dimanche, mars 16, 2025

Un nouvel ordre mondial : renaissance du Westen après l’ère Trump

Robert Kagan met en garde contre le déclin de l’ordre mondial libéral, soulignant l’importance d’un leadership américain pour contrer les forces illibérales. Sous Trump, cette dynamique s’aggrave, avec une remise en question des frontières nationales et une diminution du soutien aux alliés, notamment l’Ukraine. Les tensions entre les États-Unis et l’Europe s’intensifient, menaçant la crédibilité de l’OTAN. Malgré ces fractures, les liens historiques entre les deux continents restent forts, nécessitant un ajustement des stratégies pour préserver leurs intérêts communs.

L’état actuel de l’ordre mondial

Il y a six ans, l’expert américain en politique étrangère, Robert Kagan, a captivé l’attention avec une thèse inquiétante. Son ouvrage, intitulé « La jungle reprend ses droits », mettait en lumière le déclin progressif de l’ordre mondial libéral. Kagan soulignait que, bien que les États-Unis aient été les architectes de cet ordre, leur compréhension de sa valeur était en déclin. Cet ordre, qui repose sur des marchés libres et des principes démocratiques, est essentiel pour prévenir le retour à une ère de guerres incessantes et d’autoritarisme. Comme un jardin, il nécessite des soins constants de la part d’une puissance régulatrice comme les États-Unis, faute de quoi la jungle – symbole des forces illibérales – s’impose.

Des conséquences alarmantes pour l’Europe

À l’époque, Kagan était perçu comme un pessimiste, mais il semble aujourd’hui que ses avertissements n’étaient pas suffisamment alarmants. Si, auparavant, l’inquiétude portait sur le désengagement des États-Unis en tant que gendarme mondial, la situation actuelle est plus préoccupante. Sous l’administration Trump, cette jungle est non seulement tolérée, mais encouragée, sapant ainsi les fondements de l’ordre mondial libéral.

Le principe d’inviolabilité des frontières nationales semble désormais obsolète. Trump, en tant que président, est le premier à revendiquer des droits territoriaux sur des nations étrangères sans retenue. Son approche du libre-échange, illustrée par des droits de douane imposés au Mexique et au Canada, montre non seulement une méprise sur les bénéfices de l’échange libre, mais constitue également une violation des accords commerciaux établis avec ces nations.

La fracture causée par l’élection de Trump est plus profonde que ce que les optimistes avaient anticipé. Ce n’est plus une simple discussion sur la répartition des responsabilités au sein de l’alliance transatlantique, mais un abandon manifeste de l’Europe face à une crise de sécurité croissante. Les États-Unis diminuent leur aide militaire à l’Ukraine, tout en déclenchant une guerre commerciale contre leurs alliés, ce qui impose une charge économique supplémentaire à l’Europe déjà en proie à des tensions sécuritaires.

Trump semble également voir l’Union européenne comme une menace. Son administration tente de diviser ses membres et de soutenir des partis illibéraux, à l’image des stratégies de Poutine. Les tensions entre l’Amérique et l’Europe ne sont pas nouvelles, mais l’aliénation actuelle est sans précédent, dépassant même les crises passées comme celle de Suez ou la guerre en Irak. La crédibilité de l’OTAN, l’une des alliances militaires les plus fructueuses de l’histoire, est gravement remise en question.

Concernant l’Ukraine, bien que non membre de l’alliance, sa survie en tant qu’État souverain est cruciale pour la sécurité européenne. Sa domination par Moscou ne ferait qu’encourager les ambitions du Kremlin et renforcerait sa présence militaire en Europe centrale. Pourtant, Trump semble indifférent à ce sort, minimisant l’importance de l’Ukraine et envisageant des « accords » avec le régime de Poutine, en dépit des préoccupations européennes.

Les différences stratégiques entre les États-Unis et l’Europe deviennent de plus en plus évidentes, révélant une fracture au sein de la communauté des valeurs occidentales. Le politologue Stephen Walt a récemment exprimé sa consternation en déclarant que « l’Amérique est maintenant l’ennemi de l’Europe ». Cependant, il serait erroné de considérer que l’Occident est sur le point de disparaître. Les liens historiques, culturels et économiques entre l’Amérique et l’Europe demeurent solides, et il est probable que des tendances plus équilibrées émergeront à l’avenir.

Pour que cette relation survive, il est impératif que les deux côtés de l’Atlantique abandonnent leurs erreurs fondamentales. L’illusion de Trump repose sur la croyance qu’il peut laisser l’Europe à elle-même face à l’impérialisme russe sans nuire aux intérêts américains. Si les États-Unis continuent sur cette voie, cela pourrait entraîner des conséquences désastreuses non seulement pour l’Europe, mais également pour leurs propres intérêts.

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