Depuis l’embargo sur le pétrole russe, Schwedt se réinvente avec des projets comme le ‘Nouveau Camp’, un espace modernisé pour encourager l’innovation. Cependant, l’avenir de la ville reste incertain, notamment en raison des défis économiques liés à la raffinerie PCK, principal employeur. Malgré des ambitions pour devenir un hub d’hydrogène, les investissements sont freinés par des obstacles réglementaires. La maire souligne la nécessité de maintenir la raffinerie opérationnelle pour réussir cette transition énergétique.
Depuis l’instauration de l’embargo sur le pétrole russe, la ville de Schwedt, située dans le Brandebourg, se projette vers l’avenir. Cependant, pour l’heure, les réalisations ne se résument qu’à quelques nouvelles constructions.
À l’entrée du dernier projet phare de Schwedt, un panneau proclame : ‘Le changement commence maintenant’. Ce bâtiment, baptisé ‘Nouveau Camp’, a été récemment modernisé et avait été à l’origine érigé durant l’ère de la RDA pour accueillir des travailleurs invités. Au fil des ans, son utilisation a évolué, passant de club pour jeunes à pub irlandais, puis restaurant. Aujourd’hui, cet espace est destiné à façonner l’avenir de Schwedt.
La société de construction locale a investi environ deux millions d’euros dans le ‘Nouveau Camp’. Un après-midi doux de mars, la ville organise un atelier sur l’avenir de Schwedt dans ces locaux. C’est déjà le troisième événement de ce type. L’été dernier, une grande ‘conférence sur l’avenir’ a eu lieu, et une prochaine est déjà prévue.
La directrice de la société de construction fait découvrir le bâtiment fonctionnel de deux étages. Au total, 400 tonnes de déchets de construction ont été évacuées, 8 000 mètres de câbles installés, et un kilomètre de canalisations mis en place. Les deux niveaux, largement vitrés, abritent des bureaux reliés par un escalier en colimaçon, créant une ambiance semblable à celle d’un espace de coworking. Les citoyens peuvent désormais venir à tout moment pour profiter du Wi-Fi gratuit. L’enthousiasme est palpable, et le groupe découvre la terrasse où des poufs portent l’inscription : ‘Place pour les idées’. La directrice souligne : ‘Si quelqu’un n’est pas créatif ici, il ne pourra plus être aidé.’
De nombreux espaces pour accueillir de nouvelles idées : le ‘Nouveau Camp’ à Schwedt aspire à attirer des esprits novateurs.
Augmentation des coûts depuis l’embargo sur le pétrole
L’innovation et les idées brillantes : voilà sur quoi Schwedt mise pour son avenir. Pourtant, un plan clair pour l’avenir de la ville demeure absent. La question cruciale est : que se passerait-il ici sans l’industrie pétrolière ? Si la raffinerie PCK, principal employeur de la région, devait fermer ses portes, cela signifierait la perte de 1 200 emplois directs. De plus, les recettes fiscales, autrefois florissantes, pourraient devenir une chose du passé.
Depuis le début de l’embargo sur le pétrole russe, le modèle économique de la ville et de son plus grand employeur, la raffinerie PCK, est sérieusement remis en question. Jusqu’à fin 2022, cette raffinerie était approvisionnée en pétrole russe. Depuis, la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement a entraîné une hausse des coûts, tant pour le pétrole que pour son transport vers Schwedt. La raffinerie, optimisée pour le pétrole russe et sa composition chimique, doit désormais faire face à un mélange de types de pétrole brut moins efficace à traiter.
Le gouvernement fédéral a prolongé l’administration fiduciaire de Rosneft Deutschland, ce qui complique davantage la situation.
L’hydrogène : un projet encore en devenir
En conséquence, la valeur de la raffinerie a chuté par rapport à son niveau d’avant l’embargo, ce qui la rend moins attrayante pour d’éventuels investisseurs. Plus de la moitié des parts de la PCK sont détenues par le conglomérat russe Rosneft, actuellement sous administration fiduciaire par la République fédérale. Cette situation entrave les décisions d’investissement majeures.
Théoriquement, Schwedt se projette en tant que ‘hub d’hydrogène’, avec un électrolyseur de grande taille prévu pour produire cette source d’énergie. Toutefois, il ne s’agit pour l’instant que de projets, et les acheteurs d’hydrogène se font rares.
Schwedt sur l’Oder aspire à devenir un modèle de transition énergétique. Cela pourrait être réalisable, mais à un coût élevé.
Vers une potentielle fin de l’embargo ?
Dans le ‘Nouveau Camp’, Ralf Schairer, directeur général du PCK, évoque également les perspectives d’avenir. Interrogé sur les projets, il déclare : ‘Actuellement, le cadre réglementaire ne permet pas la rentabilité de notre électrolyseur de grande taille.’ Cependant, ce qui est reporté n’est pas annulé.
Pour rendre le PCK plus attrayant, une levée de l’embargo sur le pétrole serait bénéfique. Si la raffinerie renoue avec la rentabilité, cela pourrait faciliter l’arrivée de nouveaux investisseurs, prêts à financer des projets liés à l’hydrogène.
Les actionnaires majoritaires de la raffinerie sont donc sous administration fiduciaire au moins jusqu’à fin mars 2024.
Une voix pour la ville
La maire de Schwedt, Annekathrin Hoppe (SPD), a évoqué la possibilité d’une fin de l’embargo sur le pétrole peu après les élections fédérales. Les habitants de Schwedt peinent à comprendre pourquoi l’Allemagne a ‘volontairement imposé un embargo sur le pétrole’.
Ce jour-là, dans le ‘Nouveau Camp’, elle adopte un ton plus conciliant. ‘Bien sûr, je condamne fermement la guerre d’agression’, déclare-t-elle d’emblée. Elle n’entend pas non plus que la Russie utilise les revenus pétroliers pour financer son industrie militaire. Néanmoins, elle souligne que la situation actuelle n’est pas économiquement viable sur le long terme. Après des années de recettes fiscales abondantes, Schwedt doit maintenant faire face à des restrictions budgétaires, et un gel a déjà été instauré.
La maire Hoppe estime qu’une transition vers l’hydrogène ne pourra s’effectuer qu’avec une raffinerie opérationnelle : ‘Nous avons besoin des deux.’ Elle précise que cette transition pourrait nécessiter des années, voire des décennies. Elle insiste sur le fait qu’il ne faut pas que l’approvisionnement en pétrole brut s’effondre dans les cinq ou dix prochaines années.
Depuis le début de l’année, aucun pétrole russe n’est importé.