dimanche, décembre 1, 2024

Titre : La Suisse adopte le marché de la seconde main au détriment du neuf.

En Suisse, les brocantes, symboles de l’économie circulaire, continuent de prospérer malgré la montée du commerce en ligne. Barbara Schneider a ouvert la Brocki21, mettant l’accent sur l’expérience humaine. Les magasins d’occasion, comme Revendo et Reawake, attirent les clients par leur sélection spécialisée et leur vérification d’authenticité. Des plateformes numériques comme Ricardo et auktion24.ch transforment le marché, tandis que la mode d’occasion connaît une croissance rapide, répondant à une demande accrue de durabilité.

En Suisse, les brocantes sont synonymes de magasins d’occasion par excellence. La première de ces institutions emblématiques a ouvert ses portes il y a environ 120 ans, bien avant que l’on ne parle de « seconde main » ou de « vintage ». Aujourd’hui, ce concept est toujours aussi populaire.

Barbara Schneider a réalisé son rêve en lançant sa propre brocante, la Brocki21, à Pfäffikon/SZ, il y a trois ans. Son assortiment est principalement constitué d’objets provenant de liquidations de maisons, allant des poupées en porcelaine aux miroirs anciens, sans oublier les bijoux.

À une époque où le commerce en ligne est en plein essor, Barbara mise sur l’importance des relations humaines. Sa boutique ne dispose pas d’une plateforme en ligne. « Visiter la Brocki21 est une véritable expérience », déclare-t-elle. L’aspect de la découverte et le voyage dans le temps sont au cœur de cette aventure.

Les petits magasins d’objets d’occasion sont loin d’être en danger

Les brocantes ne représentent plus le seul choix pour ceux qui recherchent des articles d’occasion. Alors que le secteur du commerce de détail des produits neufs fait face à des fermetures, le nombre de magasins d’articles de seconde main continue d’augmenter, comme le montrent les statistiques.

Certains magasins se spécialisent même dans des catégories de produits spécifiques. Par exemple, Revendo se concentre sur les smartphones, tablettes et ordinateurs.

Leur modèle économique consiste à acheter des produits, à les rénover et à les revendre. Initialement, les fondateurs n’avaient pas prévu d’ouvrir plusieurs succursales, mais ils gèrent maintenant neuf magasins en plus de leur boutique en ligne.

Pour Aurel Greiner, co-fondateur de Revendo, la confiance est essentielle lors de la visite en magasin. « Les clients souhaitent toucher l’appareil et voir par eux-mêmes ce que signifie ‘traces d’utilisation visibles’. » Après tout, même un téléphone portable d’occasion représente un investissement significatif.

Le luxe de seconde main attire les clients en magasin

Dans le domaine des produits de luxe, le magasin de seconde main Reawake propose des articles à des prix plus accessibles que ceux des nouveaux produits, comme un sac Hermès. Tous les articles de luxe d’occasion proviennent de particuliers et sont soigneusement vérifiés pour garantir leur authenticité.

Rea Bill, la fondatrice, souligne que l’examen minutieux des articles sur place est une des raisons pour lesquelles les clients préfèrent visiter le magasin, tout comme l’accompagnement personnalisé et la possibilité d’essayer des pièces uniques.

Dans ce magasin, le volume des ventes par client dépasse largement celui des ventes en ligne. Plus de deux tiers du chiffre d’affaires proviennent des ventes en magasin. Rea Bill note également un changement social : « Acheter d’occasion n’est plus une honte. C’est même devenu une norme de contribuer à la durabilité en offrant une seconde vie aux objets. »

Les brocantes virtuelles

Sur Internet, des plateformes d’enchères et d’annonces comme Ricardo, Tutti et Anibis ont pris de l’ampleur. Elles représentent aujourd’hui le visage du shopping d’occasion en ligne et sont devenues des références en matière de brocantes numériques.

Lorsque les frères Stephan et Michael Widmer ont fondé auktion24.ch en 1999, ils ne pouvaient pas anticiper cette évolution. « À l’époque, Internet commençait à peine à se développer. J’ai observé la montée d’Amazon et d’Ebay aux États-Unis », raconte Stephan Widmer. Son frère, à l’époque propriétaire d’un magasin d’informatique en Suisse, a collaboré avec lui pour créer une plateforme d’enchères dédiée aux ordinateurs. Le succès a été immédiat, les prix dépassant ceux des magasins physiques.

Ils ont ensuite permis aux utilisateurs de vendre leurs propres objets d’occasion aux enchères, augmentant ainsi le trafic sur le site. Ce dernier a connu une croissance rapide, ce qui a permis de rivaliser avec le géant américain Ebay. « Nous n’avons jamais connu une telle ascension », confie Widmer, qui dirige désormais une entreprise de meubles en ligne.

Actuellement, Ricardo se concentre à nouveau sur les articles d’occasion, reflétant un besoin croissant de durabilité, selon son directeur Francesco Vass.

Après avoir vendu auktion24.ch à Ricardo, les frères Widmer estiment que certains opportunités ont été négligées, notamment la création d’une plateforme semblable à Amazon. Bien que Ricardo ait tenté de lancer Ricardo.shops en 2014, ce projet a été abandonné après le rachat par Tamedia, en raison d’une saturation de produits bon marché en provenance de Chine.

Ricardo : une position de leader sur le marché

Alexandra Scherrer, experte en commerce électronique chez Carpathia, souligne que Ricardo a su se forger une position unique dans le secteur de l’occasion, avec un chiffre d’affaires estimé à 800 millions de francs l’année dernière, en tant que leader du marché.

Cependant, la concurrence se renforce. « De plus en plus de détaillants de produits neufs investissent dans des plateformes d’occasion et communautaires comme Facebook Marketplace, grignotant des parts de marché à Ricardo », explique-t-il.

Tutti.ch et Anibis.ch, également membres du Swiss Marketplace Group, se présentent comme des concurrents. Contrairement à Ricardo, ces plateformes sont principalement gratuites pour les vendeurs. Francesco Vass évoque leur modèle comme une offre complémentaire, moins exigeante que celle de Ricardo.

La concurrence en ligne est omniprésente, et Ricardo répond par des investissements continus dans le développement technologique. « Nous facilitons également les processus pour nos clients. Par exemple, nous avons établi un partenariat avec la Poste pour le ramassage des objets vendus », ajoute-t-il.

À l’avenir, l’entreprise envisage d’offrir des retours de produits de détail sur Ricardo, un enjeu particulièrement pertinent dans le secteur de la mode, où les retours sont fréquents.

La tendance de la mode d’occasion en plein essor

Le marché de la mode d’occasion a connu une croissance remarquable ces dernières années, devenant de plus en plus compétitif, avec différentes plateformes qui rivalisent pour attirer une clientèle jeune.

La consommation d’articles d’occasion est perçue comme durable, tout comme l’engouement pour la mode d’occasion. Toutefois, cette tendance est en plein essor et ne montre aucun signe de ralentissement.

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