Lors du « Forum des 100 » à Lausanne, « Le Temps » a mis en avant cent personnalités influentes de Suisse romande, chacune ayant marqué l’année écoulée. Parmi elles, Béatrice Pilloud, première procureure générale du Valais, qui met l’humain au centre du droit pénal tout en naviguant entre les cultures alémaniques et romandes. François Girod, directeur de l’usine de ciment Holcim à Eclépens, aborde les enjeux environnementaux tout en soulignant l’importance du dialogue entre les régions. Frani Elle, drag queen et comédienne, joue sur les stéréotypes culturels, tandis que Lara Gervaise, cofondatrice de start-up, représente l’innovation et l’entrepreneuriat en Romandie.
Ils chantent, écrivent, dirigent des entreprises, mènent des recherches ou s’engagent en politique : les cent personnalités mises à l’honneur par « Le Temps » lors du « Forum des 100 » à Lausanne proviennent de divers horizons de la société. Ce qui les relie, c’est leur impact sur la Suisse romande au cours de l’année écoulée. Cinq figures fascinantes partagent leur vision de la Suisse alémanique.
Béatrice Pilloud, la première procureure générale du Valais
Un éclat malicieux illumine souvent le regard de Béatrice Pilloud, reflet de son engagement à placer l’humain au cœur du droit pénal.
Pilloud, qui occupe le poste de procureure générale valaisanne depuis un an, est la première femme à accéder à ce rôle. En tant que spécialiste en droit pénal, elle supervise une équipe de 34 procureurs, comprenant des Alémaniques du Haut-Valais et des Romands du Bas-Valais. La ligne linguistique traverse littéralement son bureau.
« Les Alémaniques du Haut-Valais sont très autonomes et pragmatiques, mais souvent un peu individualistes. Les Romands, en revanche, privilégient le travail d’équipe et ont peut-être une approche plus décontractée », explique Pilloud, qui, bien qu’étant bilingue, se sent davantage à l’aise en français. « Parfois, l’absence de cette décontraction et une certaine obstination alémanique peuvent me frustrer. »
François Girod, directeur de l’usine de ciment Holcim à Eclépens
Située à une vingtaine de kilomètres au nord de Lausanne, l’usine de ciment Holcim à Eclépens est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre en Suisse, ce qui en fait un sujet de controverse. François Girod, le directeur de cette usine, en fait souvent l’expérience, notamment lorsque des activistes écologiques occupent le site.
Lors du « Forum des 100 », une rencontre typique pour Girod se déroule avec une activiste environnementale, où leurs salutations chaleureuses pourraient laisser croire à une amitié. « Nous avons des points de vue divergents, mais nous nous respectons mutuellement », souligne le directeur d’Holcim, ajoutant : « La Romandie apporte une touche d’originalité et d’exotisme à la Suisse. » Selon lui, les Romands sont plus enclins à discuter et souvent plus sociables que leurs homologues alémaniques.
Il est convaincu que le dialogue est d’autant plus essentiel en Romandie qu’en Suisse alémanique. « Je dois souvent rappeler cela au siège à Zurich. » Grâce à l’héritage de sa mère originaire d’Argovie, il possède une connaissance des deux cultures.
Les grandes entreprises suisses sont encore largement influencées par la Suisse alémanique, précise Girod. Bien que l’anglais soit devenu la langue de travail standard dans de nombreux environnements, y compris chez Holcim, les discussions stratégiques se tiennent souvent en suisse allemand, ce qui complique la situation pour les francophones. « En tant que Romand presque bilingue, j’ai un atout dans ma manche. »
Frani Elle, drag queen et comédienne
Frani Elle, ou Franceso Mercanton de son vrai nom, incarne le jeu des clichés avec brio. Cette talentueuse drag queen au look flamboyant s’est fait un nom sur les réseaux sociaux et anime l’émission « Hot Dogs » sur la télévision romande RTS.
Frani Elle s’amuse également avec les stéréotypes en répondant à la question de ce que la Romandie apporte à la Suisse : « Du soleil, de la légèreté et de la bonne humeur. Pendant que vous travaillez en Suisse alémanique, nous savourons l’apéritif ! » Sur un ton plus sérieux, elle ajoute que la Romandie a une forte culture de la plainte. « Peut-être que notre penchant à nous plaindre vient de notre influence française. C’est peut-être ce qui nous distingue de vous. »
Elle est toujours étonnée par la réaction de son public alémanique : « Plus je choisis de les taquiner, plus ils semblent m’apprécier. »
Lara Gervaise, cofondatrice de start-up
Lara Gervaise, diplômée