Le retrait indéfini des champions olympiques Fan Zhendong et Cheng Meng de la World Tour de tennis de table marque un tournant significatif, motivé par des critiques sur la gestion de la WTT. Les joueurs dénoncent un nouveau système de sanctions et des conditions de compétition inadaptées, entraînant frustration et tensions avec les clubs. Alors que d’autres talents émergent, la WTT fait face à des défis structurels, exacerbés par le départ de figures majeures qui affecte sa visibilité, notamment en Asie.
Le retrait des champions olympiques de la World Tour de tennis de table : un signal fort pour la WTT
Un événement majeur secoue le monde du tennis de table, avec l’annonce faite le vendredi 27 décembre 2024 : les champions olympiques de Paris, Fan Zhendong et Cheng Meng, se retirent indéfiniment de la World Tour internationale. Leur décision repose principalement sur des critiques concernant la gestion de l’organisateur, la WTT.
Fan : ‘Je n’ai d’autre choix que de quitter le classement mondial’
Les critiques formulées par ces deux icônes du sport chinois à l’encontre de la WTT sont claires et percutantes. Fan exprime son désaccord face au nouveau système de sanctions mis en place. Sur le réseau social chinois Weibo, il déclare : ‘Malheureusement, la WTT a introduit un nouveau système de sanctions. Je ne peux pas me le permettre, mais j’accepte la décision. La seule conséquence que je peux en tirer est le retrait du classement mondial.’
Les préoccupations des joueurs incluent des prix trop bas, un nombre insuffisant de tournois, et la crainte de sanctions. Cela engendre une frustration persistante sur le circuit professionnel, où la relance du sport semble ne bénéficier qu’à un petit nombre d’individus.
Fan fait référence à des directives organisationnelles pour l’année à venir. Dans celles-ci, il est stipulé que les joueurs ‘peuvent généralement manquer deux fois, même s’ils devraient jouer’. Les 32 meilleurs joueurs du monde sont tenus de participer à des tournois de haut niveau, sauf en cas de blessure. Une absence peut entraîner une amende dépassant les 5 000 euros, avec la possibilité de sanctions plus sévères en cas de récidive.
Des tensions entre clubs et WTT de plus en plus fréquentes
Ce n’est pas la première fois que des désaccords émergent. Récemment, le multiple champion d’Afrique Quadri Aruna a exprimé ses frustrations après avoir été sanctionné. Le Nigérian, contraint par des obligations envers son club, n’a pas pu participer à un tournoi déplacé par la WTT à la dernière minute, s’indignant : ‘Le club paie mon salaire, pas la WTT.’
Quadri Aruna en pleine action
Le défi auquel fait face la WTT réside dans le fait que vivre uniquement des prix internationaux est un objectif difficile à atteindre pour la plupart des joueurs. C’est pourquoi la majorité des professionnels sont employés par des clubs, comme l’était Aruna à Neu-Ulm. Ces clubs assurent un salaire régulier, mais attendent que les joueurs soient disponibles pour les compétitions.
Un système de tennis inadapté au tennis de table
La WTT tente d’adapter son modèle à celui du tennis, mais ce transfert n’est pas aussi simple. À titre de comparaison, un joueur atteint des gains d’environ 415 000 euros en atteignant les quarts de finale à Roland-Garros, alors qu’un quart de finale dans un Grand Smash de tennis de table ne rapporte que 17 260 euros. Contrairement au tennis, où des ligues comme la Bundesliga perdent en visibilité, les clubs et les ligues jouent un rôle crucial dans le soutien financier des professionnels.
Le logo de World Table Tennis lors de la World Tour
La numéro un allemande, Dang Qiu, a souligné la difficulté du calendrier : ‘Le calendrier est très chargé, avec beaucoup de voyages, souvent en Asie et avec le décalage horaire. Ensuite, je joue en Bundesliga, en coupe, en Ligue des champions et entre-temps, il faut aussi vivre et s’entraîner. Cela rend les choses exigeantes.’
Une dépendance mutuelle entre la WTT et les joueurs
La WTT est-elle confrontée à un problème structurel ? La réponse est nuancée. C’est un défi qui concerne l’ensemble du sport, dont la tournée ne représente qu’une partie. Il est évident que la WTT est dans une situation délicate, tout comme les athlètes. Sans la participation des joueurs, le système ne peut fonctionner. Les professionnels dépendent des prix et des points de classement, bien que beaucoup expriment leur mécontentement en privé face à la structure actuelle.
La WTT surveille attentivement les critiques, et sa position dominante lui confère une grande latitude. Le retrait temporaire de Fan et Cheng, qui cumulent cinq médailles d’or olympiques, pose un véritable défi pour l’organisation, en particulier sur le marché asiatique, où leur absence pourrait nuire à la commercialisation.
Dans une finale captivante, un athlète chinois a remporté l’or olympique en battant le talentueux Truls Moregardh 4-1, tandis que le Français Félix Lebrun a décroché le bronze.
Une forte concurrence interne pour les champions olympiques
Il est important de noter que Cheng, à 30 ans, et Fan, à 27 ans, ne sont plus à leurs débuts. D’autres talents chinois se sont distingués récemment, et en dehors des Jeux Olympiques, Fan et Cheng n’ont pas participé à d’autres tournois. Actuellement, quatre joueuses chinoises occupent les premières places du classement mondial, tandis que Cheng est seulement quatrième.
Son compatriote masculin se positionne en sixième place, et les récents succès chinois sont largement attribués à Wang Chuqin et au champion du monde junior Lin Shidong. Malgré cela, les fans souhaitent ardemment voir les champions olympiques de Paris en action. En outre, la numéro deux sud-coréenne, Jeon Jihee, a également annoncé son retrait, ce qui pèse sur la pression pour des changements au sein de la WTT.
Le DTTB évaluera la situation l’année prochaine
Les retraits des joueurs soulèvent inévitablement la question de savoir si d’autres athlètes allemands suivront cette tendance. Pour l’instant, cela ne semble pas probable. Le directeur sportif de la DTTB, Richard Prause, a déclaré à propos de ces retraits : ‘Nous nous pencherons là-dessus l’année prochaine.’