Mariana Mamonowa, ancienne soldate sanitaire, raconte son expérience traumatisante après avoir été capturée par des combattants tchétchènes à Marioupol. Enceinte et soumise à des conditions inhumaines dans un camp de détention, elle a enduré des abus et des souffrances. Libérée en septembre 2022, elle a donné naissance à sa fille, mais continue de lutter contre les séquelles psychologiques de son passé. Aujourd’hui psychothérapeute, elle partage son histoire pour amorcer son processus de guérison.
Le récit poignant de Mariana Mamonowa
Mariana Mamonowa, une mère de 32 ans, commence son récit en partageant une photo de sa fille joyeuse, un visage barbouillé de rouge à lèvres qui rayonne de bonheur. Cette image d’une enfance insouciante contraste avec l’expérience traumatisante qu’elle a vécue. Assise sur un banc de parc, son regard se perd dans le vide, et une respiration difficile témoigne des souvenirs douloureux qui l’habitent.
Le 6 avril 2022, alors qu’elle était soldate sanitaire à Marioupol, Mariana a été capturée par des combattants tchétchènes soutenus par le Kremlin. « C’était le pire moment de ma vie », confie-t-elle. Après sa capture, elle a été transférée dans un camp de détention en territoire occupé, où elle a été enfermée avec d’autres femmes dans des conditions inhumaines. Dormant sur le béton, se nourrissant d’une bouillie immangeable et supportant des odeurs insupportables, elle décrit une réalité cauchemardesque.
Des conditions de détention inhumaines
Dans ce camp, les abus étaient monnaie courante. Les hommes détenus subissaient des interrogatoires et des tortures, des cris résonnant à travers les murs pour rappeler aux femmes leur propre vulnérabilité. Mariana témoigne de la cruauté des gardiens russes, soulignant que des prisonniers ne survivaient pas aux mauvais traitements infligés. Leurs droits, selon le droit international, étaient totalement ignorés.
Mariana, qui était enceinte au moment de sa capture, ressentait une angoisse constante liée à la possibilité de perdre son enfant. Malgré la souffrance, elle trouvait du réconfort dans l’idée que sa grossesse lui donnait une raison de rester forte. Cependant, chaque jour qui passait la rapprochait de l’accouchement, et les larmes devenaient fréquentes.
Après cinq mois de détention, elle a été transférée avec d’autres prisonniers vers une destination inconnue, faisant face à des humiliations extrêmes pendant le trajet. Le soulagement de retrouver la liberté est survenu le 21 septembre 2022, lorsque Mariana a enfin foulé le sol ukrainien, accueillie par son mari. Quatre jours plus tard, elle donnait naissance à sa fille, un moment de joie teinté de l’ombre de son passé.
Bien que maintenant en sécurité, les souvenirs de la détention continuent de la hanter. Elle lutte contre une dépression qui a suivi la euphorie de la liberté, et s’engage dans une thérapie pour surmonter ses traumatismes. Mariana, aujourd’hui psychothérapeute, comprend que certaines cicatrices ne disparaîtront jamais totalement, mais elle sait également que partager son histoire est une étape vers la guérison.