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OTTAWA — Un jour après que les libéraux fédéraux ont interdit aux entreprises chinoises Huawei Technologies et ZTE de participer à la construction des réseaux 5G du Canada, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il fallait en faire plus pour protéger les systèmes critiques contre les menaces.
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Le gouvernement travaille en étroite collaboration avec les grandes institutions financières ainsi qu’avec d’autres entreprises à travers le pays pour protéger les réseaux vitaux contre les attaquants malveillants, a déclaré Trudeau vendredi lors d’un événement à Québec.
Le Canada fera plus, que ce soit par le biais de lois, de nouvelles dépenses ou de «partenariats meilleurs et plus solides», a-t-il déclaré aux journalistes.
Trudeau n’a semblé pas intimidé par le fait que le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a soulevé le spectre de représailles à propos de la décision du Canada sur la 5G lors d’un point de presse vendredi.
« Sans aucune preuve solide, la partie canadienne a cité de vagues risques de sécurité comme prétexte pour exclure les entreprises chinoises concernées de son marché », a déclaré Wang.
« Cette décision viole le principe de l’économie de marché et les règles de libre-échange et porte gravement atteinte aux droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises. »
Trudeau a concédé que la politique 5G du Canada « pourrait bien conduire à des défis de l’Organisation mondiale du commerce ».
« Mais nous estimons qu’il est extrêmement important de défendre la protection canadienne, les intérêts canadiens et la sécurité canadienne. C’est pourquoi nous avons pris cette décision et nous la maintenons.
Le gouvernement libéral a clairement indiqué cette semaine que la décision tant attendue sur la 5G n’est qu’une première étape dans une ère de cyberattaques perpétuelles, d’opérations de rançongiciels et d’efforts de pirates informatiques et d’acteurs parrainés par l’État pour voler des informations ou saboter des infrastructures clés.
Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré jeudi que le gouvernement déposerait un projet de loi pour protéger les infrastructures essentielles dans les secteurs de la finance, des télécommunications, de l’énergie et des transports.
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De plus, la lettre de mandat de Mendicino du premier ministre lui ordonne d’intensifier ses efforts pour détecter les risques de sécurité dans les partenariats de recherche et d’investissement étrangers, en partie en augmentant les ressources de la GRC et des agences de sécurité à cette fin.
Fen Hampson, professeur d’affaires internationales à l’Université Carleton, a déclaré que les préoccupations légitimes en matière d’intégrité du réseau, ainsi que la pression persistante des États-Unis, ont contribué à forger la décision du Canada d’exclure les fournisseurs chinois de la 5G.
« Est-ce que cela va résoudre nos problèmes de sécurité, nos soucis de sécurité ? Absolument pas. »
Une grande partie du « câblage caché » de l’économie canadienne est entre des mains privées, et sa sécurisation pose un énorme défi, a-t-il déclaré. « Nous devons faire beaucoup plus. »
Hampson se demande si le Canada est prêt pour une cyberattaque majeure contre un port maritime ou des machines dans les sables bitumineux qui reposent sur des technologies de communication à distance.
« Je pense que la réponse courte est non », a-t-il déclaré. « Je veux dire, oui, nous nous améliorons. Mais il ne s’agit pas seulement de pouvoir contrecarrer et dissuader ces attaques, mais à quel point sommes-nous résilients ? »
Le dernier budget fédéral prévoit 875 millions de dollars sur cinq ans, et 238,2 millions de dollars par la suite, pour des mesures de cybersécurité, y compris des programmes au Centre de la sécurité des télécommunications, le service d’espionnage électronique du Canada, ainsi qu’une protection plus robuste pour les petits ministères, organismes et sociétés d’État fédéraux.
Cette décision est saluée comme « extrêmement importante » par Ulrike Bahr-Gedalia, directrice principale de l’économie numérique, de la technologie et de l’innovation à la Chambre de commerce du Canada.
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Cependant, la chambre souhaite que le gouvernement se tourne ensuite vers l’aide au secteur privé pour renforcer ses défenses.
Bahr-Gedalia a déclaré qu’il était essentiel de savoir comment prévoir et prévenir les problèmes dans la sphère numérique.
« Il est crucial que les entreprises soient sûres et sécurisées », a-t-elle déclaré. « Nous voulons vraiment être en avance sur le match, ce qui est si important. »
La chambre exhorte le gouvernement à dépenser 1 milliard de dollars pour protéger les infrastructures essentielles, les chaînes d’approvisionnement et les entreprises de toutes tailles du Canada contre les cybermenaces.
Cela augmentera les plus de 7 milliards de dollars déjà dépensés par le secteur privé pour les produits et services de cybersécurité, indique-t-il.
Il demande également 300 millions de dollars pour accélérer la commercialisation de ces produits et services au Canada, et 200 millions de dollars pour constituer la future main-d’œuvre canadienne en cybersécurité grâce à des programmes d’éducation, de développement des talents et de rétention.