Des vers carnivores originaires des tropiques, comme le Caenoplana variegata, envahissent l’Allemagne, menaçant la biodiversité locale. Adaptés au climat européen, ces vers se nourrissent d’autres organismes du sol et peuvent compromettre la fertilité des terres. Leur propagation est facilitée par le commerce de plantes. Les chercheurs appellent à l’aide du public pour surveiller ces espèces et signaler leurs observations à la Collection d’histoire naturelle de l’État de Bavière.
Les vers carnivores, originaires des tropiques, se répandent en Allemagne : une menace pour notre écosystème !
La découverte de nouvelles espèces animales en Allemagne n’est pas toujours une bonne nouvelle. Les vers de terre carnivores, qui font leur apparition de plus en plus fréquemment dans le pays, en sont un parfait exemple. Ces créatures appartiennent à la classe des vers plats.
Adaptés à la vie sur terre, les vers de terre proviennent principalement des régions tropicales et subtropicales telles que l’Australie et le Brésil. Cependant, avec le réchauffement climatique, leur présence se propage rapidement en Allemagne et dans d’autres parties de l’Europe.
En Italie, par exemple, le ver de feu s’est déjà installé. Mais à quel point cet animal est-il dangereux et quelles autres informations devrions-nous connaître à son sujet ?
Augmentation des espèces de vers de terre en Allemagne
Jusqu’en 2022, l’Allemagne avait recensé seulement trois espèces de planaires terrestres non indigènes. Cependant, des chercheurs de la Collection zoologique d’État de Munich (SNSB-ZSM) et de la ‘Maison des mers’ à Vienne rapportent qu’il y en a désormais neuf.
Au cours des dernières décennies, au moins 25 espèces non indigènes de vers de terre ont été identifiées en Europe, et leur propagation se poursuit. Dans une étude récente dirigée par Frank Glaw du SNSB-ZSM, les découvertes antérieures des vers de terre introduits en Allemagne et en Autriche ont été soigneusement examinées.
Le Caenoplana variegata, un ver de terre à surveiller
Une espèce en particulier suscite des inquiétudes : le Caenoplana variegata, originaire d’Australie, capable de survivre à l’extérieur dans notre climat. Ce ver a été aperçu pour la première fois en septembre 2023 à Korschenbroich-Kleinenbroich, un village de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, près de Mönchengladbach.
Selon Frank Glaw, cet animal noir et visqueux, avec une bande vert-brun vif sur son dos, n’est pas à prendre à la légère.
Des vers carnivores qui menacent nos sols
‘Contrairement à d’autres vers, ceux-ci sont carnivores’, explique Glaw. Ils se nourrissent principalement d’autres habitants du sol, tels que les vers de terre, les larves et les escargots. Grâce à leur mucus toxique, ces vers se retrouvent avec peu de prédateurs. De plus, leur capacité de régénération est impressionnante : si un ver est sectionné, il peut donner naissance à deux nouveaux individus.
Les scientifiques craignent que, à moyen terme, ces vers ne compromettent la fertilité de nos sols. Parallèlement, un projet pilote en Bavière cherche à utiliser des vers pour stabiliser le climat forestier.
Les vers de terre arrivent en Allemagne via le commerce de plantes
Glaw et son équipe suspectent que l’importation de plantes est la principale voie d’entrée des vers de terre en Allemagne et en Autriche. Ils sont souvent trouvés dans des serres ou des jardineries. Glaw recommande de vérifier sous les pots de plantes pour détecter la présence de ces créatures.
En Autriche, un ver de terre a même été observé sur le dos d’un perroquet, soulevant des questions sur leur capacité à se déplacer avec l’aide d’oiseaux ou d’autres animaux. Bien que cette découverte soit considérée comme accidentelle, les vers pourraient potentiellement se fixer à d’autres animaux grâce à leur mucus collant.
Participez à la surveillance des vers de terre !
En comparaison avec d’autres pays européens, le nombre de vers de terre non indigènes en Allemagne et en Autriche reste faible. Des projets de science citoyenne en France, aux Pays-Bas et en Belgique ont permis d’augmenter la connaissance de ces espèces. Il est donc crucial d’en apprendre davantage sur leur répartition dans nos régions.
Les chercheurs sollicitent l’aide du public pour signaler toute observation de vers de terre, accompagnée d’une photo et de l’emplacement de la découverte, à la Collection d’histoire naturelle de l’État de Bavière (SNSB) à l’adresse e-mail suivante : [email protected].
Ce sujet a été rapporté par le BR le 24.01.2025 à 06h14 dans Wissen kompakt.