Les tensions en Géorgie s’exacerbent suite au report des négociations d’adhésion à l’UE, entraînant des manifestations violentes à Tbilissi. La police a utilisé des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser des milliers de manifestants. Les États-Unis ont suspendu leur partenariat stratégique avec le pays, critiquant l’usage excessif de la force. La présidente, Salome Zourabichvili, a exprimé son soutien au mouvement de résistance et conteste la légitimité du nouveau parlement élu.
Les tensions en Géorgie s’intensifient suite au report des négociations d’adhésion à l’UE, entraînant des manifestations violentes dans la capitale Tbilissi. Les États-Unis ont également suspendu leur partenariat stratégique avec le pays.
De nouvelles manifestations pro-européennes ont éclaté en Géorgie, causant des affrontements entre la police et les manifestants devant le parlement à Tbilissi. Des milliers de participants ont construit des barricades, brisé des vitres et allumé des feux d’artifice. Les forces de l’ordre, équipées de protections, ont réagi avec des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
Tamar Gelashvili, une manifestante de 39 ans, a exprimé ses craintes pour la sécurité des personnes présentes, mais a affirmé son engagement à continuer la lutte. Des flammes étaient visibles derrière une fenêtre du parlement, et des manifestations ont également eu lieu dans d’autres régions du pays.
Début des manifestations
Les grandes manifestations ont démarré jeudi soir, en réaction à l’annonce du Premier ministre Irakli Kobakhidze concernant le report des négociations d’adhésion à l’UE jusqu’en 2028. En réponse à cette décision, des milliers de personnes ont envahi les rues durant deux soirées consécutives. De plus, des centaines de fonctionnaires, y compris des diplomates et des juges, ont publié des déclarations de protestation. Plus d’une centaine d’écoles et d’universités ont également fermé leurs portes par solidarité. Plusieurs ambassadeurs géorgiens ont présenté leur démission.
Le ministère géorgien de l’Intérieur a rapporté que 107 personnes ont été arrêtées lors des manifestations de samedi soir pour désobéissance aux ordres de la police et troubles mineurs. Dix agents de police ont été blessés, et le ministère a promis de continuer à agir contre les manifestations violentes.
Enquête sur les abus de pouvoir
Les autorités géorgiennes ont ouvert une enquête sur les abus de pouvoir, notamment la violence à l’encontre des manifestants et des journalistes. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a dénoncé l’usage disproportionné de la force par la police, qualifiant cela de grave atteinte à la liberté de réunion. Des critiques émanant de la communauté internationale ont également visé les actions des autorités de sécurité.
Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a annoncé la suspension du partenariat stratégique avec la Géorgie, condamnant l’usage excessif de la force contre les citoyens exerçant leur droit de protester. Il a qualifié la décision du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, de suspendre le processus d’intégration à l’UE de trahison envers la constitution géorgienne, qui fait de l’adhésion à l’UE un objectif.
Appel à l’action
Des pays européens tels que la France, le Royaume-Uni et la Pologne ont exprimé leurs préoccupations concernant le comportement des autorités de sécurité en Géorgie. Annalena Baerbock, la ministre des Affaires étrangères allemande, a exhorté le gouvernement de Tbilissi à prêter attention aux voix de ses citoyens. Elle a déclaré sur le réseau social X que des milliers de Géorgiens portent le cœur de l’Europe dans les rues de Tbilissi, brandissant le drapeau de l’UE face à la répression policière.
Le Premier ministre Kobakhidze a confirmé que la Géorgie ne négocierait pas son adhésion à l’UE avant la fin de 2028.
La présidente refuse de quitter ses fonctions
Salome Zourabichvili, la présidente en exercice et critique du Premier ministre, a exprimé sa solidarité avec le mouvement de résistance lors d’une allocution télévisée. Elle a affirmé qu’elle resterait en poste jusqu’à ce que des élections parlementaires soient répétées. Dans une interview, elle a précisé que son mandat continuerait tant qu’il n’y aurait pas de nouvelles élections et de formation d’un nouveau parlement.
Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a prévu d’élire un nouveau président le 14 décembre, après une victoire controversée lors des élections parlementaires, entachée d’accusations de fraude. Zourabichvili a contesté la légitimité de ce nouveau parlement en raison des allégations de fraude électorale et a déposé une plainte auprès de la Cour constitutionnelle. Des experts juridiques estiment que les décisions prises par ce parlement sont invalides tant que la cour ne se prononce pas sur la requête de la présidente.
L’opposition envisage de nouvelles manifestations et espère obtenir le soutien de l’UE et des États-Unis.