Mark Branson, ancien directeur de la Finma, est une figure controversée dans la régulation bancaire, respectée par les banquiers mais critiquée par le monde politique. Son image a été ternie par un rapport de la PUK sur la chute de Credit Suisse, soulignant des erreurs dans l’évaluation des risques et un filtre réglementaire en faveur de la banque. Le rapport révèle également des problèmes de transparence et de gouvernance au sein de la Finma, exacerbés par des scandales au sein de Credit Suisse.
Mark Branson : Une Figure Controversée dans la Régulation Bancaire
Mark Branson est souvent perçu comme une icône parmi les superviseurs bancaires. Bien qu’il ait dirigé la Finma de 2014 à 2021, son autorité a toujours été remise en question par le monde politique suisse. Malgré cela, les dirigeants bancaires le respectaient pour sa capacité à dialoguer sur un pied d’égalité. Sous sa direction, la Finma a renforcé son approche contre les banquiers malhonnêtes, lui valant le surnom de « sheriff ». Son expertise a été reconnue au niveau international lorsqu’il a été nommé à la tête de la Bafin, l’autorité de régulation financière allemande, en 2021.
Les Révélations du Rapport de la PUK
Cependant, l’image de Branson a été ternie suite à la publication d’un rapport tant attendu par la PUK, qui examine la chute de Credit Suisse (CS). Ce document critique l’action de la Finma sous sa direction, en mettant en lumière le fameux filtre réglementaire accordé à la CS en 2017. Bien qu’il ait été instauré légalement, la PUK soutient que la Finma l’a mal conçu et n’a pas évalué correctement ses impacts.
Les conséquences de cette décision ont été considérables. Depuis 2019, la situation de capital de Credit Suisse AG a été présentée comme bien plus saine qu’elle ne l’était réellement. Le filtre a également freiné la capacité de la banque à renforcer rapidement sa situation de capital. La PUK affirme que si le ratio de fonds propres, qui aurait été nettement inférieur sans ce filtre, avait été transparent, les acteurs du marché auraient eu de meilleures informations pour prendre des décisions éclairées. Un expert indépendant, Urs Birchler, a même remis en question l’affirmation selon laquelle la CS n’avait pas échoué à cause d’un capital insuffisant, soulignant que la banque était sous-capitalisée depuis 2021.
Le filtre en question a été instauré dans le cadre d’un accord entre la Finma et les grandes banques en 2017, permettant des allégements pour le calcul des ratios de capital. Cela a profité à la CS, qui a pu bénéficier de ces allégements illimités, agissant ainsi contre les intérêts de la Suisse en matière de capitalisation bancaire.
Finalement, la Finma a abrogé l’article 125 de l’ordonnance sur les fonds propres. Toutefois, il reste flou pourquoi la Finma n’a pas exigé immédiatement un passage à un régime plus strict sans filtre. Des rapports suggèrent que des pressions politiques ont pu influencer cette décision. Ainsi, un compromis a été trouvé, permettant à la CS un délai de dix ans pour se conformer aux nouvelles exigences tout en lui accordant un filtre qui aurait un impact significatif sur la perception de sa solidité financière.
Le rapport de la PUK indique que l’effet de ce filtre était bien plus important que prévu, avec une estimation initiale de 8 milliards de francs, tandis que Birchler a révélé qu’il atteignait en réalité 15,3 milliards de francs. Face à ces accusations, Mark Branson a choisi de ne pas commenter, préférant examiner minutieusement le rapport de 569 pages.
Les experts soulignent que, bien que la faible capitalisation de la maison mère de la CS ait été un problème majeur, elle n’était pas la seule raison de la perte de confiance qui a conduit à la crise. Des scandales répétés, des rémunérations élevées et des faiblesses en gouvernance ont également joué un rôle crucial. De plus, il est troublant de constater que la Finma a permis à la CS de dissimuler les effets du filtre au sein de ses rapports annuels, soulevant des questions sur la transparence et la responsabilité au sein de l’autorité de régulation.