Un roman demande : comment un homme devrait-il écrire sur les femmes ?

La dernière section, «Ma mère», est écrite dans une prose délicieusement sobre et tendre. (Elizabeth Harris, ici en particulier, traduit avec une touche légère et gracieuse.) Décrivant une soirée au théâtre avec sa mère, Marcello note «la parenté de nos corps, de la même manière que nous nous précipitons tous les deux pour prendre place et ne nous installons jamais tout à fait dans. » Dans ses précédents romans, Pacifico a esquissé une relation parentale importante avant tout pour ses bénéfices financiers. Son ton ici, cependant, suggère une attitude au-delà de la gratitude, approchant le respect, pour la génération qui a vécu et prospéré après le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale.

Le désir déclaré de Marcello – ce qu’il appelle « le vrai but du livre » – est de comprendre « ce qu’il reste à un homme à écrire quand il écrit sur les femmes ». Si l’objectif de l’écrivain masculin n’est ni de porter de jugement sur ses personnages féminins ni de les réduire au stéréotype, « reste-t-il quelque chose ? C’est une question révélatrice à la fois pour le sujet et pour l’auteur, le premier essayant de rendre justice aux femmes qu’il aime, le second essayant, pour la première fois peut-être, de travailler sur un mode sincère plutôt que satirique.

Pacifico trouve sa réponse dans une sorte de reportage mélancolique, s’efforçant de ne pas interpréter ces femmes mais simplement de les mettre en scène. La mère de Marcello n’est finalement pas comprise ; elle est pourtant vue. Pacifico utilise également ce mode dans l’auto-description de Marcello. Lorsque, à la fin du roman, une rencontre sexuelle qui semble d’abord consensuelle devient une agression, il reste largement descriptif, véhiculant ses sentiments sur le moment sans prétendre que ceux-ci peuvent excuser son comportement. « Je ne vais pas, » dit Marcello, « détruire les preuves. »

« Les mots sont le feu purificateur », écrit Pacifico dans « Class ». « Le purgatoire est un espace de langage pur dans lequel les morts examinent, seuls mais guidés par la force invisible des anges, les travers de leur vie. » Les deux premiers romans de Pacifico ont mis en évidence les défauts de leurs personnages ; elles étaient aussi, notamment, narrées au moins en partie par des personnages qui se sont avérés morts. Avec « The Women I Love », Pacifico semble être passé du purgatoire à un royaume moins accablant, dans lequel les défauts humains doivent être exposés mais aussi plaints, pas moqués.

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