Le poste frontière de Kapitan Andreewo entre la Bulgarie et la Turquie souligne les enjeux du commerce libre au sein de l’UE, traitant environ 400 000 camions par an. Les longs délais d’attente à cause des formalités douanières créent des situations tragiques pour des animaux transportés, comme le cas de bovins bloqués, entraînant la mort de plusieurs d’entre eux. La Turquie a interdit l’importation d’animaux vivants pour des raisons sanitaires, laissant les transporteurs dans une impasse bureaucratique.
Le poste frontière de Kapitan Andreewo, situé entre la Bulgarie et la Turquie, met en lumière les avantages du libre-échange au sein de l’UE. Environ 400 000 camions y transitent chaque année, un chiffre supérieur à tout autre point sur la frontière extérieure de l’UE.
En raison des formalités douanières complexes, les chauffeurs peuvent parfois attendre plusieurs jours avant de pouvoir passer. Des convois de camions s’étendant sur des kilomètres ne sont pas rares.
Morsures de la bureaucratie
Morsures de la bureaucratie
Parmi les marchandises importées de l’UE vers la Turquie figurent également des animaux vivants. L’Allemagne a exporté environ 25 000 bovins vers la Turquie l’année dernière, principalement par voie terrestre via Kapitan Andreewo ou Kapikule, le poste douanier turc.
Cependant, pour certains de ces animaux, le passage de la frontière devient une torture, parfois même un piège mortel, en raison des longues attentes et des obstacles bureaucratiques, sans oublier la possibilité de corruption.
Un incident récent au sujet d’un transporteur de la région de Constanta, en Roumanie, transportant 45 bovins, illustre la gravité de la situation. Ce transporteur est bloqué depuis deux semaines dans la zone neutre entre les postes frontières bulgare et turc, avec trois animaux déjà morts. Stefan Dimitrow de l’organisation de protection animale Newidimi Schiwotni (Animaux invisibles) a filmé la situation et partagé la vidéo avec les médias bulgares. Il craint que d’autres animaux ne meurent si une solution n’est pas trouvée.
Les conditions étaient encore plus dramatiques pour un lot de 69 vaches gestantes d’un transport venu de Brandebourg. Documenté par la fondation allemande Animal Welfare Foundation, ce transport a été bloqué pendant quatre semaines depuis septembre sans nourriture adéquate. Plusieurs animaux ont donné naissance dans leurs excréments, et 13 veaux ainsi que 8 vaches mères sont morts sur place. Les autres animaux ont été abattus d’urgence par la suite.
Victimes d’un système défaillant
Victimes d’un système défaillant
Ces deux affaires partagent un point commun : après que les animaux aient été traités côté bulgare, les autorités turques leur ont interdit l’entrée. En Brandebourg, des cas de la fièvre catarrhale ovine, une maladie infectieuse transmise par les moustiques, ont été signalés.
Par ailleurs, la région de Constanta en Roumanie a connu des cas de peste des petits ruminants, une autre maladie virale. Pour protéger son cheptel, la Turquie interdit depuis août l’importation d’animaux vivants en provenance de ces zones touchées.
Le retour des animaux en Bulgarie n’est pas une option, car ils se trouvent techniquement en dehors de l’UE après avoir franchi le poste frontière bulgare. Bien qu’ils n’aient jamais mis les pieds en Turquie, ils sont soumis à des critères stricts d’importation d’animaux vivants en provenance de pays tiers, qui dans ce cas ne peuvent pas être satisfaits. D’après les autorités bulgares, le retour des animaux constituerait une violation du droit de l’UE.
Les transporteurs, avec leur cargaison vivante, restent ainsi bloqués dans le no man’s land entre les deux postes frontières. Iris Baumgärtner de l’Animal Welfare Foundation, qui s’est rendu sur place en septembre, évoque un échec total de la part de la Commission européenne, qui a pourtant promis de veiller au bien-être animal. Elle appelle à un interdiction totale des transports d’animaux vivants de l’UE vers la Turquie.
Un marché florissant
Un marché florissant
Outre l’absurdité bureaucratique, on peut se demander comment il est possible de vendre des animaux dans un pays où leur importation est interdite. Il paraît évident qu’il existe des moyens de contourner les réglementations d’importation turques.
Selon l’activiste pour les droits des animaux Stefan Dimitrow, aucune preuve concluante d’irrégularités n’a été établie. Cela dit, certaines situations alimentent la spéculation. Par exemple, dans le cas du transport depuis le