Donald Trump, lors de son troisième jour à la présidence, a exprimé des menaces à la Russie pour mettre un terme au conflit en Ukraine, appelant à un « accord » sous peine de conditions aggravantes. Il a évoqué des sanctions et des tarifs douaniers, tout en faisant référence à l’aide soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, provoquant une réaction du Kremlin. Malgré ses affirmations, la Russie ne montre pas d’intérêt pour des négociations, cherchant à étendre son influence en Europe de l’Est.
Au cours de son troisième jour à la présidence, Donald Trump a livré ses premières réflexions détaillées sur la manière dont il envisage de mettre un terme au conflit en Ukraine. Fait notable, Trump a choisi de s’adresser directement à la Russie avec des menaces claires. Il a pressé Moscou de proposer un « accord » immédiatement, tout en avertissant que les conditions ne feraient qu’empirer. Pour exercer une pression, il a mentionné des sanctions et des tarifs douaniers à l’encontre de la Russie et de ses alliés, une approche qui marque un changement par rapport à ses allusions vagues durant la campagne électorale. Cela soulève néanmoins des questions sur l’interprétation de ses dernières déclarations.
Un compliment qui prête à confusion
Parmi les nombreuses excentricités de Trump, il a semblé faire un hommage à la Russie en évoquant son « aide » durant la lutte contre l’Allemagne nazie dans la Seconde Guerre mondiale. Cependant, il a avancé un chiffre de 60 millions de pertes humaines, qui dépasse largement les estimations communes, provoquant une réaction immédiate du Kremlin, qui s’est senti offensé par ses mots. En effet, la Russie ne considère pas l’ancienne Union soviétique comme une bénéficiaire de l’aide américaine, mais comme un acteur central de l’ancienne coalition anti-Hitler.
De plus, Trump a mélangé son discours sur la Russie avec une attaque politique interne, qualifiant de nouveau les enquêtes sur les liens de son équipe avec Moscou de « fraude de la gauche radicale », malgré les preuves qui justifient ces investigations. Au fond, le message de Trump semble indiquer qu’il ressent le besoin d’intensifier la pression sur la Russie.
Le ton de son discours est frappant, évoquant des dialogues de films de mafia. Trump commence par affirmer qu’il n’a pas l’intention de nuire à la Russie, mais il ajoute rapidement un « mais » décisif. Il déclare : « Nous pouvons procéder de façon douce ou dure – la douce est toujours préférable », ce qui rappelle le style de son homologue russe. Avant l’invasion de l’Ukraine, Poutine avait menacé son voisin avec une phrase équivoque : « Que cela te plaise ou non, il te faudra le supporter. »
Trump semble se percevoir en position de force, s’exprimant comme si la Russie n’avait d’autre choix que d’accepter un accord pour mettre fin à la guerre. Selon lui, l’économie russe est en déclin, et il présente son approche négociatrice comme un « service » qu’il rend à Poutine.
La Russie a une vision différente
Cependant, cette perspective peut s’avérer illusoire. Poutine n’a montré aucun signe d’ouverture pour engager des négociations dans un avenir proche. Il a réaffirmé cette semaine que le conflit ne devait pas être considéré comme une simple pause, mais comme un processus de règlement profond, prenant en compte les intérêts russes. En d’autres termes, le Kremlin cherche à réaliser des objectifs plus larges, tels que l’extension de son contrôle territorial et l’affaiblissement de l’OTAN en Europe de l’Est.
Moscou se sent renforcé par ses récents succès territoriaux et l’épuisement des ressources militaires ukrainiennes. Trump semble penser que Poutine redoute un effondrement économique, mais cette évaluation pourrait être erronée. Bien que la Russie traverse des difficultés économiques graves, avec une inflation à 10 % et des déséquilibres dans sa production, son économie n’est pas au bord de l’effondrement.
Dans ce contexte, on peut s’interroger sur l’efficacité des nouvelles sanctions américaines. Trump mentionne les tarifs douaniers, un terme qu’il a qualifié de l’un des plus précieux de son vocabulaire. Cependant, les importations russes, qui ont chuté à cause du conflit, ne s’élèvent qu’à trois milliards de dollars par an, un montant insuffisant pour impressionner le Kremlin.
Les sanctions économiques offrent un potentiel bien plus grand. Le gouvernement Trump devrait donc se concentrer sur cette voie. Le ministre des Finances récemment nommé, Scott Bessent, a plaidé pour des sanctions plus sévères contre les entreprises pétrolières russes afin de forcer Moscou à engager des pourparlers. L’administration précédente de Joe Biden avait des réserves à ce sujet, craignant que l’absence de pétrole russe ne provoque des perturbations sur le marché global, bien que Biden ait également renforcé les sanctions avant de quitter son poste.
L’aide militaire reste un sujet sensible
Néanmoins, il serait audacieux de penser que des sanctions énergétiques pourraient pousser la Russie à mettre fin à la guerre. Moscou a jusqu’à présent réussi à s’adapter aux sanctions et à fournir ses alliés comme la Chine et l’Inde avec des ressources à travers des canaux détournés. Dans ce contexte, la déclaration de Trump selon laquelle les sanctions pourraient également toucher « divers autres États impliqués » est intrigante. Néanmoins, l’Iran et la Corée du Nord, proches alliés militaires du Kremlin, sont déjà sous des sanctions lourdes.