lundi, mars 24, 2025

Titre : Optimiser la bureaucratie : des solutions efficaces sans recourir à la tronçonneuse.

L’administration publique et la bureaucratie suscitent des débats croissants, notamment en Suisse où les coûts bureaucratiques pour les PME atteignent plus de 6 milliards de francs par an. Malgré une prise de conscience en Europe, la situation demeure préoccupante. À Zurich, une analyse interne révèle des inefficacités, mais peu d’actions sont entreprises. La proposition d’une « semaine de désengorgement » pourrait aider à réduire la bureaucratie, tout en impliquant les citoyens dans un processus de réorganisation administrative.

Administration publique et bureaucratie – qui aurait cru que ces thèmes pourraient un jour provoquer des débats passionnés ? Bien que la récente attention médiatique soit davantage liée à des métaphores frappantes qu’à un véritable contenu, des figures comme Javier Milei et Elon Musk ont attiré l’attention avec leurs discours. Il est étonnant de constater que même l’Union européenne a commencé à prendre des mesures pour alléger la bureaucratie, un développement qui mérite d’être souligné, surtout en ce qui concerne la Suisse.

La tendance à la réglementation a connu une croissance spectaculaire chez nos voisins ces dernières années. En Suisse, nous avons parfois eu l’impression de nous frotter les yeux en réalisant l’ampleur de cette situation. Un exemple frappant de cette surenchère réglementaire est l’introduction d’un nouveau bouchon de bouteille en PET avec un couvercle fixe. Bien que les réglementations affectent notre quotidien, leurs effets ne sont pas toujours immédiatement apparents.

Des exigences de reporting excessives pour les entreprises

Pour bon nombre d’entreprises, les exigences de reporting en matière de durabilité imposées par l’UE sont passées inaperçues. Dans certains cas, ces exigences ont dépassé les attentes initiales. Prochainement, même les petites et moyennes entreprises auraient été contraintes de collecter et de soumettre des centaines de données chaque année. Face à cette situation, la Commission européenne a récemment mis en place le « paquet omnibus » pour alléger la bureaucratie.

Bien que le paquet omnibus ne soit pas encore officiel, il est clair que de part et d’autre de l’Atlantique, on a compris que la réglementation et la bureaucratie ont atteint des niveaux excessifs au fil des années. Ce message peine à faire écho en Suisse, malgré la gravité de la situation ici aussi.

Le Secrétariat d’État à l’économie (Seco) a évalué les coûts de la bureaucratie pour les PME suisses, et le résultat est alarmant : ces coûts dépassent désormais les 6 milliards de francs par an, un montant supérieur à celui que notre pays consacre à la défense nationale. En parallèle, la croissance du secteur public a été disproportionnée par rapport à celle du secteur privé. Dans plusieurs villes comme Bâle, Berne et Zurich, le nombre d’emplois dans l’administration publique a augmenté de plus de 20 % depuis 2011.

Zurich et son rapport critique oublié

Cette croissance rapide des effectifs indique que les structures administratives ne s’adaptent pas toujours aux évolutions sociétales et technologiques. À Zurich, un examen interne a récemment mis en lumière ces problèmes, en soulignant des « ambiguïtés, des duplications et des inefficacités ». Pourtant, la municipalité n’a pas semblé vouloir s’attaquer à ces préoccupations. Est-ce qu’il est vraiment nécessaire de recourir à des solutions radicales ?

Des actions drastiques ne seraient bénéfiques pour personne dans le fonctionnement de l’État suisse. Cependant, il est tout aussi peu utile de se contenter de critiquer les excès observés à l’étranger. Nous avons également des défis à relever ici : la bureaucratie est devenue coûteuse, et l’administration continue de croître de manière excessive. Il est donc essentiel que des politiciens responsables prennent en main cette tâche complexe de désencombrement.

Une semaine de désengorgement pour avancer

Pour faciliter ce travail ardu, l’idée d’un gel des recrutements dans le secteur public a récemment été avancée. Une « semaine de désengorgement » pourrait également représenter une solution : chaque année, une session consacrée exclusivement à l’élimination des structures obsolètes, à la réduction de la bureaucratie et à la réorganisation administrative. Ce processus pourrait être préparé par une commission parlementaire et inclure une participation citoyenne, permettant à chacun de soumettre ses idées via un formulaire en ligne.

Un tel nettoyage de printemps s’inscrirait parfaitement dans l’approche pragmatique de la Suisse. À l’étranger, il y a près d’un siècle, on incitait à agir avec force pour éliminer le communisme. En Suisse, notre réponse a été de renforcer la protection sociale à travers des institutions comme l’AVS. Aujourd’hui, alors que l’on appelle à une réduction radicale de l’État, la Suisse se distingue par sa façon prudente et institutionnelle de faire face aux défis. Une semaine de désengorgement serait une solution typiquement suisse, et avec la participation des citoyens, ce serait un bel exemple de démocratie directe.

Jürg Müller est directeur du think tank Avenir Suisse.

Un article de la « NZZ am Sonntag »

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