Le responsable du programme BEAD a exprimé des inquiétudes quant à une éventuelle modification des règles en faveur de Starlink, ce qui pourrait nuire à l’accès à Internet haut débit pour les communautés rurales. Il met en garde contre les conséquences financières et techniques d’une transition vers l’Internet par satellite, soulignant que cela pourrait compromettre les normes de vitesse et de latence. Les critiques pointent également la tendance à la baisse des vitesses de Starlink, malgré son expansion.
Un Avertissement sur l’Avenir de l’Internet Rurale
Le responsable du programme de large bande le plus ambitieux de l’histoire américaine a partagé ses réflexions dans un courriel vibrant d’optimisme le 16 mars. Il a mis en garde ses collègues sur le risque que des millions d’Américains vivant en zone rurale puissent se retrouver avec des vitesses Internet dégradées si les règles en faveur de l’entreprise de satellite Internet d’Elon Musk, Starlink, sont modifiées.
Ce courriel d’adieu, révélé par Craig Silverman de ProPublica sur Bluesky, soulève des inquiétudes concernant les modifications envisagées pour le programme d’équité, d’accès et de déploiement de la large bande (BEAD), qui pourrait changer l’orientation actuelle en faveur de la fibre au profit de l’Internet par satellite. « C’est une opportunité que nous avions pour améliorer la vie des communautés rurales, et cela semble s’éclipser, » a déclaré Feinman dans une interview. « Nous avons encore un peu de temps pour éviter cette erreur, mais pas beaucoup. »
Les Implications Financières de la Transition vers Satellite
Jusqu’au 16 mars, Feinman a dirigé le BEAD, un fonds colossal de 42,5 milliards de dollars mis en place par la loi sur l’investissement dans les infrastructures et les emplois de 2021. Il a indiqué que l’administration précédente n’avait pas renouvelé son contrat.
Si les règles de BEAD sont modifiées pour privilégier les connexions satellitaires, le service Internet Starlink pourrait en bénéficier de manière significative. Bien que le projet Kuiper d’Amazon soit également éligible aux financements, il ne dispose actuellement que de deux satellites prototypes, contre plus de 7 000 pour Starlink. Les fournisseurs de services Internet par satellite géostationnaires comme Hughesnet et Viasat ne répondent pas aux exigences de latence du BEAD, ce qui les rend inéligibles à ce programme.
Le financement de BEAD est attribué à chaque État par l’Administration nationale des télécommunications et de l’information, sous l’égide du Département du Commerce. L’administration Biden a clairement exprimé sa préférence pour le déploiement de la fibre dans les zones rurales, considérée comme la norme en matière de connectivité Internet.
Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, envisage une approche plus « neutre en matière de technologie » pour le BEAD, ce qui pourrait rapporter entre 10 et 20 milliards de dollars à Starlink, contre 4,1 milliards selon les règles précédentes. « Certains scénarios alarmants indiquent que 50 % ou plus des fonds pourraient aller à Elon Musk, » a ajouté Gigi Sohn, directrice exécutive de l’Association américaine pour la large bande publique.
Le coût de déploiement de la fibre dans certaines régions rurales reste prohibitif, atteignant jusqu’à 130 000 dollars par foyer dans l’ouest du Texas. « Lutnick semble croire que financer la fibre au lieu du satellite est une perte d’argent, » a déclaré Blair Levin, ancien chef de cabinet de la FCC.
La décision sur combien Starlink pourra tirer de BEAD dépendra des seuils fixés par la NTIA. Une source a mentionné qu’un projet de loi récent prévoyait initialement un seuil de coût de 25 000 dollars pour la fibre, mais cela a été supprimé. Si les coûts dépassent ce montant, les États pourraient se tourner vers des « technologies alternatives » comme Starlink.
Feinman a exprimé ses préoccupations concernant ce changement de cap vers le satellite, soulignant que cela nuirait gravement aux communautés rurales. « Il est inacceptable de condamner ces communautés à des résultats éducatifs, économiques et de santé inférieurs en raison d’une mauvaise prise de décision, » a-t-il déclaré.
Les critiques soulignent que Starlink ne respecte pas les exigences de vitesse de BEAD : 100 Mbps en téléchargement, 20 Mbps en envoi, et une latence inférieure à 100 ms. Actuellement, seule la latence de Starlink est conforme, mais elle reste inférieure à la moyenne nationale.
Les données d’Ookla démontrent que les vitesses de Starlink ont tendance à diminuer, passant de 105 Mbps en décembre 2021 à 79 Mbps deux ans plus tard. Bien que Starlink ait lancé de nombreux satellites depuis son lancement en 2019, la demande croissante a entraîné une baisse des vitesses, avec de nombreux clients incapables d’accéder au service dans diverses villes américaines.
Starlink a affirmé que ses nouveaux satellites résoudraient les problèmes de capacité, mais cela reste à prouver, surtout si des millions de foyers se connectent grâce à BEAD. « Nous savons que les utilisateurs de données n’utilisent jamais moins de bande passante que le jour précédent, » a conclu Feinman.