Emilie Rae, 31 ans, pensait avoir une chance en or lorsqu’elle a été contactée par le photographe Luis pour un shooting avec Playboy. Cependant, la séance photo s’est rapidement transformée en cauchemar, avec des allégations d’abus et de harcèlement. D’autres modèles ont partagé des expériences similaires, révélant un réseau d’exploitation dans l’industrie glamour. Une enquête a mis en lumière des pratiques douteuses, notamment le système « Pay For Play » et des frais exorbitants pour des publications peu visibles.
Une pose captivante, une robe en dentelle délicatement drapée sur ses coudes, et un emblème de lapin reconnaissable dans le coin supérieur droit.
C’était la publication censée transformer la vie d’Emilie Rae à jamais, mais elle n’aurait jamais imaginé le prix à payer pour cette opportunité.
Âgée de 31 ans, Emilie se sentait comme « Charlie dans la chocolaterie » lorsqu’elle a reçu un « ticket d’or » pour réaliser un shooting avec Luis, un photographe dont les contacts dans le milieu glamour semblaient inébranlables.
En 2020, Luis a pris contact avec Emilie, un modèle glamour britannique, via Instagram.
Le photographe, basé au Texas, a annoncé qu’il viendrait au Royaume-Uni lorsque les restrictions liées à la Covid seraient levées et qu’il souhaitait photographier Emilie pour Playboy.
Ce message a entraîné une séance photo qui s’est rapidement transformée en un point de départ pour une enquête de quatre ans sur les abus et l’exploitation dans l’industrie glamour, que vous pouvez découvrir dans mon nouveau podcast, The Bunny Trap.
Le compte Instagram de Luis était rempli de clichés de modèles sur les couvertures de Playboy.
Emilie ne pouvait pas croire sa chance. Ayant récemment perdu un emploi de mannequin télévisé bien rémunéré à cause de la pandémie, ses revenus sur OnlyFans avaient chuté, la laissant avec une hypothèque qu’elle craignait de ne pas pouvoir gérer.
Elle pensait que cette opportunité pourrait être sa chance de briller véritablement – et Luis lui a assuré qu’il pouvait faire d’elle une star.
Cependant, Emilie affirme que la séance photo avec Luis s’est rapidement transformée en un véritable cauchemar. Elle allègue que le photographe, qui n’a pas été accusé ni condamné, l’a pressée de poser de manière de plus en plus explicite.
Selon elle, bien qu’elle ait été amenée à croire qu’elle photographiait pour Playboy, la séance a vite pris une tournure pornographique, Luis l’encourageant à utiliser des jouets sexuels.
Malgré plusieurs tentatives de contact de ma part avec Luis au sujet des accusations d’Emilie et d’autres modèles, aucune réponse n’a été reçue.
Emilie a déclaré : « Je me disais juste ‘que se passe-t-il ?’ Il prenait physiquement ma main pour la placer quelque part. Il était très agressif. »
Elle raconte que la séance a pris une tournure inquiétante, Luis commençant à filmer sans son consentement, avant de lui demander de réaliser un acte sexuel.
Heureusement, Emilie a réussi à s’échapper de l’Airbnb où ils avaient photographié, décrivant cela comme une « évasion chanceuse ».
Des allégations de harcèlement et d’abus
Après cette expérience, Emilie a partagé son histoire sur Instagram – sans mentionner de nom – ce qui a incité d’autres modèles à se manifester, demandant si elle faisait allusion à Luis.
Les modèles ont commencé à se rassembler, partageant leurs propres récits d’allégations de harcèlement et d’abus lors de séances avec Luis.
Beaucoup ont affirmé avoir été mises dans des situations inconfortables, et une modèle, Kiki Jay, a même allégué qu’elle avait été agressée sexuellement par Luis lors d’un shooting ‘Playboy’.
Kiki a déclaré que Luis l’a touchée de manière inappropriée et a tenté de l’embrasser, avant de se dévoiler et de tenter de lui imposer un acte sexuel.
Kiki a été « traumatisée » et a « éclaté en larmes » pendant l’agression présumée.
Elle a souhaité alerter la police après l’incident, mais ses amis l’ont découragée, affirmant que sa carrière de modèle serait compromise.
Peu après l’agression présumée, Kiki a été contactée par Emilie, qui avait créé un groupe de discussion pour les modèles partageant des allégations d’abus et de harcèlement, ce que Kiki a décrit comme « de la musique à mes oreilles ».
Les femmes du groupe ont finalement pris contact avec moi, souhaitant que j’enquête sur leurs allégations et espérant que leurs histoires soient enfin entendues.
Mon enquête m’a conduite à découvrir un réseau complexe d’exploitation présumée, tant sexuelle que financière, touchant environ une douzaine de modèles britanniques qui ont partagé leurs expériences négatives avec Luis lors de séances photos.
Notre dernier épisode, désormais disponible, révèle comment Luis facture aux modèles des milliers de livres pour apparaître dans des éditions internationales de Playboy, faisant partie d’une pratique répandue dans l’industrie, connue sous le nom de ‘Pay For Play’.
Un système à revoir
En approfondissant nos recherches, nous avons découvert que de nombreux magazines ne sont plus imprimés et ne sont disponibles qu’en ligne, soulevant des doutes quant à leur véritable popularité.
De nombreuses modèles ont rapporté avoir déboursé des sommes considérables – ou avoir été poussées vers des contenus plus explicites – sous l’illusion que leur apparition dans l’un de ces magazines pourrait propulser leur carrière.
Pourtant, notre enquête suggère que dans de nombreux cas, ces publications n’étaient guère plus que des fichiers PDF en ligne, probablement consultés par un très petit nombre de personnes.
Nous avons également découvert comment Luis facture aux modèles des milliers d’euros pour apparaître dans d’autres magazines, qu’il auto-publie, ressemblant à des livrets PDF téléchargeables, dont les frais semblent lui revenir intégralement.
Nous avons tenté de joindre Luis à plusieurs reprises pour obtenir son avis, mais sans succès.
Nous avons aussi appris que Playboy avait ordonné à ses licenciés internationaux de blacklister Luis en avril 2019 après avoir été alerté sur des allégations de ‘pay-to-play’ – un an avant ses séances au Royaume-Uni avec Emilie et d’autres modèles.