Les conservateurs de la base doivent demander aux candidats à la direction du PCC pourquoi, s’ils soutiennent vraiment l’énergie canadienne, ils ne contestent pas l’alarmisme climatique
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La sagesse commune parmi les candidats à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC) est que le parti doit avoir un plan crédible de réduction des émissions de gaz à effet de serre s’il veut avoir une chance de former le prochain gouvernement. Comme l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest a dit lors du débat d’Edmonton du 11 mai, « nous ne serons pas élus en tant que parti politique si nous ne sommes pas crédibles » à propos de la tarification du carbone pour les grands émetteurs.
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La pensée des stratèges est que, compte tenu du soutien public actuel à la réduction des émissions pour «arrêter le changement climatique», le PCC n’a d’autre choix que de suivre ou de risquer une défaite électorale. Et les sondages d’opinion publique, comme celui d’Abacus Data en octobre dernier, révèlent généralement qu’une majorité de Canadiens, dans ce sondage 66 % « aimeraient que les gouvernements du Canada mettent davantage l’accent sur la réduction des émissions ».
Mais les stratèges se trompent. Les candidats renoncent à une occasion en or de remporter les votes, non seulement des nombreux conservateurs de base qui s’opposent à la peur du climat, mais de l’ensemble des Canadiens lors des prochaines élections.
Un 2012 papier publié dans la revue Climatic Change suggère pourquoi. Trois chercheurs – Robert J. Brulle de l’Université Drexel, Jason Carmichael de McGill et J. Craig Jenkins de l’Ohio State – ont examiné 74 enquêtes distinctes sur une période de neuf ans pour tenter de déterminer quels facteurs avaient le plus d’influence sur l’opinion publique sur changement climatique. Ils ont envisagé cinq possibilités : événements météorologiques extrêmes, informations scientifiques, couverture médiatique, plaidoyer et ce que les politiciens et les partis politiques disaient sur le sujet. Étonnamment, ils ont constaté que ni les événements météorologiques extrêmes ni la diffusion d’informations scientifiques n’avaient d’impact significatif. La couverture médiatique l’a fait, mais l’effet le plus fort est venu des positions des politiciens et des partis politiques concurrents.
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Lorsque les politiciens de tous les horizons politiques ont soutenu le récit du changement climatique d’origine humaine, la demande d’action du public a augmenté. Nous le constatons aujourd’hui au Canada, où tous les grands partis politiques appuient la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. D’autre part, lorsque les politiciens ont remis en question le récit, comme le faisaient fréquemment les républicains du Congrès, la demande d’action du public a chuté – considérablement. L’analyse des chercheurs a soutenu la conclusion de 2009 de Susan McDonald de l’Université de Harvard selon laquelle : « Lorsque les élites parviennent à un consensus, le public emboîte le pas et la question se généralise. Lorsque les élites ne sont pas d’accord, une polarisation se produit et les citoyens s’appuient sur d’autres indicateurs… pour se décider.
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Ces résultats sont cohérents avec d’autres études qui ont démontré le rôle de premier plan que jouent les politiciens et les partis politiques dans la formation de l’opinion publique sur des questions. C’est un peu comme la queue qui remue le chien, mais l’opinion publique soutenant la politique climatique du gouvernement semble au moins en partie due au manque d’opposition cohérente à la politique de la part des faiseurs d’opinion, en particulier des élus.
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Si c’est vrai, alors au lieu de citer des sondages d’opinion publique qui soutiennent les politiques climatiques dont ils peuvent être sceptiques, pourquoi les politiciens et les stratèges politiques ne travaillent-ils pas pour changer l’opinion publique ? Comme l’a dit le stratège conservateur et ancien assistant politique de Stephen Harper, Joseph Ben-Ami, dans une étude de 2021 pour ICSC-Canada : « La réponse peut se résumer à des politiciens inexpérimentés et à leurs conseillers qui ne comprennent pas leur pouvoir d’influencer l’opinion publique. Ils consultent les sondages et concluent qu’ils n’ont aucun espoir d’être élus à moins de suivre le mouvement actuel de l’opinion publique. Ils ne comprennent pas que la raison pour laquelle le public croit ce qu’il fait est en grande partie parce que elles ou ils (les politiciens) ne prétendent pas le contraire.
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Ce phénomène est répandu au Canada, et sur de nombreux sujets, pas seulement les changements climatiques. À tous les niveaux de gouvernement, les politiciens utilisent un langage et promeuvent des politiques avec lesquelles ils sont très probablement en désaccord parce qu’ils pensent que l’opinion publique ne leur laisse pas le choix. Comme le soutient Ben-Ami, le résultat est une « boucle de rétroaction » où la « réponse » des politiciens à l’opinion publique est en réalité le principal moteur de l’opinion publique à laquelle ils sont censés répondre. Plus leurs réponses sont obséquieuses, plus l’opinion publique s’enracine, ce qui se traduit par des réponses encore plus obséquieuses de la part de politiciens encore plus effrayés.
Les militants du climat ne tirent pas leur épingle du jeu. Ils veulent qu’il soit mis fin le plus tôt possible à l’ensemble de l’exploitation pétrolière et gazière au Canada. Et, malheureusement, ils sont aidés par de nombreux membres de la presse, du gouvernement et d’autres institutions. Mais une élimination rapide serait extrêmement coûteuse. En plus de contribuer 105 milliards de dollars au PIB du Canada en 2020, le pétrole et le gaz ont fourni 10 milliards de dollars en revenus annuels moyens aux gouvernements entre 2017 et 2019. Pourtant, lorsque les candidats à la direction du PCC défendent le pétrole et le gaz canadiens, ils appuient, acquiescent ou ne disent rien à propos de la peur climatique.
Les conservateurs de la base doivent demander aux candidats pourquoi, s’ils soutiennent vraiment l’énergie canadienne, ils ne contestent pas l’alarmisme climatique, qui est de loin la plus grande menace pour cette énergie.
Tom Harris est directeur général de Coalition internationale des sciences du climat – Canada.