Des économistes appellent le nouveau gouvernement à intensifier les investissements, augmenter les dépenses militaires, réduire la bureaucratie et baisser les coûts énergétiques. Ils soulignent l’importance d’une réforme du frein à l’endettement pour faciliter le financement. Les experts s’inquiètent de la stagnation politique et insistent sur la nécessité d’une économie intérieure robuste pour faire face à la concurrence internationale. La réduction des coûts énergétiques est également cruciale pour un avenir durable.
Des économistes éminents réclament que le nouveau gouvernement mette en œuvre des investissements accrus, augmente les dépenses militaires, réduise la bureaucratie et diminue les coûts énergétiques. La question du financement divise les opinions, mais un consensus doit être atteint sans tarder.
Les experts en économie estiment que la dissolution de la coalition « Ampel » est justifiée sur le fond, mais regrettent le timing. Moritz Schularick, président de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale (IfW), souligne que l’échec à Berlin arrive à un moment critique. ‘Nous entrons dans une phase de stagnation politique, alors que des investissements et des dépenses militaires considérables sont plus nécessaires que jamais’, déclare-t-il. L’économie allemande fait face à des défis croissants, notamment avec la menace d’un nouveau conflit commercial sous la présidence de Donald Trump.
Avec la pression croissante de la Russie sur le flanc est de l’OTAN, Schularick avertit que Trump pourrait ‘nous faire du chantage’. Pour contrer cette menace économique, il est impératif d’investir rapidement dans la sécurité et la défense. Les économistes insistent également sur la nécessité de rénover les infrastructures vieillissantes et de stimuler l’économie. Jens Südekum, professeur à l’Université Heinrich-Heine de Düsseldorf, fait remarquer que les entreprises allemandes investissent beaucoup moins dans les technologies modernes que leurs homologues américains ou chinois. ‘Cette situation doit changer urgemment’, prévient-il.
Renforcer l’économie allemande face à la concurrence internationale
Le directeur de l’Ifo, Clemens Fuest, partage cette inquiétude en affirmant que ‘ce sont les entreprises et leurs employés qui doivent sauver l’économie allemande’. Il souligne que le pays dispose encore de nombreuses entreprises performantes et d’une main-d’œuvre qualifiée. ‘Nous avons la possibilité de surmonter nos problèmes si nous sommes prêts à apporter des changements significatifs’, ajoute Fuest.
Les économistes ont des avis divergents sur la manière de réaliser ces changements et de les financer. Les partisans d’un marché libre prônent un État ‘mince’ avec moins de bureaucratie, des impôts réduits et une concurrence accrue. Gunther Schnabl, directeur de l’institut Flossbach von Storch, considère que le document de principe de l’ancien ministre des Finances, Christian Lindner, sur un ‘changement économique’ est un ‘pas dans la bonne direction’.
Pour rivaliser avec les États-Unis, Schnabl insiste sur la nécessité d’une ‘économie intérieure robuste’ pour réduire la dépendance aux exportations. Il appelle à un agenda ambitieux pour stimuler l’investissement et le travail, tout en soulignant que des réformes fiscales sont cruciales pour rendre le travail plus attractif.
Réformer le frein à l’endettement pour soutenir les investissements
Les partis politiques s’accordent sur le fait que réduire la réglementation et la bureaucratie favoriserait l’investissement, selon Südekum. Parallèlement, certains économistes plaident pour que l’État prenne des mesures proactives, notamment en réformant le frein à l’endettement afin de permettre davantage de financements par crédit. ‘Sans cette réforme, le nouveau gouvernement pourrait se heurter aux mêmes obstacles que le précédent’, avertit Sebastian Dullien de l’Institut pour la macroéconomie.
Dullien estime qu’une politique fiscale plus souple pourrait atténuer l’impact des droits de douane imposés par Trump. Il espère que le nouveau gouvernement nommera un ministre des Finances capable de faire évoluer la position actuelle de Lindner, qui a récemment durci son interprétation du frein à l’endettement.
Friedrich Merz, leader de la CDU, a déjà exprimé son soutien à une réforme de ce frein, et le conseil des experts économiques a proposé une révision ‘orientée vers la stabilité’. Cependant, la présidente Schnitzer s’interroge sur la possibilité d’obtenir une majorité des deux tiers pour un changement constitutionnel à l’avenir.
Repenser la politique énergétique pour un avenir durable
Schularick plaide pour que les dépenses de défense financées par crédit soient exemptées du frein à l’endettement, soulignant l’urgence de la situation. ‘Il est temps que chacun place l’intérêt du pays au-dessus de son parti’, insiste-t-il. ‘La sécurité de l’Europe ne peut pas attendre les prochaines élections.’
Les experts s’accordent sur la nécessité de réduire les coûts énergétiques, bien que leurs approches diffèrent. Dullien propose un prix de l’électricité transitoire jusqu’à ce que les coûts soient maîtrisés, afin de garantir un avenir énergétique soutenable pour l’Allemagne.