L’Ukraine a obtenu l’autorisation d’utiliser des missiles ATACMS américains, marquant un tournant dans le conflit avec la Russie. Ces missiles, conçus pour frapper des cibles à jusqu’à 300 km, pourraient changer la dynamique de la guerre en permettant des attaques au-delà des lignes de front. Les États-Unis ont pris cette décision face à l’implication croissante de soldats nord-coréens aux côtés des forces russes. Les réactions varient, certains considérant cela comme une escalade, tandis que d’autres soulignent le droit à la légitime défense.
La Ukraine a enfin reçu l’autorisation tant attendue d’utiliser des missiles ATACMS américains sur le sol russe. Quelles implications cela a-t-il pour le conflit actuel et qu’est-ce qui rend les ATACMS si uniques ?
Qu’est-ce que les missiles ATACMS ?
Les missiles ATACMS, ou Army Tactical Missile System, représentent une innovation clé dans l’arsenal militaire. Conçus par Lockheed Martin, ces missiles à courte portée se déclinent en plusieurs versions offrant des portées variées. En 2023, les États-Unis ont fourni à l’Ukraine des ATACMS capables d’atteindre des cibles jusqu’à 165 kilomètres, suivis plus tard par des modèles pouvant frapper à 300 kilomètres de distance.
Un aspect notable des ATACMS est leur capacité à transporter des munitions à sous-munitions, qui se dispersent sur une large zone lors de l’impact. Ces munitions sont souvent controversées sur la scène internationale, car leur large portée peut entraîner des conséquences tragiques pour les civils longtemps après la fin des hostilités. Dans le cadre de la guerre en Ukraine, leur déploiement vise à remédier à l’immense avantage en production de munitions dont dispose la Russie.
Caractéristiques des missiles ATACMS
Les ATACMS sont lancés à partir de systèmes de lancement mobile tels que HIMARS ou MLRS M270, et peuvent atteindre leur cible en moins de cinq minutes, offrant ainsi une rapidité d’exécution bien supérieure à celle d’autres missiles tactiques. Cependant, leur vol à une altitude relativement élevée les rend plus vulnérables aux systèmes de défense aérienne ennemis, ce qui les distingue d’autres systèmes comme le ‘Taurus’ allemand ou les missiles britanniques ‘Storm Shadow’.
Ce changement d’approche est, selon certaines sources, une réponse à l’implication croissante des soldats nord-coréens dans les forces russes.
Utilisation stratégique des ATACMS
La question de l’utilisation des ATACMS par l’Ukraine a suscité un débat intense depuis que les États-Unis ont décidé de les fournir. En effet, ces missiles sont conçus pour cibler des installations ennemies situées loin des lignes de front. Avec leur portée atteignant 300 kilomètres, ils sont capables de frapper des cibles à l’intérieur du territoire russe, ce qui pourrait transformer la dynamique du conflit, jusqu’ici limité à des attaques sur le sol ukrainien.
Cette évolution pourrait modifier significativement le cours de la guerre, qui n’a jusqu’à présent connu que quelques incursions ukrainiennes sur des infrastructures militaires russes.
Réactions en Ukraine face à l’aide américaine
Les États-Unis avaient jusqu’à présent été prudents dans leur approche. Cependant, l’engagement de soldats nord-coréens aux côtés des forces russes semble avoir influencé la décision américaine. On rapporte que la Corée du Nord aurait déployé 1 500 soldats en Russie, prêts à être engagés après une formation militaire pour soutenir les efforts russes contre les avancées ukrainiennes dans la région de Koursk.
Le New York Times souligne que l’un des objectifs des États-Unis est de faire comprendre à la Corée du Nord que l’envoi de ses soldats en Ukraine les expose à des risques. Au total, la Corée du Nord envisage d’envoyer jusqu’à quatre brigades, soit environ 12 000 soldats, pour soutenir les opérations russes. De plus, le régime de Kim Jong-un fournit des drones et des munitions pour cette guerre.
Selon des informations ukrainiennes, les ATACMS auraient été utilisés pour la première fois en octobre 2023, avec des attaques ciblées sur des positions russes en Crimée et à Berdyansk au printemps 2024.
Les ATACMS peuvent-ils atteindre Moscou ?
Il est peu probable que Moscou soit une cible pour les ATACMS, étant donné que la métropole est située à environ 500 kilomètres de la frontière ukrainienne, tandis que Saint-Pétersbourg se trouve encore plus loin, à environ 1 000 kilomètres.
Cependant, des installations militaires et des centres de commandement russes, ainsi que des villes clés comme Rostov et Berdyansk, pourraient être dans la ligne de mire. Il reste à déterminer si l’armée ukrainienne a reçu la permission d’effectuer des frappes au-delà de la région de Koursk.
Carte illustrant les zones occupées par la Russie et la portée des ATACMS
La décision américaine représente-t-elle une escalade ?
Le Kremlin considère cette décision comme une escalade du conflit, accusant le gouvernement du président américain Joe Biden de provoquer une intensification des hostilités. D’après Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, cette situation marque un tournant dans l’implication américaine dans le conflit.
En revanche, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, conteste cette vision en rappelant que la Russie a lancé l’attaque contre l’Ukraine en 2022, et que l’Ukraine se défend depuis lors. Elle affirme que l’objectif est de détruire les bases de lancement militaires, en conformité avec le droit international et le droit à la légitime défense.
La question de la permission pour des frappes ukrainiennes sur des cibles russes avec des armes américaines demeure variable.
Les ATACMS vont-ils changer la donne dans le conflit ?
Bien que des attentes élevées entourent l’utilisation des ATACMS, les États-Unis ont mis en garde, probablement pour des raisons politiques, contre l’idée qu’ils représentent une solution miracle. Néanmoins, leur rapidité de frappe pose un défi supplémentaire à la stratégie militaire russe et à sa défense aérienne.
La supériorité aérienne de la Russie a été un élément déterminant dans la guerre en cours, et l’introduction des ATACMS pourrait potentiellement rééquilibrer cette dynamique.