Le choc idéologique au sein du conservatisme canadien
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Les éloges et les distinctions qui ont suivi à juste titre le décès de Brian Mulroney la semaine dernière devraient inciter les Canadiens à réfléchir aux politiques dont leur pays a besoin aujourd’hui pour être à la hauteur des réalisations majeures et transformatrices du 18e premier ministre du Canada. Mais quels sont les principes qui ont dominé pendant les années Mulroney et comment se comparent-ils aux idées qui circulent actuellement dans les cercles du Parti conservateur ?
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Les luttes internes contemporaines au sein du conservatisme canadien, depuis l’ère Mulroney jusqu’à Stephen Harper et maintenant Pierre Poilievre, recouvrent des conflits complexes et parfois subtils. La nature de ces conflits se reflétait dans la gamme de commentaires – de gauche, de droite et du centre – rédigés pour faire l’éloge ou la critique de Brian Mulroney en tant que chef de ce qui était encore connu à l’époque sous le nom de Parti progressiste-conservateur.
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Il existe cependant une cohérence sous-jacente dans les perspectives critiques qui se répartissent en deux courants de pensée conservatrice. L’un d’entre eux se dirige vers ce que l’on appelle aujourd’hui le néolibéralisme, fondé sur les principes de l’individualisme, du libre marché et du commerce, et d’une dépendance réduite à l’égard du contrôle et des dépenses du gouvernement. L’autre courant, peut-être mieux connu sous le nom de conservatisme traditionnel, partage des vues générales similaires, mais avec une volonté de s’éloigner quelque peu des absolus de la liberté individuelle et du marché.
Mulroney et Harper représentent ces deux courants différents du conservatisme canadien, différences qui ont été soulignées dans les commentaires des derniers jours qui ont suivi la mort de Mulroney. Comme de nombreux auteurs l’ont décrit, en matière de politique économique, Mulroney a suivi les orientations de marché de ce que l’on appelle aujourd’hui le néolibéralisme : accords de libre-échange, déréglementation, réforme fiscale, privatisations — ainsi que le démantèlement du Programme énergétique national de Pierre Trudeau.
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L’assassinat du NEP libéral par le gouvernement Mulroney semble particulièrement pertinent dans le contexte des approches interventionnistes et nationalistes actuelles de la grande transition énergétique. En 1980, dans un langage qui reflète le jargon soutenant les politiques actuelles de carboneutralité des véhicules électriques, le budget libéral a proclamé son objectif : « Sécurité de l’approvisionnement et indépendance ultime du marché pétrolier mondial ; la possibilité pour tous les Canadiens de participer à l’industrie énergétique, en particulier celle du pétrole et du gaz, et de partager les bénéfices de son expansion; et l’équité, avec un régime de tarification et de partage des revenus qui reconnaît les besoins et les droits de tous les Canadiens.
Le gouvernement Mulroney a négocié un remplacement du régime de la NEP qui déréglementait les prix du pétrole en faveur des prix du marché — une politique décrié par la gauche L’économiste Jim Stanford a également utilisé le terme de néolibéralisme pour désigner l’accord de libre-échange de Mulroney avec les États-Unis.
La décision politique clé à laquelle est confronté l’actuel chef conservateur Pierre Poilievre est de savoir s’il faut ramener le parti vers l’esprit néolibéral des années Mulroney ou s’orienter vers des formes de politique conservatrice plus conformes aux vues de l’ancien premier ministre Stephen Harper. Faute d’une meilleure description, appelons ce plan post-Harperisme.
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Tout au long de sa carrière politique, Harper – qui a été premier ministre conservateur entre 2006 et 2015 – a souvent délibérément ciblé les partisans du libre marché. Dans un célèbre discours de 2009, il a rejeté les libertariens et leur conviction selon laquelle « la solution à tous les problèmes réside dans moins de gouvernement ». Au lieu de cela, il a opté pour un terrain d’entente basé sur des « valeurs conservatrices » fondées sur « la liberté, la foi et la famille ».
Dans son livre de 2018, Ici, maintenant, Harper a défendu avec fougue une forme modérée de « populisme » non trumpien, au motif que le néolibéralisme de l’ère Mulroney/Thatcher/Reagan n’avait pas réussi. « Une simple reformulation des politiques des années 1980 ne suffira pas », a écrit Harper. « Le monde de la mondialisation ne fonctionne pas pour beaucoup de nos concitoyens », a-t-il déclaré, reflétant un thème adopté par des partisans actuels de la politique conservatrice comme Sean Speer.
Un commentaire de Speer en 2020 avec un autre joueur conservateur, Ken Boessenkool – intitulé Liberté ordonnée : les origines et l’évolution de la pensée politique du premier ministre Stephen Harpert — a documenté l’évolution du rejet par l’ancien Premier ministre du néolibéralisme, du libertarianisme et d’autres formes de pensée économique de libre marché. Après avoir analysé la pensée de l’économiste libertaire Friedrich Hayek, lauréat du prix Nobel, Harper a conclu que la voie à suivre impliquait de s’éloigner de la liberté libertaire et d’adopter une « liberté ordonnée » qui permettait une plus grande intervention de l’État dans l’économie, basée sur des politiques qui feraient appel à un plus large public. spectre d’électeurs, c’est-à-dire le populisme.
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Reflétant les principes de « liberté ordonnée », Speer a récemment écrit sur la nécessité de remplacer les aspects néolibéraux de l’ère Mulroney par ce qu’il appelle le « post-néolibéralisme » qui rejetterait la déréglementation, les réductions d’impôts et la mondialisation. En réfléchissant au thème de Harper sur la « liberté ordonnée », Speer a affirmé que le libre-échange néolibéral « a produit des résultats délétères ». Une meilleure alternative, a-t-il dit, « réside dans la diminution des marchés et dans un rôle accru de l’État dans l’économie et la société ».
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Les conservateurs sont donc confrontés à un choix mis en lumière par la mort de Brian Mulroney. Sous Pierre Poilievre, ils peuvent se tourner vers des idées néo-Mulroney fondées sur le libre marché et moins de gouvernement, ou vers des idées qui prennent forme dans le cadre d’une approche post-Harper qui accueillerait davantage d’intervention de l’État pour façonner la politique économique.
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