dimanche, janvier 12, 2025

Titre : L’Australie triomphe dans la compétition d’influence en Pacifique face à la Chine

Nauru, petite île du Pacifique, a signé un accord quinquennal avec l’Australie, lui conférant un droit de veto sur l’utilisation de ses infrastructures critiques par d’autres pays, notamment la Chine. En échange d’un soutien financier de 100 millions de dollars australiens, Canberra cherche à contrer l’influence croissante de Pékin dans la région. L’accord inclut également des mesures pour renforcer les capacités de sécurité de Nauru, tout en prévenant un alignement pro-chinois de l’île.

Nauru, une petite île du Pacifique de seulement 21 kilomètres carrés et abritant environ 12 700 habitants, attire actuellement l’attention mondiale. Cette attention est le résultat d’une intense rivalité géopolitique entre la Chine et les États-Unis, ainsi que leurs alliés dans la région.

Ce lundi, les gouvernements de Nauru et d’Australie ont annoncé la signature d’un accord quinquennal. En échange d’un soutien financier, Nauru accorde à l’Australie un droit de veto sur l’utilisation des « infrastructures critiques » de l’île par des pays tiers.

L’Australie face à la montée en puissance de la Chine dans le Pacifique Sud

La mention de « pays tiers » dans l’accord fait clairement allusion à la Chine. Depuis plusieurs années, Pékin renforce sa présence économique et politique dans le Pacifique Sud, ce qui inquiète Canberra. En effet, les principales routes maritimes et aériennes vers les États-Unis, son principal allié, traversent cette région, tout comme les câbles de communication cruciaux.

Historiquement, l’Australie a dominé la région, mais cette dynamique a changé en 2019 lorsque les îles Salomon ont établi des relations diplomatiques avec la Chine. Cela a conduit à un rapprochement significatif entre les Salomon et Pékin, avec un accord de sécurité signé en 2022. Quelques mois plus tard, une tentative de Pékin de consolider un accord de sécurité régional avec dix pays du Pacifique a échoué face à une forte opposition. Depuis lors, l’Australie cherche activement à limiter l’influence croissante de la Chine dans cette zone.

En janvier dernier, Nauru a mis fin à ses relations diplomatiques avec Taipei, reconnaissant Pékin comme le seul représentant légitime de la Chine. Cet événement a coïncidé avec l’élection d’un président taiwanais critique envers la Chine, considéré comme une réponse punitive de Pékin.

Canberra redoute un alignement de Nauru avec Pékin

Canberra craint que Nauru ne s’aligne de manière similaire aux Salomon. Bien que l’île se trouve à près de 3000 kilomètres de l’Australie, elle a des liens historiques profonds avec Canberra et abrite un camp pour réfugiés que l’Australie souhaite absolument contrôler.

De plus, la Bendigo Bank, la seule banque étrangère reliant Nauru au système financier international, a envisagé de se retirer, laissant place à la Bank of China, une institution d’État, pour prendre sa place. Cela aurait pu rendre Nauru dépendante du système financier chinois, alors qu’elle utilise actuellement le dollar australien.

Dans le cadre du nouvel accord, l’Australie s’engage à soutenir le budget de Nauru pendant cinq ans avec un montant total de 100 millions de dollars australiens (environ 56 millions de francs). À cela s’ajoutent 40 millions de dollars pour renforcer les forces de sécurité locales, représentant près de 75 % du produit intérieur brut annuel de Nauru, estimé à 150 millions de dollars américains par la Banque mondiale.

La question de la connexion bancaire est résolue grâce à l’entrée de la Commonwealth Bank of Australia (CBA), la plus grande banque du pays, qui remplace la Bendigo Bank, sans recevoir de subventions selon le gouvernement australien.

Le droit de veto au cœur de l’accord

En retour, Nauru devra solliciter l’accord de l’Australie pour toute négociation bilatérale avec d’autres pays concernant la sécurité maritime, la défense ou la police, conférant ainsi à Canberra un droit de veto significatif.

De plus, l’Australie pourra interdire l’accès à des infrastructures critiques, telles que le réseau de télécommunications ou les ports, à des pays tiers. Cela inclut des situations où la marine chinoise pourrait souhaiter utiliser le port de Nauru, développé par une entreprise d’État chinoise.

Ce nouvel accord rappelle un contrat similaire que l’Australie a signé l’année dernière avec Tuvalu, offrant également un droit de veto à Canberra. Cet accord prévoyait que les citoyens de Tuvalu puissent s’établir en Australie, un besoin urgent étant donné la menace du changement climatique sur cette nation insulaire. Bien que Nauru fasse également face à des défis climatiques, l’accord actuel n’inclut malheureusement pas de dispositions pour une relocalisation en Australie.

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