Olaf Scholz insiste sur la nécessité de lever le frein à l’endettement pour financer trois milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine, suscitant des tensions politiques. La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, critique Scholz pour son approche jugée électoraliste, tandis que d’autres partis soutiennent l’aide mais divergent sur son financement. Un vote sur la question est attendu après les élections du 23 février, avec des appels à préserver la sécurité et la cohésion sociale face à un budget déficitaire.
Le chancelier Scholz maintient sa position : les aides à l’Ukraine devraient être financées par une suspension du frein à l’endettement. La ministre des Affaires étrangères, Baerbock, a également formulé des critiques acerbes à ce sujet, accusant Scholz de manipuler la question à des fins électorales.
Olaf Scholz a clairement indiqué qu’il ne donnerait son accord pour des livraisons d’armes supplémentaires à l’Ukraine, d’une valeur de trois milliards d’euros, que si le frein à l’endettement était levé.
‘La seule solution pour éviter de financer cela par des coupes budgétaires partout en Allemagne est de recourir à un emprunt supplémentaire’, a-t-il déclaré après une rencontre avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson à Berlin. ‘C’est d’ailleurs la tendance adoptée par presque tous les pays voisins.’
La question des trois milliards d’euros supplémentaires pour l’Ukraine provoque des tensions entre les partis politiques concernant la méthode de financement.
Les critiques de Baerbock envers Scholz
La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a indirectement accusé Scholz de détourner la question à des fins électorales, une affirmation qu’il a fermement rejetée. ‘Celui qui fait flotter son drapeau au gré du vent, je préfère ne pas en discuter’, a-t-il répondu.
Baerbock a exprimé sa frustration dans Politico, indiquant qu’il était douloureux de constater que, pendant la campagne électorale, certains privilégient les voix aux élections fédérales plutôt que la responsabilité d’assurer la paix en Europe. ‘Pour moi, faire de la politique responsable implique de ne pas jouer avec les enjeux et de ne pas changer de cap en période électorale’, a-t-elle souligné, sans mentionner Scholz.
Elle a également déploré le conflit persistant concernant les nouvelles aides de plusieurs milliards et a mis en garde contre les conséquences de cette situation. ‘La République fédérale n’est actuellement pas perçue comme un leader de la politique de paix en Europe’, a-t-elle ajouté.
Le ministre de la Défense, Pistorius, a également rejeté les accusations selon lesquelles Scholz bloquerait un nouveau paquet d’aide à l’Ukraine.
Un désaccord sur le financement
Au sein du Bundestag, une majorité soutient l’octroi de trois milliards d’euros supplémentaires à l’Ukraine pour l’aide militaire cette année. Cependant, des divergences persistent quant à la façon de financer ce montant.
Les Verts, en alliance avec le FDP et l’Union, estiment qu’un financement de l’aide à l’Ukraine par une ‘dépense exceptionnelle’ pourrait être envisageable. Toutefois, l’article 112 de la Loi fondamentale impose une condition : ‘Elle ne peut être accordée qu’en cas de besoin imprévu et impérieux.’ Un exemple en est les aides d’urgence de 2013 pour les victimes d’inondations en Allemagne.
Scholz avait déjà suggéré de suspendre le frein à l’endettement lors des négociations sur le budget 2025 entre le SPD, les Verts et le FDP, mais la coalition a finalement échoué.
Les Verts accusent Scholz d’entraver le processus, tandis que le FDP et l’Union exploitent cette situation dans leur campagne électorale.
Un vote attendu lors des élections
En raison des divergences de point de vue, Scholz anticipe que la décision concernant le financement ne sera prise qu’après les élections du 23 février. ‘Lors de l’élection fédérale, cette question sera soumise au vote : veut-on le faire au détriment du budget et de la cohésion sociale, ou non ?’
Saskia Esken, présidente du SPD, a apporté son soutien à Scholz. Si Baerbock refuse la suspension du frein à l’endettement, ‘elle devra expliquer où elle compte économiser les trois milliards d’euros dans un budget déjà déficitaire de 20 milliards’, a-t-elle déclaré. ‘Nous ne sommes pas disposés à compromettre la sécurité intérieure, extérieure ou sociale de notre pays, mettant ainsi en danger la cohésion.’
Ce sujet a été abordé lors des tagesthemen le 14 janvier 2025 à 22h15.