son quotidien. Il se lève avec le soleil, prend son petit-déjeuner composé de muesli et de thé, puis rame trois à quatre heures avant de faire une pause. Après une sieste, il ramer jusqu’à la nuit tombée, puis il lit des livres, regarde des films, médite et tente de s’endormir. Au Pérou, il a acheté un harmonica et joue « Frère Jacques », une mélodie de son enfance. Il admet : « Je joue mal, mais de toute façon, personne ne m’entend. »
Lors de sa traversée de l’Atlantique l’année précédente, il ne s’est guère ennuyé. La mer était plus agitée, le temps changeant et il croisait parfois des cargos ou des voiliers qui lui apportaient des provisions. Mais maintenant, sur le Pacifique, les jours se mélangent et peu importe si c’est dimanche ou mercredi ; il vit au rythme du soleil. « Sur le Pacifique, je suis devenu un robot. Chaque jour est identique. » Cela l’aide à se concentrer sur son objectif, même s’il se sent parfois comme s’il exerçait le métier le plus ennuyeux du monde.
Les réponses à ses interrogations dépendent souvent de son état d’esprit. Parfois, il ressent de la culpabilité et se demande pourquoi il inflige cela à ses parents. « Dans les moments sombres, je me sens égoïste, mais quand je suis de bonne humeur, je pense que je les rends fiers avec ce projet, » dit-il. Sur le Pacifique, il explore son identité profonde : « J’apprends à connaître de nouvelles émotions, ce n’est pas toujours agréable. »
Bien qu’il ne souhaite pas s’étendre sur ses pensées, il confie une chose : « Quand j’ai quitté le Pérou, avec des milliers de kilomètres d’eau devant moi, la peur m’a envahie. » Il lui a fallu deux semaines pour surmonter cette angoisse : « J’ai compris que j’étais capable de supporter mes peurs. C’est un sentiment incroyable. »
Margot considère désormais l’océan comme sa maison, mais il est tout de même surpris de la pression que la solitude exerce sur lui. « Même si j