Un groupe de psychologie américain publie des recommandations pour l’utilisation des médias sociaux par les enfants

L’une des organisations de santé mentale les plus importantes aux États-Unis a publié un ensemble de directives conçues pour protéger les enfants des dommages potentiels des médias sociaux.

L’American Psychological Association (APA) a publié mardi son tout premier avis de santé sur l’utilisation des médias sociaux, répondant aux inquiétudes croissantes quant à la façon dont les réseaux sociaux conçus pour les adultes peuvent avoir un impact négatif sur les adolescents.

Le rapport ne dénonce pas les médias sociaux, affirmant plutôt que les réseaux sociaux en ligne « ne sont pas intrinsèquement bénéfiques ou nocifs pour les jeunes », mais doivent être utilisés de manière réfléchie. L’avis de santé ne traite pas non plus de plateformes sociales spécifiques, mais s’attaque plutôt à un large éventail de préoccupations concernant la vie en ligne des enfants avec des conseils de bon sens et des idées compilées à partir de recherches plus larges.

Les recommandations de l’APA se concentrent sur le rôle des parents, mais l’avis dénonce les algorithmes qui poussent les jeunes utilisateurs vers des contenus potentiellement préjudiciables, y compris des messages qui encouragent l’automutilation, les troubles de l’alimentation, le racisme et d’autres formes de haine en ligne.

D’autres recommandations portent sur les habitudes et les routines des enfants, qui relèvent en grande partie du domaine des soignants adultes. L’APA encourage des dépistages réguliers pour « l’utilisation problématique des médias sociaux » chez les enfants. Les drapeaux rouges incluent des comportements qui suivent les symptômes d’une dépendance plus traditionnelle, notamment passer plus de temps que prévu sur les réseaux sociaux et mentir pour maintenir l’accès aux sites de réseaux sociaux.

Dans le même ordre d’idées, l’APA recommande aux parents de rester vigilants pour empêcher les médias sociaux d’interrompre les routines de sommeil et l’activité physique – deux domaines qui ont un impact direct et sérieux sur la santé mentale des enfants. « Un sommeil insuffisant est associé à des perturbations du développement neurologique du cerveau des adolescents, du fonctionnement émotionnel des adolescents et du risque de suicide », déclare l’avis.

Certaines des recommandations ne sont pas particulièrement faciles à naviguer dans le paysage actuel des médias sociaux, même pour les adultes. Une partie de l’avis de santé conseille de limiter le temps que les jeunes utilisateurs passent à se comparer à d’autres personnes sur les applications de médias sociaux, « en particulier autour du contenu lié à la beauté ou à l’apparence ».

« La recherche suggère que l’utilisation des médias sociaux pour des comparaisons sociales liées à l’apparence physique, ainsi qu’une attention excessive et des comportements liés à ses propres photos et aux commentaires sur ces photos, sont liés à une image corporelle plus faible, à des troubles de l’alimentation et à des symptômes dépressifs, en particulier chez les filles », déclare l’APA, citant de nombreuses recherches.

L’APA souligne que les résultats sur les réseaux sociaux sont également façonnés par les expériences hors ligne, et celles-ci varient considérablement d’un enfant à l’autre.

« Dans la plupart des cas, les effets des médias sociaux dépendent des caractéristiques personnelles et psychologiques et des circonstances sociales des adolescents, qui se recoupent avec le contenu, les caractéristiques ou les fonctions spécifiques offerts par de nombreuses plateformes de médias sociaux », a écrit l’APA. « En d’autres termes, les effets des médias sociaux dépendent probablement de ce que les adolescents peuvent faire et voir en ligne, des forces ou des vulnérabilités préexistantes des adolescents et des contextes dans lesquels ils grandissent. »

L’organisation met également en garde les parents et les plateformes sur les fonctionnalités de conception destinées aux adultes auxquelles les jeunes utilisateurs pourraient être plus sensibles, y compris les recommandations algorithmiques, comme les boutons et le défilement sans fin. Ces fonctionnalités, ainsi que la publicité diffusée auprès des utilisateurs de moins de 18 ans, ont été de plus en plus critiquées par les régulateurs cherchant à protéger les enfants contre la manipulation par des fonctionnalités conçues pour façonner le comportement des adultes.

L’APA recommande un degré raisonnable et adapté à l’âge de «surveillance des adultes» par le biais de contrôles parentaux au niveau de l’appareil et de l’application et exhorte les parents à modéliser leurs propres relations saines avec les médias sociaux.

« La science démontre que l’orientation et les attitudes des adultes (par exemple, les soignants) envers les médias sociaux (par exemple, utiliser pendant les interactions avec leurs enfants, être distrait des interactions en personne par l’utilisation des médias sociaux) peuvent affecter la propre utilisation des médias sociaux par les adolescents, », écrit l’APA.

Un dernier conseil est celui dont la plupart des adultes bénéficieraient également : renforcer la littératie numérique sur un certain nombre de sujets de médias sociaux, y compris comment reconnaître les tactiques de désinformation et comment résoudre les conflits qui proviennent des plateformes sociales.

Source-146