lundi, décembre 2, 2024

Theo Argitis : Les spéculations autour de Carney sont un mirage estival pour les entreprises canadiennes mécontentes

Pour de nombreux entrepreneurs canadiens, les élections fédérales ne peuvent pas avoir lieu assez tôt

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Dans le tourbillon de bouleversements politiques qui a caractérisé les dernières semaines, au milieu des dizaines d’articles relatant la situation précaire de Justin Trudeau, un rapport a dû apparaître comme une oasis dans le désert pour la communauté d’affaires assiégée du Canada.

Althia Raj, du Toronto Star, a récemment rapporté que Trudeau avait engagé le dialogue avec Mark Carney à au moins deux reprises, évoquant la possibilité que l’ancien gouverneur de la Banque du Canada se joigne au gouvernement à titre de ministre des Finances. Cette décision viserait à apaiser les membres mécontents du caucus qui réclament un remaniement radical et une nouvelle orientation politique pour un Parti libéral qui semble au bord d’une défaite électorale historique, si l’on en croit les sondages.

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Carney, une figure marquante de la politique publique canadienne au cours des deux dernières décennies, a été gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. Son nom a également circulé comme candidat potentiel à la direction du Parti libéral pour succéder à Trudeau.

La perspective de voir Carney tenir les rênes de l’économie nationale a probablement apporté un bref réconfort aux esprits angoissés des dirigeants d’entreprise de tout le pays, confrontés à ce qu’ils considèrent comme l’un des contextes politiques les plus difficiles depuis des décennies.

Laissant de côté les questions d’éligibilité et de perspicacité politique, les entreprises canadiennes considèrent probablement Carney comme l’une des personnes les plus qualifiées pour occuper le poste de ministre des Finances.

Au milieu de cette incertitude, l’idée de voir Carney devenir ministre des Finances a dû brièvement renouveler l’espoir dans le monde des affaires qu’un changement de perspective politique était possible, surpassé seulement par la perspective d’élections immédiates pour apporter plus de clarté.

Pourtant, ces deux scénarios pourraient bien s’avérer aussi insignifiants qu’un mirage.

Imaginez que Carney accepte un poste qui l’oblige à faire des courbettes en matière de politique économique devant les conseillers de Trudeau au cabinet du premier ministre ou devant le Nouveau Parti démocratique de gauche, qui soutient actuellement le gouvernement Trudeau. C’est à la limite de la crédulité.

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En réalité, un scénario plus probable pour les entreprises dans les mois à venir est un paysage marqué par l’incertitude, les conflits et l’incohérence persistante des politiques jusqu’aux prochaines élections.

Plutôt que de se tourner vers un pragmatisme de type Carney, les dernières manœuvres du gouvernement Trudeau ont consisté à redoubler d’efforts dans les politiques perçues par le secteur des affaires comme étant préjudiciables à l’économie.

Alors que le gouvernement se démène frénétiquement pour sauver sa position politique, la question qui résonne dans les conseils d’administration est la suivante : sommes-nous la prochaine cible ?

L’inquiétude qui couve parmi les cadres dirigeants ne se limite pas à la frustration à l’égard des libéraux. Les conservateurs sont eux aussi perçus comme une entité inconnue, se positionnant de plus en plus comme antagonistes aux intérêts des entreprises. Pourtant, ils ne sont pas le parti au pouvoir à l’heure actuelle.

Revenons sur la liste croissante des griefs des entreprises envers le gouvernement actuel (sans ordre particulier et en aucun cas exhaustif) :

Taxe sur les services numériques pour les entreprises technologiques : La nouvelle taxe sur les services numériques du gouvernement libéral risque de devenir un point de discorde important avec le gouvernement américain, les géants américains de la technologie réclamant des représailles. Robin Guy, de la Chambre de commerce du Canada, a mis en garde contre ses répercussions potentielles : « Cela nuira considérablement à nos relations avec les États-Unis. »

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Plafonnement des émissions dans le secteur pétrolier et gazier : Le milieu des affaires canadien craint que cette mesure ne limite effectivement la production d’énergie, ce qui pourrait coûter à l’économie nationale des centaines de milliards de dollars en pertes de revenus d’exportation et d’investissement.

Nouveaux impôts sur les plus-values ​​et adoption anticipée de l’impôt minimum mondial : L’impôt sur les gains en capital est rétroactif, ce qui donne aux investisseurs le sentiment que le gouvernement ne fait que tenter de leur faire gagner de l’argent au détriment de la certitude des investissements. L’impôt minimum mondial, qui vient également d’être adopté, est imposé à nos entreprises plus tôt que dans de nombreux autres pays, ce qui signifie que les multinationales dont le siège social est au Canada devront faire face à un fardeau fiscal plus lourd que leurs concurrents mondiaux.

Loi anti-briseurs de grève : Appuyée par les conservateurs, cette loi, entrée en vigueur plus tôt cette année, devrait, selon les groupes d’entreprises, entraîner des grèves plus longues et plus fréquentes. De manière plus générale, on craint de plus en plus que le gouvernement fédéral soit devenu excessivement déférent à l’égard des syndicats.

Nouvelle législation sur le greenwashing : La Chambre de commerce du Canada soutient que cette mesure restreindra la capacité des entreprises à « contribuer ouvertement aux objectifs climatiques du Canada ».

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Deuxième vague d’amendements : les mesures d’écoblanchiment représentent le troisième changement apporté à la législation canadienne sur la concurrence depuis 2022, ce qui soulève des inquiétudes quant à la cohérence. Les changements controversés comprennent une mesure simplifiant la capacité du commissaire à la concurrence à contester les fusions, une mesure à laquelle s’opposent certains groupes d’entreprises.

Certes, les entreprises canadiennes soutiennent de nombreuses politiques gouvernementales, comme l’initiative de tarification du carbone, largement soutenue, et les dizaines de milliards de subventions que le gouvernement Trudeau offre pour encourager les investissements dans les énergies propres.

Malgré les nombreux défis, il existe également des raisons importantes d’être optimiste quant à l’avenir économique du Canada. Une population croissante, un secteur des ressources robuste et des perspectives budgétaires relativement favorables par rapport à de nombreuses autres économies avancées contribuent tous à un paysage prometteur. Si on les presse, les dirigeants reconnaissent ces avantages.

Recommandé par la rédaction

Cependant, le réservoir de bonne volonté entre le gouvernement et les entreprises canadiennes s’est épuisé. Les groupes d’affaires sont passés en mode résistance et, pour de nombreux acteurs du monde des affaires, une élection n’aura jamais lieu assez tôt.

Theo Argitis est directeur général du Compass Rose Group et publie la newsletter Means & Ways, dans laquelle ce commentaire est apparu pour la première fois.

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