jeudi, janvier 2, 2025

Titre : La malnutrition à Kinshasa : un facteur aggravant du paludisme et des rhumes, pas de « maladie X » mystérieuse

Des symptômes de rhume et une augmentation des cas dans la région de Panzi, près de Kinshasa, ont suscité des inquiétudes concernant une potentielle « maladie X ». Cependant, l’OMS a révélé que ces cas sont liés à la malaria et à des virus respiratoires, exacerbés par une malnutrition aiguë. La situation alimentaire précaire dans la région, touchant particulièrement les jeunes enfants, est à l’origine de la gravité des symptômes et du nombre élevé de décès, sans indication de pandémie imminente.

Des symptômes de rhume, une hausse significative des cas et plusieurs décès : la mystérieuse « maladie X » qui touche la région de Panzi, au sud-ouest de Kinshasa, a suscité des craintes récemment. Peut-il s’agir d’un nouveau pathogène hautement contagieux ?

Le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rassuré le public en révélant que 430 échantillons prélevés chez des patients de la région ont été analysés. Les résultats ont montré la présence de parasites de la malaria ainsi que divers virus de rhume et de grippe classique. Les premières conclusions de l’enquête suggèrent qu’il n’existe pas de nouvelle « maladie X », mais plutôt une vague de rhumes et de malaria, une situation fréquente au Congo lors du début de la saison des pluies.

L’OMS a attribué l’apparition de symptômes graves et le nombre élevé de décès à une malnutrition aiguë. En effet, toutes les personnes gravement touchées étaient en situation de malnutrition. Un régime alimentaire inadéquat affaiblit le système immunitaire, rendant même des agents pathogènes relativement bénins capables de provoquer des maladies sévères. Cela est particulièrement préoccupant pour les enfants de moins de cinq ans, qui représentent la moitié des décès liés à la « maladie X ».

Une région isolée, pauvre et souffrante

Ces derniers mois, le sud-ouest du Congo a été frappé par une insécurité alimentaire croissante, comme l’a signalé le comité d’experts internationaux de la Classification intégrée des phases de sécurité alimentaire (IPC) en septembre dernier. Les prévisions indiquent une détérioration de la situation. Entre juillet 2024 et juin 2025, environ 4,5 millions d’enfants de moins de cinq ans devraient souffrir de malnutrition aiguë au Congo. La région de Panzi, épicentre de l’épidémie, sera classée catégorie 4 de l’échelle IPC pour les famines à partir de 2025, ce qui constitue le deuxième niveau le plus élevé.

Les experts ont rapidement évoqué une combinaison de malaria et de virus de rhume comme explication possible à la mystérieuse « maladie X ». Cependant, la confirmation officielle a pris plusieurs semaines. La région de Panzi est très isolée et rurale, avec des infrastructures défaillantes, peu de laboratoires et de personnel médical. Les échantillons de patients ont dû être transportés à Kinshasa, situé à 700 kilomètres, pour analyse en laboratoire, un trajet qui peut prendre deux à trois jours en raison des conditions routières, surtout durant la saison des pluies.

Entre fin octobre et mi-décembre, 891 cas de « maladie X » ont été signalés au Congo, entraînant 48 décès. Ce nombre élevé de cas pourrait être dû à la définition peu spécifique de la maladie, car toute personne se présentant avec des symptômes tels que fièvre, toux, fatigue et nez qui coule était considérée comme un cas de « maladie X ».

Les symptômes correspondent aux agents pathogènes identifiés dans les échantillons. Plus de 60 % des personnes malades étaient infectées par le parasite de la malaria, tandis que plus de 70 % avaient contracté un virus de la grippe, un virus de rhume ou un coronavirus. Dans plusieurs échantillons, plusieurs virus ont été détectés simultanément, ce qui peut aggraver les symptômes et accroître le risque de décès.

Aucune pandémie à l’horizon

L’OMS a assuré qu’elle continuait de surveiller attentivement la situation sur place. Il est crucial de détecter et de traiter les cas rapidement afin d’endiguer la propagation et d’éviter des conséquences graves. D’autres analyses seront également effectuées sur les échantillons collectés pour confirmer les résultats préliminaires.

Pour ceux qui craignaient une nouvelle pandémie, les résultats de l’OMS sont encourageants. Si la malnutrition est le principal facteur contribuant aux symptômes graves et au nombre élevé de décès, la maladie devrait rester un phénomène localisé.

La « maladie X » a perdu son mystère, mettant en lumière une autre tragédie : les impacts dévastateurs de la malnutrition.

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